La Sucrière de Kwilu-Ngongo en danger

L’entrée massive de sucre au poste frontalier de Lufu, dans le Bas-Congo, inquiète les salariés de cette société. Ils crient à une concurrence déloyale qui met leur entreprise en difficulté. C’est auprès du vice-Premier ministre chargé du Budget, Daniel Mukoko Samba, qu’une délégation syndicale de la Compagnie sucrière de Kwilu-Ngongo est allée soumettre des doléances à propos de cette situation qui menace sensiblement la production de l’entreprise. Ce qui aurait des conséquences directes sur les employés. Au poste frontalier de Lufu, on constate une entrée frauduleuse de stocks importants de sucre en provenance d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine, via l’Angola. Ce sucre est vendu sur le marché congolais à des prix défiant toute concurrence. Résultat : la Sucrière de Kwilu-Ngongo crie à la concurrence déloyale. « L’employeur pourrait avoir des problèmes pour payer et garder l’effectif actuel des travailleurs », s’inquiète Kukaw Fielo, président de la délégation syndicale qui signale par ailleurs que d’importantes quantités de sucre moisissent déjà dans les entrepôts suite à la mévente. Mukoko Samba a rassuré les syndicalistes en soulignant que priorité sera accordée à l’industrie sucrière locale et que le dossier sera transmis au président de la République pour « une solution efficace et urgente ». « La Sucrière de Kwilu-Ngongo participe activement au développement de la cité. Elle a des centres de santé et entretient les infrastructures routières, les écoles et assure la fourniture en eau », affirme un cadre de la société. Les syndicalistes ont également rencontré le ministre de l’Industrie, Rémy Musungayi, qui leur a dit qu’une commission gouvernementale chargée du secteur productif est déjà à pied d’œuvre.  La Sucrière de Kwilu-Ngongo produit annuellement 70 000 tonnes de sucre, soit près du tiers des besoins du pays. Créée en 1925, elle emploie plus de 2 000 agents à plein temps et plus de 1 500 saisonniers. Quarante pour cent du capital de cette société mixte sont détenus par l’état et les soixante restants appartiennent à des actionnaires privés, dont le groupe Fina Sucre. L’État y est représenté par quatre administrateurs. Depuis quelques années, avec la présence d’unités de production spécialisées dans la fabrication de parfums et de boissons alcoolisées à Kinshasa, tout s’écoule désormais localement.