La Tanzanie rompt l’accord conclu avec la RDC

La Tanzania Revenue Authority a annoncé fin février  que le Single Customs Territory, l’accord relatif à un territoire douanier unique entre les deux pays a été unilatéralement rompu par Dar-es-Salaam.

 

Cette décision, selon le gouvernement tanzanien, a été prise dans le but d’attirer davantage de marchandises vers le port de Dar es-Salaam, selon le journal tanzanien The Citizen. L’accord spécial entre la Tanzanie et la Répûblique démocratique du Congo, signé le 9 juin 2014, stipulait que des produits comme le carburant, l’huile de cuisson, la farine de blé et de maïs et les véhicules automobiles étaient acheminés vers la RDC via la frontière de Tunduma. Le territoire douanier unique (SCT) visait à faciliter l’accroissement du commerce dans la région, à réduire le coût des activités commerciales et à éliminer le dumping des marchandises dans les pays de transit pour protéger les industries et les emplois. Désormais, selon la TRA, tous les envois vers la RDC transitant par le port de Dar es-Salaam seront dédouanés dans le cadre du régime de transit normal. La décision a été prise près de huit mois après que le gouvernement tanzanien a laissé entendre qu’il sollicitait la RDC en vue d’aplanir les défis liés à l’accord SCT. Selon The Citizen, le ministre tanzanien des Finances et du Plan, Philip Mpango, a déclaré en juin dernier qu’il avait chargé la TRA d’engager des négociations avec la RDC en vue de parvenir à une solution à l’amiable.

La Tanzanie s’est jointe au Kenya, à l’Ouganda et au Rwanda pour le dédouanement des marchandises dans le cadre du SCT de la Communauté d’Afrique de l’Est en septembre 2014. Le SCT simplifie et facilite le flux d’informations entre les stations douanières des États partenaires. Les liens commerciaux existants entre la Tanzanie et la RDC ont permis à cette dernière d’adhérer à l’accord dans l’espoir que ce transfert augmenterait l’efficacité du port de Dar es Salam pour le dédouanement des marchandises destinées à la RDC et limiterait l’évasion fiscale.

Cependant, explique-t-on, la mise en œuvre de l’accord SCT présentait de nombreux défis, car les hommes d’affaires congolais préféraient de plus en plus les autres ports d’Afrique orientale et australe, à savoir Mombasa au Kenya, Beira au Mozambique et Durban en Afrique du Sud. Cela a entraîné une baisse de la cargaison passant par le port de Dar es-Salaam, indique The Citizen. Bien plus, indique le site d’infos tanzanien, M. Emmanuel Kondi, directeur des affaires corporatives de la Tanzania International Petroleum Reserves Limited (TIPER), a déclaré que l’entreprise devait faire face à de nombreux défis suite à l’accord SCT, qui avait entraîné une baisse des marchandises, y compris des produits pétroliers, passant par le port de Dar es-Salaam. Il a indiqué que 53% des produits pétroliers transitant par le port étaient destinés aux pays enclavés voisins, et que TIPER, qui exploite le plus grand terminal de stockage de pétrole de Tanzanie, serait bénéficiaire lorsque les pays voisins utiliseraient le port de Dar-es-Salaam. Par ailleurs, le secrétaire permanent de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement de Tanzanie, le professeur Adolf Mkenda, a déclaré lors d’un forum public-privé de haut niveau en octobre dernier que le gouvernement avait donné à la RDC un préavis de six mois. Les participants ont noté avec préoccupation au cours du forum que le dédouanement des marchandises au port vers la RDC dans le cadre de l’accord SCT prenait entre deux et trois mois. Cela, ont-ils dit, ont augmenté les coûts à cause des frais de stockage et à la perte de revenus. Enfin, explique-t-on, un rapport publié en 2016 par la banque de Tanzanie notait que les marchandises destinées à la RDC transitant par le port de Dar es-Salaam avaient chuté de 12,7% sur une période de six mois suite notamment aux plaintes concernant le système SCT.