La vente de Yahoo ! à Verizon renvoyée à plus tard

Dans un communiqué publié à l’occasion de ses résultats annuels, le groupe internet Yahoo ! assure qu’il « travaille diligemment pour boucler la transaction le plus tôt possible au deuxième trimestre », justifiant le délai par « le travail requis » pour finaliser l’opération. Il ne détaille pas davantage. C’est le lundi 23 janvier que Yahoo ! a annoncé un report de la vente de son coeur de métier au géant des télécoms Verizon. Des doutes se sont accumulés sur cette opération après la révélation des cyberattaques massives contre Yahoo ! C’est au premier trimestre que Verizon comptait initialement avaler ses activités de publicité en ligne et ses sites internet comme Yahoo Mail ou Yahoo News, pour lesquelles il avait accepté en juin 2016 de payer 4,8 milliards de dollars.

Sauf qu’entretemps, Yahoo! a annoncé en septembre dernier que 500 millions de ses comptes d’utilisateurs avaient été compromis lors d’une cyberattaque remontant à 2014.

Et en décembre, il a admis qu’une autre cyberattaque, en 2013 cette fois, avait frappé plus d’un milliard de personnes, soit la quasi-totalité de ses utilisateurs.

D’après le « Wall Street Journal », le gendarme boursier américain aurait ouvert une enquête pour déterminer si Yahoo! a trop tardé à informer les investisseurs.

Et pour beaucoup d’observateurs, cela donne des arguments à Verizon pour revenir sur l’accord de vente et au moins obtenir une baisse de prix.

Dans une note publiée vendredi 20 janvier, Colin Gillis, analyste chez BGC Partners, estimait ainsi que la vente aurait « probablement » lieu vu la complémentarité des activités en ligne de Yahoo! et celles d’AOL, un autre ex-fleuron américain d’internet déjà racheté par Verizon, mais évoquait la possibilité d’un rabais d’un milliard de dollars. Verizon avait lui-même prévenu fin octobre 2016, après la première révélation de piratage, qu’il ne s’engagerait pas « aveuglément ». Après la seconde en décembre, il avait indiqué qu’il attendrait « d’évaluer l’impact de ce nouvel épisode avant de parvenir à des conclusions finales ». Il pourrait en dire davantage lors de la présentation de ses propres résultats.

Opportunités brillantes

En attendant, la patronne de Yahoo!, Marissa Mayer, a mis en avant des résultats financiers meilleurs que prévu pour s’efforcer une nouvelle fois de convaincre Verizon du bien-fondé de son acquisition. Elle a notamment insisté, pour le deuxième trimestre consécutif, sur la « fidélité » des utilisateurs des services de Yahoo! en dépit des cyberattaques, et la stabilité d’indicateurs clés comme le nombre de courriels envoyés ou reçus, de pages vues ou de recherches sur les sites du groupe. Elle a aussi souligné les efforts faits par le groupe pour améliorer sa sécurité, affirmant que désormais « 90 % environ de nos utilisateurs actifs quotidiennement ont pris ou n’ont pas besoin de prendre des mesures pour protéger leur compte ». Mme Mayer, qui avait dû se résoudre à démanteler Yahoo! faute d’avoir réussi à en relancer la croissance après quatre ans aux commandes, a parallèlement assuré voir dans les résultats publiés la preuve que « les opportunités devant nous avec Verizon ont l’air brillantes ».

Sur l’ensemble de 2016, Yahoo! a certes accusé une nouvelle perte nette (-214 millions de dollars) mais en net retrait par rapport à celle de 4,4 milliards enregistrée en 2015, et Mme Mayer assure que le groupe fonctionne avec ses coûts « les plus bas depuis une décennie ». Au quatrième trimestre 2016, Yahoo! a même réussi à revenir dans le vert avec un bénéfice net de 162 millions, et son bénéfice par action hors éléments exceptionnels, la référence pour Wall Street, a atteint 25 cents, soit 4 cents de mieux que la prévision moyenne des analystes.

Le chiffre d’affaires affiche pour sa part une progression de 4 % à 5,2 milliards de dollars sur un an, et de 15 % à 1,5 milliard au dernier trimestre, avec notamment une augmentation des revenus sur les activités jugées prioritaires comme le mobile ou la vidéo. Le montant généralement utilisé pour évaluer la croissance de Yahoo! est toutefois celui des revenus, qui restent, une fois déduits les montants reversés à des partenaires (« ex-TAC »), en recul de 4 % au quatrième trimestre, et de 14 % sur l’ensemble de l’année.