L’Afrique centrale célèbre le film documentaire

La capitale de la République démocratique du Congo a accueilli la deuxième édition du festival Vision documentaire, un rendez-vous réunissant les professionnels du centre du continent. 

 

Après Ndjamena, la capitale du Tchad en 2014, Kinshasa à accueillir, du 10 au 14 novembre, la deuxième édition du festival du film documentaire baptisé, Vision documentaire. La manifestation était organisée par l’ambassade de France en République démocratique du Congo, l’institut français de Kinshasa et Bimpa Production, une structure congolaise de production cinématographique. Tshoper Kabambi, initiateur et directeur du festival explique ses objectifs : « Promouvoir les films documentaires africains, spécifiquement ceux provenant des pays d’Afrique centrale et faciliter les échanges d’expériences entre cinéastes ». Selon lui, il est temps que les professionnels du 7e art de cette région du continent se réunissent et travaillent ensemble en vue d’aller loin comme c’est déjà le cas en pays d’Afrique de l’Ouest. Pour l’heure, Tshoper Kabambi se dit satisfait : « La création l’an passé du Réseau des documentaristes d’Afrique centrale (REDOAC) est un pas de plus. C’est une structure dont l’objectif est d’encourager les productions audiovisuelles de cette région.

Une rencontre au-delà des projections 

Avec une programmation riche en activités étalées sur cinq jours, cette édition a réuni des documentaristes de cinq pays : Tchad, Congo, Gabon, la République centrafricaine, République démocratique du Congo. Six films figurent au programme. La voix des statuettes de la Brazzavilloise Pascale Touloulou a ouvert le festival. La réalisatrice entraîne son public dans une quête de vérité sur trois statuettes prises dans un musée de son pays qui symbolisent des cultes et des rituels pratiqués dans trois régions différentes. La cinéaste tente de résoudre l’intrigue de leur expressivité. Au bout du compte, elle en sort sans aucune réponse.

Avec Faire le deuil, le Tchadien Kader Allamine, le réalisateur nous emmène à Dakar où vit en exil, l’ancien président Hissène Habré, tombé en 1990. Son règne avait fait plus de 40 000 morts, dont le père de Kader Allamine. Le réalisateur n’a jamais vu le corps de son père ni sa tombe. Il n’arrive pas à faire son deuil… Le documentaire Bêafrîka de la cinéaste centrafricaine Pascale Gabrielle Serra est un hommage à la République centrafricaine, un pays meurtri depuis de nombreuses années et qui semble n’avoir pas encore trouvé sa voie. La réalisatrice accorde la parole à ses compatriotes vivant au pays ou expatriés pour tenter de comprendre. Avec Le club des silencieux, Nathalie Yacline Pontalier fait découvrir au public un monde inattendu : celui des sourds muets du Gabon. Qu’ont-ils de particulier, à part le langage des signes ? L’Association des sourds muets gabonais (ASMG). Créée il y a vingt-sept ans. Plus intéressant, les sourds muets du Gabon ont une équipe de football au nom prédestiné : Le club silencieux de Libreville ! Son ambition ? Participer, un jour, à la Coupe du monde des sourds. Pour la clôture, les organisateurs ont projeté le film Maman Colonelle du réalisateur Dieudo Hamadi de la République démocratique du Congo. C’est le portrait de la colonelle Honorine, chargée, dans la police congolaise, de la protection des enfants et de la lutte contre les violences sexuelles. Le film aborde par ailleurs la question des violences faites aux femmes, véritable fléau en République démocratique du Congo. Il y a également une projection grand public de Kin Réalités, un documentaire réalisé par trois cinéastes kinois, Tshoper Kabambi, Clarisse Muvuba et Didas. Un travail d’équipe pour décrire les réalités de leur ville.

Au-delà des projections cinématographiques, le festival a eu un côté didactique à travers les rencontres et les échanges expériences entre cinéastes. Les réalisateurs ont parlé des problématiques spécifiques du cinéma documentaire en Afrique centrale. Selon les organisateurs, Bangui, la capitale de la République centrafricaine pourrait accueillir la prochaine édition du festival Vision documentaire.