L’Afrique du Sud voit grand avec le port de Durban

Le port de Durban est le plus actif d’Afrique. La saturation qui risque de compromettre le commerce extérieur, inquiète le gouvernement sud-africain. D’où leur décision d’augmenter sa capacité ou son potentiel, surtout du côté du terminal conteneurs, en creusant sur le site de l’ancien aéroport. En effet, le trafic de l’ordre de 2,7 millions d’équivalents vingt pieds (EVP) croît de 8 % par an, et la limite de sa capacité d’absorption de 3 millions d’EPV devrait être atteinte vers 2019. Durban est le débouché naturel de la région de Johannesburg, cœur économique de l’Afrique du Sud, située à 600 km. Quantité de produits manufacturés y descendent et montent.

Selon les responsables de Transnet National Port Authority, la société publique qui gère les ports sud-africains, un plan d’action a été mis en exécution pour le réaménagement des terminaux, l’installation de nouvelles grues et l’approfondissement des bassins afin d’accueillir de plus grands navires. En matière de technologies nouvelles, le port de Durban avait pris du retard. D’où, l’importation d’imposantes grues de Chine. Les premiers travaux sont financés par Transnet pour 21 milliards de rands (environ 2 milliards de dollars). Ils doivent notamment permettre d’augmenter la capacité d’accueil des conteneurs de 50 % d’ici 2019. Mais les possibilités d’extension des installations actuelles, logées dans un port naturel coincé en pleine ville, sont limitées.

C’est pourquoi, le gouvernement sud-africain a envisagé de construire un nouveau port, vers l’ancien aéroport de Durban, à environ 20 km. Le site (437 ha entre l’Océan Indien et l’autoroute) à proximité d’une usine de Toyota est vide depuis l’ouverture d’un nouvel aéroport en 2010, dans le cadre de la Coupe du monde de football qu’accueillait l’Afrique du Sud. Le projet est d’y creuser pour créer un port tout neuf destiné essentiellement aux conteneurs avec une capacité d’environ 10 millions d’EVP. Le projet est estimé à environ 75 milliards de rands (près de 7 milliards de dollars), mais la question du financement n’était pas encore réglée. Le nouveau port ne devrait être achevé que dans une vingtaine d’années. Mais Transnet prévoit d’ouvrir les quatre premiers postes d’amarrage en 2019.

Le projet est conçu comme un BOT (Build, Operate, Transfer: construire, exploiter, transférer) pour que le secteur privé puisse le financer. Un BOT est une forme de concession qui voit un opérateur privé faire les travaux puis exploiter le nouvel équipement pendant un certain temps avant de le rétrocéder à la puissance publique. Il s’agirait d’une petite révolution en Afrique du Sud où Transnet veille jalousement sur ses voies ferrées et ses ports.

L’Afrique du Sud va devoir trouver beaucoup d’argent. Car il va falloir aussi connecter ce nouveau port à son hinterland (arrière-pays), et moderniser les voies d’accès, notamment ferroviaires, à Johannesburg (500 milliards de rands, soit près de 50 milliards de dollars pour ce corridor). On pense surtout à la Chine, très présente dans la construction d’infrastructures en Afrique, et dont la Banque de développement explore des moyens de financement innovants.