L’agriculture pour développer l’Afrique

Le dernier sommet de l’organisation panafricaine qui s’est tenu à Malabo, en Guinée équatoriale, a mis un accent particulier sur la protection agricole. Pour les dirigeants du continent, c’est une voie incontournable pour lui assurer une indépendance alimentaire et accélérer sa croissance.

 

A Malabo, les chefs d’Etat et de gouvernement des 54 pays africains ont fait le bilan de leur politique agricole, élaborée il y a dix ans. Leur but est de donner une nouvelle impulsion à ce secteur essentiel pour l’économie africaine et qui emploie deux tiers de la population du continent. Le constat est amer : plus de dix ans après l’engagement de Maputo, au Mozambique, les Etats africains se retrouvent à la case départ. Si, en 2003, ils s’étaient engagés à consacrer 10 % de leur produit intérieur brut (PIB) au secteur agricole, Malabo a révélé que seulement quelques-uns sont parvenus à respecter cet engagement.

Seulement 10 % des 53 pays signataires du protocole peuvent se targuer d’avoir honoré leur contrat. Parmi les bons élèves se trouvent le Burkina, le Niger, la Guinée, le Sénégal, le Mali, le Ghana (Sahel et Afrique de l’Ouest), l’Ethiopie (Afrique orientale) et le Malawi (Afrique orientale). Les pays côtiers, par contre, figurent parmi les mauvais élèves, avec en tête le Nigeria, qui consacre moins de 2 % de son budget au secteur agricole. Le Plan détaillé du développement de l’agriculture africaine (PDDAA/Nepad) qui avait pour objectif d’aider les pays à atteindre un taux de croissance agricole de 6 % par an, est tombé dans les oubliettes. Consacrer au secteur agricole  moins de 10 % du budget national se veut une réponse pour stopper l’hémorragie d’investissements dans ce secteur, encore sous les effets pervers du Plan d’ajustement structurel des années 1980. L’agriculture étant le premier moyen de subsistance en Afrique (17 % du PIB), investir dans ce domaine permet à la fois de pérenniser les emplois et de réduire la faim et la pauvreté, premier Objectif du millénaire pour le développement (OMD). Selon la Banque mondiale, la croissance du secteur agricole est environ deux fois et demie plus efficace pour faire reculer la pauvreté que la croissance dans les autres secteurs. Le continent débourse, chaque année, 33 milliards de dollars dans l’importation des denrées de base dans un contexte de hausse des prix.

Quid de la RDC ?

Depuis mars 2013, la RDC dispose d’un Plan national d’investissement agricole (PNIA). Son coût global, sur une période allant de 2013 à 2020, est estimé à 5,5 milliards de dollars, dont 1,5 milliards entre 2013 et 2015, soit 28 % du budget. La ventilation du coût total par sous-programme du PNIA se chiffre à 38,9 % pour la promotion des filières végétales, 16,5 % pour la promotion de l’agrobusiness, 11,9 %  pour le développement de la production animale, 9,8 % pour la gestion de la sécurité alimentaire et des réserves stratégiques, 9,9 % pour la recherche et la vulgarisation agricoles, 9,9 % pour la gouvernance agricole et le renforcement des capacités humaines et institutionnelles, 3,1% pour le développement de la production halieutique.

Le besoin global de financement additionnel du PNIA sur la période  2013-2020 est estimé à 4,8 milliards de dollars, soit 88,5 % du budget total. A cette date, seuls 11,5 % des coûts estimatifs du PNIA étaient disponibles. La contribution du gouvernement congolais à cet effort était de 8,7 millions de dollars, soit  1,4 % du montant, loin des engagements signés en 2011. Celle des partenaires techniques et financiers est de 623,1 millions de dollars (98,6 % du montant). Le gap de financement par rapport à l’estimation du besoin en financement de chaque sous-programme varie entre 73,3 % et 100 %.

Avec 80 millions d’hectares d’étendues des terres arables, 4 millions d’hectares de terres irriguées, de nombreux cours d’eau comptant d’importantes ressources halieutiques, la RDC dispose d’atouts majeurs pour devenir une puissance agricole mondiale. Le secteur agricole contribue pour 36 % dans la formation du PIB et participe pour plus de 60 % à la création des emplois, sans toutefois assurer l’indépendance alimentaire et générer suffisamment de revenus et d’emplois durables. Le pays a consacré 1,75 % de son budget 2013 contre 3 % en 2012 à l’agriculture.