L’agrobusiness pèserait mille milliards de dollars en Afrique d’ici à 2030

Le développement marchand de l’agriculture dans le continent pourrait représenter un investissement très important, à condition que les acteurs africains accèdent à des fonds supplémentaires, à l’électricité, à une meilleure technologie et avec le soutien des gouvernements.

Un jeune agriculteur dans une plantation en Côte d’Ivoire.

Sur le continent, la Conférence économique africaine 2016 qui vient de se tenir à Abuja au Nigeria (6-7 décembre), est encore sujet d’actualité. Le thème de cette année, « Nourrir l’Afrique : vers une agro-industrialisation pour une croissance inclusive », fait pleinement écho au programme de développement international africain. À Abuja, on a parlé de l’élimination de la pauvreté, ainsi que de la lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire, qui correspondent respectivement aux deux premiers Objectifs de développement durable (ODD) que les États membres des Nations Unies ont adoptés en septembre 2015. La Commission économique pour l’Afrique (CEA) lance un appel à une nouvelle politique pour soutenir l’agro-industrialisation de l’Afrique. Les experts de cette institution sont d’avis que l’Afrique peut apporter beaucoup à l’industrialisation des produits de base et à l’agro-alliance avec de nouvelles approches politiques.

Depuis un certain temps, la CEA milite pour la planification, en faisant valoir que le rôle essentiel de l’État dans la transformation structurelle de l’Afrique. Le secrétaire exécutif par intérim de la CEA, Abdallah Hamdok, parle de la nécessité d’une nouvelle politique des approches pour booster la production agricole.

Conditions de réussite

Dans son message à l’ouverture de la conférence économique africaine, Hamdok a fait part de la préoccupation de la CEA de transformation structurelle. Elle ne pourra pas être réalisée sans des institutions fortes et inclusives qui soient soutenues par des plans de développement et par des mécanismes de politique industrielle novateurs et souples. Pour cela, il faudrait prendre les mesures appropriées en mettant l’accent sur le développement des compétences, les capacités technologiques et l’accès aux capitaux et aux marchés, ainsi que sur  la coopération entre les acheteurs et les fournisseurs à chaque étape de la chaîne de valeur. Pour sa part, le vice-président du Nigeria, Yemi Osinbajo, a rappelé les efforts de son gouvernement pour soutenir l’agriculture afin de diversifier et transformer l’économie dans un contexte marqué par la crise du pétrole, moteur de l’économie nationale. Il a exprimé l’espoir de voir la conférence suggérer de bonnes pratiques à même d’aider les pays africains à transformer leur production agricole pour une croissance plus durable.

Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a rappelé aux participants que le Nigeria a été choisi pour accueillir la conférence en raison de son énorme potentiel agricole. S’il est bien exploité, le Nigeria pourra devenir une puissance mondiale à travers l’agro-industrialisation. L’agriculture contribue à plus de 28 % du PIB de l’Afrique et détient la clé pour une croissance accélérée, la diversification et la création d’emplois pour les économies africaines, a fait remarqué le président de la BAD. Plus de 300 chercheurs et représentants d’institutions internationales ont pris part à cette conférence. Accroître la production agricole par la mécanisation, la transformation, la commercialisation et la réhabilitation des pistes rurales d’intérêt économique. Tel est le défi que la principale institution financière africaine tient à relever.

La BAD a fait le pari de sortir l’agriculture du continent des sentiers battus. Celle-ci se caractérise par des petites exploitations familiales, dont l’équipement et, par conséquent, la productivité, sont limités. Dans le secteur laitier, l’Afrique compte un tiers des vaches laitières du monde, mais elle ne contribue  qu’à hauteur de moins de 5 % à la production mondiale. Les investissements dans le secteur agricole s’orientent prioritairement vers les cultures d’exportation et les produits dits non traditionnels, tels que les fleurs, les fruits et les légumes, destinés aux marchés européens. Dans son programme pour la promotion de l’agro-industrie, la BAD va mettre à la disposition des États des moyens suffisants et favorisera l’intervention d’autres investisseurs. Elle assure ne vouloir imposer aucun modèle agricole. La modernisation doit venir des projets conçus par chacun des pays au regard des besoins des milieux paysans appelés à se constituer en associations.