L’Amérique s’offre à nous !

On dit en politique qu’il n’y a de certain que le passé, mais on travaille bien qu’avec l’avenir, et que seuls les faits et gestes comptent. Cela semble aussi s’appliquer à la (nouvelle ?) diplomatie économique que Washington veut imprimer en RDC.

C’EST DU CONCRET. Pour marquer leur grand retour à la Zorro en République démocratique du Congo, les États-Unis ont décidé de transformer notre pays en une « forteresse imprenable » pour booster les investissements américains dans la région des Grands lacs. Et de durcir le ton : le nouveau leadership en RDC doit mettre en place les conditions d’un État de droit, une véritable pratique démocratique, lutter contre la corruption et favoriser un environnement propice aux investissements directs des nationaux et des étrangers, notamment américains. 

Des observateurs avisés sont à peu près d’accord que la tournée de Tibor Naguy, le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines en RDC, Ouganda et au Rwanda, avait pour but de mettre les points sur les i. 

« Partenariat stratégique »

Désormais, il n’est plus question de s’immiscer dans les affaires intérieures de la RDC, mais bien de sécuriser ses frontières du Nord-Est.

Dans des salons politiques à Kinshasa, on décrypte cette tournée comme un gage de l’engagement de l’administration Trump de « construire un partenariat stratégique » avec Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo (Fatshi), le président de la République. Ce partenariat stratégique nouveau est fondé sur le principe gagnant-gagnant. Il se décline en 10 points essentiels, à savoir: la construction de l’État de droit, la consolidation de la démocratie comme mode de gouvernance, la lutte contre la corruption, les crimes économiques, les évasions fiscales et le détournement de fonds publics, le renforcement des capacités des administrations publiques régaliennes de l’État de droit (armée, police et justice), la construction d’un climat des affaires propice aux investisseurs et aux investissements directs américains, la sécurité juridique et judiciaire des investisseurs et des investissements directs américains, la modernisation du pays à travers des programmes de construction des infrastructures d’utilité publique (routes, écoles, hôpitaux, ports et aéroports), et d’utilité privée dans les secteurs de tourisme, commerce, industrie, services divers et artisanat à très haute valeur ajoutée, la sécurisation des frontières extérieures, et le raccordement de la RDC aux réseaux NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) à très haut débit.

D’aucuns affirment qu’il n’est pas exclu la possibilité que Washington applique dans le cas de la RDC la clause  de « la nation favorisée » dans le cadre justement de ce partenariat stratégique. D’autres avancent que les États-Unis vont créer les conditions de sécurité et de stabilité politique pour favoriser et sécuriser les investisseurs et les investissements directs américains dans les différents secteurs. Pour eux, les visites à Kampala et Kigali de Fatshi et Tibor Naguy étaient pour dire à Yoweri Kaguta Museveni, le président ougandais, et à Paul Kagame, le président rwandais, que plus rien ne sera désormais comme avant. En tout cas, selon ces observateurs, Washington n’acceptera plus jamais que les voisins de la RDC, notamment l’Ouganda et le Rwanda, servent de base-arrière pour la déstabilisation de l’Est de la RDC où sont géolocalisés avec précision les gisements de matières premières stratégiques.

Un analyste politique belge a confié que des lobbies américains et juifs sont très attentifs à la RDC depuis que le pouvoir a changé de main. Il dépendra donc du nouveau leadership au pays de les convaincre lors de son voyage pour que des accords soient signés. Ce dernier voit l’ombre d’Herman Cohen, ce personnage incontournable, à la manœuvre derrière ce regain d’intérêt.