Le calvaire des abonnés

Appeler un numéro qui ne sonne pas alors qu’il est ouvert, avoir un correspondant qu’on n’entend plus en cours de communication, constater une interruption brusque de la communication … autant de désagréments que rencontrent actuellement les usagers de téléphonie cellulaire. 

La liason téléphonique pose problème depuis un certain temps à Kinshasa. (Photo BEF)
La liason téléphonique pose problème depuis un certain temps à Kinshasa. (Photo BEF)

Une maman semble avoir perdu son téléphone au sortir d’un taxi. Un autre client médusé par compassion lui prête le sien pour appeler le numéro du téléphone perdu qui ne sonne malheureusement plus. Le taximan a la présence d’esprit de soulever son banc arrière et voit un téléphone, coincé entre deux sièges, bien allumé, mais aphone. Problème de réseau, répondent en chœur les autres clients. Un autre client témoigne avoir appelé tout à l’heure sans se faire entendre par son correspondant. Un troisième reconnait avoir plusieurs de ses communications brusquement interrompues sans aucune raison.

Les plaintes s’accumulent de toute part. En cause ? La qualité de services fournis par les opérateurs Gsm. Sans nier les faits, tous les services de communication de ces opérateurs n’ont pas souhaité répondre à la question, attendant un communiqué officiel de la hiérarchie respective.

Difficile migration vers la fibre optique 

Un technicien de la Société congolaise de poste et télécommunication (SCPT) explique ces perturbations par la difficile et impérative migration de tous ces opérateurs vers la technique de la fibre optique. Cette migration exige des équipements d’une nouvelle génération (3G et 4G) que beaucoup d’opérateurs n’ont pas encore acquis. Une autre explication, poursuit-il, se trouve dans la course aux tarifs promotionnels entre ces opérateurs. « Des activations tous azimuts n’ont pour conséquence que de saturer les lignes et perturber finalement la communication », observe-t-il. Il y a quelques temps, le ministère, à travers l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARTPC), qui avait trouvé un manque à gagner dans cette pratique, avait simplement suspendu jusqu’à nouvel ordre ces forfaits promotionnels. Le calcul de la redevance due à l’Etat se faisant au prorata du crédit consommé par l’usager, l’activation qui, non seulement est un forfait floue, le rend difficile. L’Etat, seul propriétaire des fréquences, a ainsi le sentiment d’une surutilisation de ses fréquences sans que cela ne produise un effet financier supplémentaire. « Qu’est-ce qui a changé pour revenir aux activations qui entament le confort des communications que semblait protéger la mesure ? », s’interroge un expert du secteur.

En République démocratique du Congo, les télécommunications constituent un grand enjeu financier et budgétaire, d’autant plus qu’elles viennent en deuxième position en ordre d’importance dans l’assiette des recettes de l’Etat, avec 25 %, après les régies financières (douane, impôts et Dgrad). Mais le secteur qui a attiré, jusqu’alors, 13 opérateurs (dont 5 seulement en activité : Airtel, Vodacom, Orange, Standard, Tigo, Africell, ..) proposent la téléphonie mobile de norme GSM avec un taux de pénétration encore très faible, 20 %, pour une population estimée à 70 millions d’habitants. Seul point d’honneur, le coût d’un appel local et international en RDC est parmi les moins cher de la sous région : entre 0, 15 et 0,25 dollars d’un opérateur à l’autre pour un appel local contre 0,35 en République du Congo, 1,5 dollar en Angola.

Le marché reste ouvert… 

Selon une étude de « Target Research and Consulting », un cabinet d’étude des marchés installé en République démocratique du Congo, le marché congolais présente des opportunités intéressantes pour tout nouvel opérateur de téléphonie mobile. A part le faible taux de sa pénétration de l’ensemble du pays (environ 20%), il y a la difficulté des opérateurs actuels à fidéliser les abonnés, avec tout ce que l’on enregistre comme plaintes en termes de mauvaise qualité de services (perturbations sur le réseau, difficultés de recharge, conversations parfois inaudibles, problèmes de connexion…).

La mise en demeure faite dernièrement par le ministre des PTNTIC, Tryphon Kin-Kiey, à Airtel et Vodacom sur la mauvaise qualité de services illustre clairement l’insatisfaction actuelle des abonnés congolais. Si un nouvel opérateur parvient à proposer un service de meilleure qualité aux congolais, avec une bonne couverture du pays, c’est fort probable qu’il arrache une grande partie d’abonnés mécontents et insatisfaits. C’est ce qui s’était passé en 2000 lors du lancement de Celtel qui avait littéralement arraché les abonnés de CWN GSM et de Telecel. En peu de temps, Celtel avait dépassé la barre de 100.000 abonnés et les prévisions annuelles de son chiffre d’affaires avaient très largement dépassé la première année tandis que CWN GSM et Telecel ont commencé à perdre progressivement leur importance sur le marché.

Info Box

  • La RDC a un faible taux de pénétration de téléphonie : 20%
  • Le ministère a déjà vendu 13 licences d’exploitation à 13 opérateurs différents, dont 5 seulement en activité : Airtel, Vodacom, Orange, standard, Tigo, Africell, proposant la téléphonie mobile de norme GSM.