Le chantier du barrage Katende confié à LPCC pour la suite des travaux

Les gouvernements congolais et indien ont trouvé un compromis sur le sort de la centrale en construction au Kasaï-Central. Le ministre indien des Affaires extérieures est venu en personne à Kinshasa pour rassurer les autorités de RDC de la reprise des travaux de construction par une société publique.

Les engins vont à nouveau ronronner sur le site de construction du barrage hydroélectrique de Katende, situé à environ 80 km de la ville de Kananga, dans la province du Kasaï-Central. C’est ce qui ressort de la visite d’État à Kinshasa du ministre indien des Affaires extérieures, Chandra Prakash, à la tête d’une délégation dans laquelle se trouvait l’ambassadrice de la RDC en Inde, Rosette Mossi. À la suite des discussions avec des officiels congolais, Chandra Prakash a indiqué que les travaux de construction seront désormais exécutés par une société du secteur public indien, LPCC.

Pour rappel, c’est la firme privée indienne Angélique International qui a gagné le marché en 2011. La présence du ministre indien des Affaires extérieures dans la capitale congolaise avait pour but de veiller à la bonne transition entre ces deux sociétés et rassurer les autorités congolaises de la réalisation de l’ouvrage comme cela a été convenu. Le projet de construction d’une centrale hydroélectrique sur les chutes de Katende sur la rivière Lulua remonte à 1965. Dans les années 1990, les ressortissants de l’ancienne province du Kasaï-Occidental ont eu l’ingénieuse idée de passer à la phase de réalisation à travers la Communauté de développement du Kasaï-Occidental (CODEKO). Ce n’est qu’en 2011, grâce à un accord entre l’Inde et la RDC que les travaux proprement dits ont été lancés. Ils devaient s’achever en 2015 mais le projet a connu du retard, surtout à cause de l’enclavement de la province et dans les décaissements des fonds.

Construite sur la rive droite de la rivière Lulua, la centrale hydroélectrique de Katende, dit Grand Katende, devrait, avec une capacité projetée de 64 mégawatts (MW), desservir les provinces de l’espace Kasaï en énergie électrique. Il est prévu la construction d’au moins deux lignes pour le transport de l’énergie électrique.

Améliorer la desserte

La première ligne, longue de 130 km, va relier Kananga à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental en passant par le territoire de Tshimbulu. Elle va contribuer au renforcement et à la relance du réseau ferroviaire dans l’espace kasaïen. Longue de seulement 30 km, la seconde ligne partira de Kananga jusqu’à Bunkonde, une localité du territoire de Dibaya, toujours dans la province du Kasaï-Central.

Selon l’accord de financement signé par les gouvernements congolais et indien, le 11 juillet 2011, à Kananga, le coût global des travaux est de 280 millions de dollars, soit 168 millions apportés par la banque chinoise Exim Bank, sous forme de prêt à rembourser par l’Inde, et 112 millions par la RDC. À ce montant, il faut ajouter quelque 120 millions de dollars pour la mise en place des lignes de transport. Au Kasaï, les espoirs sont fondés sur le barrage de Grand Katende. Avec l’énergie que va produire le Grand Katende, les autorités de la province rêvent de créer un hub de développement au centre du pays.

Le barrage de Katende fait partie d’un vaste programme gouvernemental destiné à combler le déficit énergétique dans le pays. La production installée dans notre pays a un niveau limité pendant que la demande est très élevée. Le barrage d’Inga ne reflète que 44 % du potentiel hydroélectrique du pays et il y a encore 56 % éparpillés à travers le pays, soulignent les dirigeants de la Société nationale d’électricité (SNEL).

Qui ont exprimé l’intention de collaborer avec la firme chinoise Trois Gorges pour mettre en œuvre d’autres infrastructures d’électricité en RDC. Ils expliquent que c’est tout à fait naturel pour leur société  qui est l’opérateur majeur dans le pays de « pouvoir collaborer avec un tel géant pour l‘expérience, pour toutes les ressources qu’il a et qui pourraient être pour eux une grande référence ». D’autres projets de réhabilitation des centrales existantes pour améliorer la desserte sont en cours d’exécution, notamment à Zongo. Les travaux qui ont commencé en 2012 sont exécutés par la firme chinoise Sinohydro. Ils devaient se terminer en 2015 mais ils ont pris du retard. À terme, la capacité de la centrale devra passer de 75 MW à 150 MW. Coût des travaux : 365 millions de dollars. Grâce à un financement de la Banque européenne d’investissement (BEI), la capacité de transport de l’énergie électrique va doubler, passant de 500 à 1 000 MW pour améliorer la desserte à Kinshasa et dans le Kongo-Central.

Entre-temps, des chantiers de construction d’ouvrages sont ouverts dans le pays. C’est le cas du barrage de Kakobola dans le Bandundu, fruit du partenariat entre la RDC, l’Inde et Exim Bank. Ce sont deux firmes indiennes Angélique International Ltd (AIL) et Bharat Heavy Electricals (BHE) qui exécutent les travaux dont le coût est estimé à 55 millions de dollars (42 millions apportés par l’Inde via Exim Bank et 13 millions par la RDC). Kakobola, d’une capacité de 10,5 MW, va fournir de l’énergie à la ville de Kikwit et aux territoires d’Idiofa et Gungu. Les travaux ont connu beaucoup de retard car l’ouvrage aurait dû être livré en 2014. Les ressortissants de l’ex-Bandundu mise sur ce barrage en vue de l’industrialisation de leur province.

Les défis du futur sont énormes

L’hydroélectricité représente donc 96 % de la production d’électricité, les 4 % restants étant fourni par des centrales thermiques de faible puissance situées, pour la plupart, dans des zones isolées. L’apport potentiel des centrales d’Inga est obéré, leur production ne dépasse pas 40 % de leur capacité. Une bonne partie de cette production est destinée à l’exportation, laissant ainsi la demande locale insatisfaite.

Cette situation fait que le taux d’accès des populations à l’électricité est de 3 % en milieu rural, 40 % pour les villes et 9 % sur le plan national alors que la moyenne en Afrique subsaharienne est de 30 %). Le secteur énergétique de la RDC est donc sous-développé en termes de capacité de production, de consommation, d’accès et de fiabilité.

L’accès à une électricité fiable et peu onéreuse est un véritable goulet d’étranglement pour les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes et grandes, ainsi que pour les ménages. L’accès au réseau de la SNEL est bien souvent long, difficile et coûteux. Par ailleurs, en raison de la vétusté du réseau et/ou d’une production insuffisante, les pannes d’électricité sont fréquentes. Elles représentent plus de mois de travail selon certaines études.

Les pertes de production dues aux coupures d’électricité sont importantes, soit environ 20 % de la production. Pour pallier cela, les entreprises et les ménages se sont mis aux groupes électrogènes, mais le coût de ces services d’énergie privés est deux fois, voire plus, plus élevé que celui du réseau de la SNEL. L’accès à l’électricité est très inférieur à la moyenne des pays africains dans les zones aussi bien urbaines que rurales, mais la situation est particulièrement dramatique dans ces dernières. La demande en énergie a été accentuée aussi par le boom minier dans le Katanga. Malgré la médiocre qualité des services, les tarifs de l’électricité de la SNEL sont parmi les plus élevés des systèmes à prédominance hydroélectrique de l’Afrique, soit 209 francs le KW pour le client ordinaire (code 34) en décembre contre 101 francs en octobre 2016.

En plus de l’insuffisance de la couverture et de la fiabilité du réseau, les réformes doivent s’attaquer aux inefficacités, qui génèrent d’importants coûts cachés et font grimper les tarifs. La SNEL est la principale source d’inefficacités dans le secteur. Les pertes dans le transport et la distribution atteignent presque la moitié de la puissance générée, un chiffre élevé par rapport à la moyenne de 27 % des autres pays africains riches en ressources. Ceci est vraisemblablement dû au manque de maintenance et de réhabilitation du réseau de distribution existant, et à une politique permissive envers les branchements clandestins. On observe aussi un sureffectif relativement élevé par rapport à celui des autres compagnies d’électricité africaines.

Enfin, la mégestion qui caractérise la SNEL, limite ainsi l’investissement dans la réhabilitation et l’extension du système.