Le chemin de fer, colonne vertébrale de la chaîne du transport

Henry Morton Stanley a dit : « Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny ! ». Avait-il raison ou tort de le dire ? Il reste vrai que le rail qui assied l’industrialisation, relance toutes les activités de pointe et revêt une importance capitale dans le redressement de la RDC.

LA RÉPUBLIQUE démocratique du Congo possède un réseau ferroviaire d’environ 5 000 km, subdivisé en trois sous-réseaux en état de délabrement avancé par endroits. À l’Ouest, la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) exploite la ligne Kinshasa-Matadi (366 km), reliant la capitale au port maritime le plus important du pays, le port de Matadi. Dans le Sud-Est, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) gère depuis Lubumbashi un réseau de 3 641 km, connecté à la Zambie et à l’Angola. L’essentiel de son trafic s’opère entre les villes minières du Katanga et les grands centres des deux Kasaï (Oriental et Central), à savoir Kananga, Mwene-Ditu, Luputa, Kanyama, en passant par Kindu au Maniema. Dans le Nord-Est, il y a le Chemin de fer des Uele (CFU), à l’abandon. 

Le chemin de fer ou le rail facilite la mobilité générale tout en générant des revenus pour le Trésor public. Cependant, les deux grands opérateurs publics du secteur, la SCTP et la SNCC, traversent encore une zone des turbulences malgré la réforme des entreprises publiques entreprise en 2009. Le matériel roulant est défectueux. Des grèves à répétition paralysent les activités à cause de salaires non payés depuis des lustres. 

Et pourtant, la ligne de chemin de fer de la SNCC est vitale pour l’espace kasaïen et le Maniema, notamment pour l’approvisionnement en marchandises. Les coopératives agricoles locales comptent sur le transport ferroviaire pour évacuer leurs récoltes. Tout arrêt du train sur cette voie ferrée pendant plusieurs jours entraîne une hausse des prix des vivres et de carburant.  Par ailleurs, la ligne de chemin de fer de la SCTP connaît depuis une trentaine d’années un déclin progressif de ses activités, jusqu’à représenter actuellement moins de 10 % du volume d’autrefois des marchandises transportées. Les locomotives étaient alors affectées au transport de passagers (train urbain) dans la capitale. 

La ligne reliant le port maritime de Matadi à Kinshasa constitue une artère vitale pour l’économie nationale. Actuellement le transport de marchandises entre les deux villes, soit plus de 85 % du volume, se fait quasiment par route, via les camions-remorques des sociétés, appartenant pour la plupart à des Libanais, dont le lobbying auprès des autorités n’est pas à minimiser afin de garder le contrôle du business au détriment de la SCTP. 

Heureusement, la société a annoncé des acquisitions en locomotives et wagons. Au total, 17 locomotives dont 12 acquises sur fonds propres, et quelque 400 wagons, qui seront opérationnels cette année. L’objectif est d’assurer la desserte 4 à 5 rotations par jour pour le transport des marchandises. Cela permettra de décongestionner le port de Matadi, mais aussi pour évacuer vers la capitale la production des cimentiers qui viennent de s’installer dans le Kongo-Central (CIMKO et PPC Barnett) aux côtés de ceux déjà présents (CILU et CINAT). 

Transport des marchandises

L’État et les partenaires internationaux se préoccupent du redressement de ces deux entreprises publiques et agissent à leur chevet pour trouver des solutions. Le Projet de transport multimodal (PTM) a été mis en chantier pour justement améliorer la connexion des modes de transport en RDC, rétablir la viabilité financière et opérationnelle (de la SNCC, la RVA, la RVF, la RVM, la SCTP), renforcer les performances opérationnelles et la gouvernance de ces entreprises et organismes publics de transport et simplifier les procédures du commerce international de la RDC. 

Grâce donc au PTM, plus de la moitié de la voie ferrée de la SNCC (3 000 km) a été réhabilitée et des engins – 38 locomotives dont 20 à acquérir sur fonds propres, une centaine de voitures et wagons – ont permis de rendre le trafic viable. Le naufrage de cette entreprise a eu des conséquences sur l’économie, en particulier sur la croissance du secteur minier, les régions productrices de cuivre étant reliées par rail aux principales voies d’exportation du pays. Selon les chiffres qui ont été avancés, la SNCC a besoin d’au moins 617 millions de dollars pour son redressement. Le développement du secteur des transports est l’un des principaux facteurs d’expansion de la production agricole, de compétitivité du commerce intérieur et extérieur, de croissance du secteur minier et de lutte contre le marasme économique des régions isolées, soutiennent les experts de la Banque mondiale. 

L’amélioration des réseaux ferroviaires dans le pays stimulerait le transport des marchandises et des matières premières, faciliterait les transactions… Aujourd’hui, la Chine est reliée à l’Europe par le chemin de fer. Le train transporte des marchandises plus rapidement que le bateau et coûte moins cher. 

D’innombrables activités dépendent de la fiabilité des voies ferrées. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la plupart des réseaux routiers et ferroviaires, notamment en RDC, nécessitent d’énormes investissements.