Le conseil d’administration de la SCTP saisit le gouvernement pour son refinancement.

La société traverse une zone des turbulences. Selon diverses sources, la dette certifiée de l’État vis-à-vis de l’ancien Office national des transports se chiffre à des centaines de milliers de dollars. 

La présidente du conseil d’administration de la Société commerciale des transports et des ports (SCPT), Vicky Katumwa, sollicite l’implication personnelle du 1ER Ministre, Bruno Tshibala, pour le refinancement par l’État propriétaire de l’ex-ONATRA. Vicky Katumwa n’a pas précisé à la presse combien l’État doit à la SCTP au sortir de son entretien avec Bruno Tshibala à la primature,  le 4 octobre. Mais selon diverses sources, la dette certifiée de l’État vis-à-vis de l’ancien Office national des transports se chiffre en centaines de milliers de dollars.

La  présidente du conseil d’administration de la Société commerciale des transports et des ports a également fait part au 1ER Ministre des dettes criardes  des tierces entreprises vis-à-vis de l’ex-ONATRA. Elle a dit avoir demandé au chef du gouvernement la mise en place d’une commission bipartite entre les délégués du gouvernement actionnaire unique de l’entreprise et ceux de la SCTP pour établir une feuille de route qui permettra de trouver des solutions adéquates aux différents problèmes que connaît l’ex-ONATRA.  Il s’agit notamment de la question de la redevance logistique terrestre face à laquelle le gouvernement entretient un flou, voilà pratiquement trois ans.  Mi -2015, lorsque l’ex-directeur général Jean Kimbembe Mazunga entrait en fonction, l’intersyndicale de la SCTP estimait les fonds issus de la redevance logistique terrestre, à environ 40 millions de dollars.

La redevance logistique terrestre a été établie par un arrêté interministériel en date du 1er septembre 2012 au profit exclusif de la Société commerciale des transports et des ports. Il est entré en vigueur en février 2013 pour une durée de deux ans.

Guichet unique

Mais alors que l’arrêté sus-évoqué prévoit que la perception de la redevance s’effectue au guichet unique en raison de 140dollars par conteneurs de 20 pieds à l’import et 85 dollars à l’export, le gouvernement va unilatéralement la réorienter vers certaines banques privées. On en restait là. Pourtant, pour la SCTP, les fonds de la redevance aurait dû servir notamment à relancer le trafic ferroviaire Matadi-Kinshasa au bénéfice de nouvelles cimenteries qui se sont implantées dans le Kongo-Central. On le sait, l’ITB Kokolo restera à quai aussi longtemps que le gouvernement n’accepterait pas de prendre en charge les dépenses du carburant comme il en fait pour Transco. Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle. Même le vice-1ER Ministre en charge des Transports et des Voies de communication, José Makila Sumanda, a plutôt soutenu que le bateau est immobilisé pour défaut des baleinières qui devraient l’accompagner à chaque voyage.

La survie de l’ex-ONATRA ne tient plus qu’à ses ports de Matadi et Boma. De l’avis des experts, cependant, la SCTP reprendrait son embonpoint financier d’antan à travers sa voie ferrée. Dont la réhabilitation est tributaire des fonds de la redevance logistique terrestre cachés par l’État, sans raison officielle avancée.

Près de 3 millions de tonnes de ciment

À la suite de la dernière grogne qui a secoué l’entreprise, fin juin, suite aux arriérés des salaires de plus de six mois, le département de chemin de fer avait soutenu qu’il était dans l’attente d’une réception d’une dizaine de voitures.

En son temps, l’ancien DG Kimbembe Mazunga avait laissé entendre que ce lot de voitures permettrait de relancer notamment le train passager Kibobola. La rentabilité du chemin de fer, et par ricochet de la SCTP, passe aussi par la mise en application des accords convenus avec les nouveaux cimentiers du Kongo-Central, soutenait-il.

L’ex-ONATRA table, en effet, sur les 16 projets de construction de cimenterie existent au Kongo-Central, notamment dans la région de Matadi, Kasangulu et Songololo pour sa rentabilité. Trois de ces projets sont déjà en pleine phase de production. D’ailleurs, dans le budget 2017, le gouvernement mise sur la production  de quelque 2,2 millions de tonnes de ciment, à raison de 1 million de tonnes pour  PPC Barnet et 1,2million pour la Cimenterie Kongo (CIMKO) pour booster le secteur de bâtiment et travaux publics. « C’est une véritable aubaine pour la SCTP, car il s’agit non seulement de transporter des intrants du ciment mais aussi du ciment en direction de Kinshasa par chemin de fer avant de poursuivre par bateau dans l’arrière-pays grâce à l’ITB Kokolo et l’ITB Ngungu », avait confié un haut cadre de la SCTP.

Avant d’ajouter : « C’est 2, 7 millions de tonnes à transporter par an et si cette évacuation doit se faire par route, cela fait au moins 2 mille camions par jour sur la Nationale n°1. Cela conduirait à l’asphyxie du trafic routier. C’est donc une raison de plus pour que la SCTP joue véritablement son rôle d’épine dorsale de l’économie nationale ».

La voie ferrée Matadi-Kinshasa – à propos duquel l’explorateur anglais Henry Morton Stanley soutenait que sans elle le Congo ne valait pas un penny – est, selon le check-up brossé par  des experts sud-africains, à même de supporter une locomotive roulant entre  50 et 80 km/h. Hélas, une certaine confusion sur le devenir de l’ex-ONATRA est de nouveau remontée à la surface comme du temps l’offre du groupe français Bolloré de reprendre les ports maritimes et le chemin de fer, il y a un peu plus de 5 ans.  L’on sait que l’Agence française de développement (AFD) a financé, pour 1 million d’euros, l’étude faisabilité des partenariats publics-privés au sein de l’ancien Office national des transports. L’appel d’offre lancé en 2012 par l’alors ministre du Portefeuille, Louise Munga Mesozi, pour la cession des départements des ports maritimes et du chemin de fer aurait été mis en veilleuse suite au tollé qu’il avait suscité à la SCTP.

Entreprise de défaisance 

En 2011, l’audit mené par les experts de Finex Compsult  et  Dla Piper LLP  recommandait la scission de l’ex-ONATRA en trois entités distinctes et qu’une société de défaisance devrait reprendre le chemin de fer Matadi/Kinshasa, et son pendant le chemin de fer interurbain de la capitale.

Cet audit mené, sur demande du gouvernement, par le consultant Mutiri wa Bashara pour le compte de la firme Finex aidé par deux autres experts expatriés, Daniel Le Brun et Francis Goffin du groupe Dla Piper LLP, indique qu’il reviendra à la société de défaisance de trouver des solutions idoines aux problèmes des créances de l’État, du passif social de l’ex-ONATRA. La scission de l’ex-ONATRA a le mérite, soutiennent les experts de Finex Comsult et  Dla Piper LLP, de se conformer à l’Acte uniforme du droit OHADA sur les sociétés commerciales. Dans sa conclusion, l’audit soutient que « les autorités doivent exprimer clairement et de façon audible leur projet pour la SCTP. (….) Le DG  doit communiquer clairement son plan d’actions validé par le conseil d’administration afin de pouvoir s’y référer chaque fois que l’on fera obstacle à son bon déroulement ».

Pour l’instant, la Société commerciale des transports et des ports investit gros pour la viabilité de son chemin de fer. L’usine des traverses en béton de Lufu-Toto tourne en plein régime. Les ateliers centraux de Mbanga-Ngungu et la carrière de Kiasi Kolo qui fournissent des matériaux de stabilisation de la voie ferrée sont également sont opérationnels. Mais dans le budget 2017, le gouvernement n’a prévu que de financer la Société nationale de chemin de fer congolais (SNCC) pour l’acquisition de deux locomotives. L’ex-ONATRA contribue pourtant au Budget de l’Etat.