Le coton en baisse, le sucre et le café stables alors que le cacao se reprend

Comme tout actif de Bourse, les matières premières agricoles sont échangées sur un marché spécifique sur lequel leur prix évolue en fonction de l’offre et de la demande. Ces valeurs sont échangées sur le marché de Chicago (blé, avoine, soja), alors que d’autres le sont sur le marché de New-York (café et sucre), ou sur le marché de Londres.

LE COURS du coton a baissé la semaine dernière, affecté par des déclarations américaines liées à la guerre commerciale, un rapport américain très attendu s’avérant par ailleurs neutre sur le prix de la fibre blanche. Tandis qu’il évoluait en petite hausse hebdomadaire jusqu’à la clôture de mercredi 6 février, le cours a été particulièrement affecté le lendemain lorsque l’administration Trump a fait savoir que le président américain ne rencontrerait pas son homologue chinois avant le 1er mars dans le cadre des discussions pour trouver une solution au bras de fer commercial opposant leurs deux pays.

Cette date est très importante car elle verra s’achever la trêve de 90 jours négociée entre les deux plus grandes économies du monde en décembre dernier, au cours de laquelle aucun durcissement de tarifs douaniers n’a eu lieu. 

La Chine est traditionnellement un gros acheteur de coton américain, mais a imposé des taxes à l’importation de fibre blanche américaine à hauteur de 25 % depuis début juillet, en représailles aux différentes vagues de tarifs imposés par Washington.

La Chine se fait désirer

Elle pourrait donc durcir sa position, et tarir un peu plus ses achats en provenance des États-Unis. Il est toutefois difficile pour le moment d’avoir une idée précise des achats chinois de coton américain depuis le début de la trêve entre les deux pays, début décembre. « Contrairement au soja, le ministère de l’Agriculture (USDA) n’est pas obligé de rendre officielles les ventes quotidiennes de coton » américain, détaille Bill Nelson de Doane Advisory Services, ajoutant que les courtiers « aimeraient avoir un peu de visibilité sur les achats chinois ».

Un instrument de mesure généralement utilisé par les courtiers est le rapport hebdomadaire de l’USDA sur les ventes à l’étranger. Mais en raison de la fermeture récente des administrations américaines, le « shutdown », les données n’arrivent qu’au compte-gouttes et sont peu parlantes pour les investisseurs dans la mesure où elles concernent pour le moment des transactions qui ont eu lieu en décembre. Le cours du coton a par ailleurs peu évolué après la publication d’un rapport mensuel américain pourtant très attendu sur l’offre et la demande de produits agricoles dans le monde, le rapport Wasde. « Il n’y a eu que de légers ajustements sur le coton dans ce rapport, rien de terriblement surprenant », a signalé Nelson. 

La livre de coton pour livraison en mars, la plus échangée, a terminé à 72,55 cents, contre 73,64 cents en fin de semaine précédente (-1,48 %). L’indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d’Orient, s’affichait pour sa part à 82,85 dollars les 100 livres, contre 83,70 dollars la semaine précédente (-1,02 %).

Saison indienne du sucre

Les cours du sucre ont très peu évolué. « Le marché n’a pas d’information claire vers laquelle se tourner », a résumé Thomas Kujawa, courtier de Sucden. Les marchés n’ont pas particulièrement réagi aux données venues d’Inde, un des premiers producteurs et consommateur mondiaux, dont le passage d’importateur net à exportateur l’année dernière avait provoqué l’émoi des investisseurs.

 Les raffineries indiennes ont produit 18,5 millions de tonnes entre le début de la saison 2018-2019 et la fin du mois de janvier, contre 17,1 millions pour la même période la saison précédente, selon les données de l’Association indienne des raffineries de sucre (ISMA). Mais « les raffineries ont commencé à broyer plus tôt que l’année dernière », ont rassuré les analystes de ING, qui soulignent que l’ISMA table sur une production en baisse de 5 à 6 % sur l’année, à 30,7 millions de tonnes. À Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 337,30 dollars, contre 339,80 dollars une semaine avant. À New York, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 12,73 cents, au même niveau que sept jours auparavant.

Les cours du café sont restés stables sur la semaine. Les prix du robusta avaient bondi à 1 592 dollars à Londres, à leur plus haut depuis deux mois. « Il y a eu des achats spéculatifs en début de séance », alors que les vendeurs basés au Vietnam, premier producteur mondial de robusta, étaient absents du marché pour la semaine du Nouvel an lunaire, ont commenté les analystes de INTL FCStone. « Mais des vendeurs indiens ont été attirés par le niveau élevé des prix », ont-ils ajouté, précisant que les volumes avaient ensuite été plus réduits. 

Pour 2018, l’Organisation internationale du café (ICO) a estimé que le surplus a atteint l’équivalent de 2,28 millions de sacs de 60 kg, unité de référence pour le marché du café. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en mars valait 1 547 dollars, contre 1 549 dollars la semaine d’avant. Sur l’ICE Futures US de New York, la livre d’arabica pour livraison en mars valait 104,00 cents, contre 106,00 cents sept jours auparavant.

Par ailleurs, les cours du cacao ont rebondi sur la semaine après leur chute du mois de janvier. « Les prix avaient trop baissé, le cacao était trop peu cher », a commenté Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group. Mais selon lui, ces achats, principalement venus d’investisseurs financiers, devraient rester limités car l’offre reste très abondante, notamment en provenance de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial.

« Les arrivées de cacao jusqu’aux ports ivoiriens (depuis les exploitations de cacaoyers pour être exportés, NDLR) ont atteint 1,37 million de tonnes sur la saison, contre 1,25 million au même moment la saison précédente », ont souligné les analystes de ING, citant des données compilées par l’agence Bloomberg. À Londres, la tonne de cacao pour livraison en mai valait 1 681 livres sterling, contre 1 581 livres sterling précédemment mais pour le contrat de mars. À New York, la tonne pour livraison en mai valait 2 254 dollars, contre 2 182 dollars sept jours plus tôt mais pour livraison en mars.