Le cri de détresse des enseignants du secteur privé

La plupart des enseignants évoluant dans des écoles privées se voient déduites, dans leur salaire, des parts pour la sécurité sociale, sans que ces derniers disposent des cartes biométriques de l’Institut national de sécurité sociale (INSS).

Ces déductions forcées effectuées, sur leurs maigres salaires, énervent plus d’un enseignant. Plusieurs se plaignent parce qu’ils ne voient pas la pertinence de retenues à la source. « Pourquoi cotisons-nous à l’INSS, alors que nous ne sommes pas bénéficiaires de cette sécurité ? », s’est interrogé un enseignant. Il justifie sa crainte par le fait que lui et ses collègues, ne disposent d’aucun document leur garantissant le statut des prestataires sociaux de cette structure de l’Etat. Il soutient que les prestations de vieillesse ne leur seront jamais versées, car l’INSS qui est sensé les prendre en charge, à la retraite ou en cas de maladie, ou encore d’accident de travail, les ignore.

Distribution discriminatoire de la carte biométrique

Pour Maria Kilenga Mola, attachée de presse à la direction générale de l’INSS, « la carte biométrique est un droit pour tout assujetti aux cotisations. Ce document, pourtant un identifiant unique, renseigne-t-elle, permet à chaque prestataire social, de rentrer dans ses droits, même s’il changeait d’école ou d’adresse.

Pourtant, l’INSS est sévèrement mis en cause, dans sa politique de distribution de la carte biométrique, dans le secteur éducatif. « Pourquoi nos collègues des écoles catholiques disposent-ils de la carte biométrique alors qu’ils cotisent au même titre que nous ? », s’interroge Freddy Nsumbu, enseignant dans une école privée, dans la commune de Bandalungwa. Enseignante depuis douze ans dans une école maternelle, Betty, en dépit de toutes ses années de cotisation pour préparer sa retraite, dit n’avoir jamais signé un document quelconque de cet institut. « Mes cotisations me sont signifiées, verbalement, par mon employeur. Rien n’atteste que je m’acquitte de mes obligations vis-à-vis de l’INSS, depuis toutes ces années. Je ne possède même pas la fameuse carte à laquelle vous faites allusion », déclare celle qui se voit retirer 5, sur les 100 dollars de son salaire. Elle devrait, en principe, payer 2,5 dollars. Comme elle, la majorité d’enseignants interrogés se retrouvent dans cette situation.

Enseignants maltraités par des promoteurs

Selon la responsable du centre de Bumbu, « le taux de cotisation, pour la branche des pensions, est fixé à 7% dont 3.5% à charge de l’employeur et, l’autre part à charge du travailleur. En ce qui concerne des risques professionnels, la cotisation requise est de 1,5%, à charge exclusive de l’employeur. » L’ignorance des enseignants, sur le taux à payer, profite aux promoteurs des écoles.

Outre les prestations légales obligatoires, les assurés sociaux devraient, en principe, bénéficier, dans certaines conditions, des services de l’action sanitaire et sociale. Cela n’est pas le cas pour ces nombreux enseignants, obligés à endurer le même calvaire pour l’année scolaire qui s’ouvre.

Selon la législation, la cotisation sociale concerne tous« les travailleurs soumis au code de travail, y compris les journaliers, les occasionnels, et le travailleurs domestiques ». C’est dans ce cadre que les enseignants des écoles privées se voient forcer de payer des cotisations pour le compte de l’INSS. « Le corps administratif ainsi que le personnel enseignant de ces écoles sont obligatoirement assujettis au régime de sécurité sociale », affirme la responsable du centre de perception de l’INSS, dans la commune de Bumbu. Mais, il reste à savoir si leur argent arrive réellement dans les caisses de l’INSS et à qui profite-t-il.