Le cuivre en hausse tandis que l’aluminium en recul

Les métaux industriels sont support de l’économie globale. Fin mai, leurs prix, échangés sur le London Metal Exchange, ont évolué en ordre dispersé dans un marché repris par le goût du risque géopolitique.

 

Les métaux industriels sont la colonne vertébrale de l’économie mondiale. Aucune voiture, aucun bâtiment moderne ni aucun appareil électronique ne peut être fabriqué sans métaux industriels. Généralement, on parle de métaux industriels quand un métal a donné naissance à une industrie propre du fait de son importance. C’est le cas entre autres du cuivre, du zinc, de l’aluminium, du nickel et du plomb. Chacun de ces métaux a des propriétés spécifiques qui sont plébiscitées pour certaines applications et situations.

Situation du marché

Fin mai, sur le marché en pleine tourmente de la guerre commerciale, le cuivre et le plomb ont repris du terrain, tandis que le nickel a repoussé ses sommets avant de se stabiliser, alors que l’aluminium, le zinc et l’étain ont reculé. Les spécialistes expliquent que l’aluminium suit le feuilleton Rusal. Il s’inscrit en légère baisse, dans un marché incertain alors que les rebondissements s’enchaînent autour des sanctions américaines contre le groupe russe Rusal. Le milliardaire russe, Oleg Deripaska, a quitté le conseil d’administration du géant de l’aluminium Rusal, qu’il contrôle, cédant à une pression croissante pour couper les ponts avec l’entreprise et la protéger des sanctions visant l’oligarque. Le feuilleton Rusal avait poussé le prix de l’aluminium à des sommets il y a quelques semaines, mais les marchés peinent depuis à se positionner.

L’aluminium valait 2 254,50 dollars la tonne, contre 2 302 dollars précédemment. Il s’agit d’une « étape importante », ont cependant jugé les analystes de Commerzbank, qui rappellent que « si les sanctions contre Rusal sont levées, cela provoquera à coup sûr une correction importante des prix ».

Le nickel, quant à lui, grimpe. La tonne de nickel a touché 15 055 dollars, à son plus haut depuis plus d’un mois, soit 14 745 dollars. La demande de nickel est censée grimper avec la hausse de la demande de véhicules électriques, commentent les analystes de Commerzbank. Le nickel est utilisé dans la fabrication des batteries, même si son usage le plus fréquent reste pour l’instant la conception d’acier inoxydable. Les fondamentaux du marché restent favorables, comme le montre la baisse des réserves des plateformes d’échanges, ajoutent les analystes d’UniCredit.

Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’est échangée à 6 851,52 dollars, contre 6 827,50 dollars précédemment. Alors que le plomb valait 2 435,50 dollars la tonne, contre 2 354 dollars ; l’étain, 20 280 dollars la tonne, contre 20 610 dollars ; le zinc, 3 028 dollars la tonne, contre 3 090,50 dollars…

Globalement, c’est le calme qui règne sur le marché international malgré que « la tempête se fait encore menaçante ». C’est le message que l’on retient de la 32è édition du rapport CyclOpe présenté, le 16 mai, dans les salons ouatés de l’Automobile Club de France à Paris. Le CyclOpe est le principal institut de recherche européen du secteur, qui passe en revue la plupart des « commodités » de la planète, du pétrole au cobalt en passant par la banane et le riz, le cacao ou le soja. 

Tout d’abord, dans un contexte où la croissance mondiale flirte avec les 4 %, le rapport s’attarde longuement sur la forte remontée du baril de pétrole qui n’est plus très loin des 80 dollars. En l’espace d’un an, le prix du « light sweet crude » (WTI), référence américaine du brut, est ainsi passé de 50 à 70 dollars alors que dans le même temps le Brent (référence de la mer du Nord) gagnait 15 dollars et évolue autour de 78 dollars. Cette flambée des prix tient en premier lieu à la réussite de l’accord de Vienne, qualifié de « petit chef d’œuvre d’équilibre géopolitique », qui a débouché sur une limitation de la production des pays membres de l’Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP) et de la Russie. 

Autres éléments qui motivent cette hausse du baril selon le CyclOpe, ce sont la hausse de la demande mondiale, la baisse des stocks pétroliers des pays de l’Organisation de la coopération et du développement économiques (OCDE) et les tensions au Moyen-Orient (Libye, Irak…) qui obèrent la production. De ce point de vue, la décision de Donald Trump de quitter l’accord sur le nucléaire iranien, et les sanctions qu’elle charrie, devrait entraîner, selon cet institut, une réduction des exportations iraniennes de 200 000 à un million de barils/jour et donc booster un peu plus les prix. En revanche, le CyclOpe souligne que le retour en force du pétrole de schiste américain pourrait contenir cette hausse. 

Les experts du rapport ne croient guère à un retour rapide autour des 100 dollars le baril, contrairement aux prévisions d’un certain nombre d’observateurs. 

H&M vise l’Afrique du Sud

L’enseigne de mode suédoise Hennes & Mauritz (H&M) réfléchit actuellement à la possibilité de s’approvisionner en matières premières en Afrique du Sud. C’est ce qu’a indiqué à Reuters, Amelia-May Woudstra, porte-parole de la compagnie. Si cette annonce venait à être concrétisée, cela devrait redynamiser la filière sud-africaine du textile-habillement qui, malgré de nombreux atouts dont la disponibilité de matières premières (coton, fibres végétales, laine et mohair), pâtit des importations bon marché provenant principalement de la Chine.

 « Cela serait un geste important de confiance dans le secteur. Nous avons définitivement la capacité de les fournir [H&M, ndlr] et cela pourrait rapidement s’illustrer avec les produits de base comme les sous-vêtements. », estime une source de l’industrie textile ayant requis l’anonymat. H&M possède 18 magasins en Afrique du Sud et importe actuellement l’intégralité de son stock de vêtements écoulé dans ce pays. La branche sud-africaine des textiles et vêtements, représente 14 % de l’emploi manufacturier total.

Filière caoutchouc

À l’issue de cinq ans de travaux, les partenaires du projet de recherche Bioproof prouvent qu’il est possible d’intégrer davantage de matières agrosourcées et recyclées dans les produits en caoutchouc. Une pièce en élastomère à l’éthylène biosourcé a même passé les qualifications pour équiper l’Airbus A350. La viabilité économique de l’opération reste toutefois posée pour certaines formulations en période de faiblesse des prix des matières vierges. 

Intégrer des matières biosourcées et recyclées dans les produits de la filière caoutchouc, c’est possible, affirment les porteurs du projet de recherche Bioproof. Une quarantaine de fournisseurs et sept industriels ont collaboré à la démarche, qui visait à substituer des produits pétroliers et/ou minéraux par des produits biosourcés (amidon, cellulose, gluten, nanotubes de carbone, charbon de bois, tournesol, coco, colza…) et issus des filières de recyclage (caoutchoucs dévulcanisés, poudrettes, granulats, noirs de carbone recyclés). Il y a plein d’opportunités, d’autant plus si les matières premières confirment leur envolée à la hausse.