Le fils Cyrille reprend du père Vincent les rênes de l’empire familial Bolloré

Jeudi 14 mars à Paris, moment d’émotion vraie lors de la passation de témoin entre le père et le fils, intronisé PDG du groupe, franchissant ainsi une étape supplémentaire dans la transition avec la nouvelle génération.

LE MILLIARDAIRE breton, principal actionnaire du groupe diversifié présent dans les médias, le transport, la logistique et les solutions de stockage d’électricité, ne demandera pas le renouvellement de son siège au conseil de Bolloré à l’expiration de son mandat en mai prochain. Vincent Bolloré cède en outre les fonctions de PDG à son fils Cyrille Bolloré, 33 ans, qui occupait jusque-là le titre de directeur général délégué de la société.

« Le conseil d’administration a remercié M. Vincent Bolloré pour le travail accompli pour le développement de la société Bolloré depuis 38 ans », peut-on lire dans un communiqué publié par le groupe. Relativement discret, le cadet des fils de Vincent Bolloré, qui a fait ses armes au sein du groupe familial, est ainsi propulsé sur le devant de la scène alors qu’il est également appelé à remplacer Vincent Bolloré au conseil du groupe de médias et de divertissement Vivendi.

Vincent Bolloré qui aura 67 ans début avril, avait jusque-là évoqué la date du 17 février 2022, bicentenaire de la création de l’entreprise familiale qui porte son nom, pour passer le relais à ses enfants. Il avait déjà cédé en 2018 la présidence du conseil de Vivendi à son autre fils Yannick, dirigeant du publicitaire Havas, devenu filiale de Vivendi. « Il franchit une étape de plus dans le plan de succession qu’il a lui-même annoncé », a expliqué une source au fait du dossier. 

Il gardera la haute main

L’entrepreneur français, qui est mis en examen dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption en Afrique, continuera toutefois à garder la haute main sur la société dont il reste le premier actionnaire via la holding de contrôle, la Financière de l’Odet, dont il a été nommé le jeudi 14 mars PDG. Sous sa houlette, l’ancienne papeterie familiale qu’il a reprise au début des années 1980 alors qu’elle était en grande difficulté est devenu un empire industriel pesant plus de 11 milliards d’euros en Bourse.

Après s’être développé dans les films plastique ultra-fins, le groupe Bolloré est devenu un acteur de premier plan dans le transport et la logistique en particulier en Afrique. 

Plus récemment, il est devenu l’actionnaire de contrôle du géant des médias et des divertissements Vivendi dans lequel il a porté sa participation à 26 % en 2018. Dans son communiqué, le groupe Bolloré a par ailleurs fait état d’un chiffre d’affaires en hausse de 7 % à données comparables en 2018 à 23,02 milliards d’euros. Son résultat opérationnel a bondi de 25 % pour atteindre 1,3 milliard d’euros.

Le conglomérat diversifié dans le transport, la logistique et les médias Bolloré a publié la semaine passée des résultats conformes aux attentes des analystes, portés par la consolidation en année pleine de Vivendi. 

Le fils cadet de Vincent Bolloré, qui était jusqu’ici directeur général délégué et président de Bolloré Transport & Logistics, se voit ainsi confier les rênes de l’empire familial après que son frère Yannick a été nommé l’année dernière à la présidence du conseil de surveillance de Vivendi.

Groupe Bolloré en chiffres

En 2018, le résultat net consolidé du groupe diversifié s’est établi à 1,11 milliard d’euros, contre 2,05 milliards en 2017, où il avait bénéficié de 1,01 milliard d’éléments d’impôts exceptionnels liés à Vivendi. Retraité de cet effet, le bénéfice net de l’année écoulée est ressorti en hausse de 7 %. Le bénéfice net part du groupe (hors participations minoritaires) s’est établi à 235 millions d’euros, contre 699 millions d’euros en 2017. Le résultat opérationnel a atteint 1,30 milliard d’euros, contre 1,12 milliard un an plus tôt.

Déjà publié, le chiffre d’affaires s’est établi à 23,02 milliards d’euros, en hausse de 26 % en données publiées et de 7% à taux de change et périmètre constants. Les analystes interrogés par FactSet tablaient en moyenne sur un résultat opérationnel de 1,32 milliard d’euros et sur un résultat net part du groupe de 324 millions d’euros. Par divisions, la branche Communication, qui inclut Vivendi ainsi que certaines activités dans les médias et les télécoms, a dégagé un résultat opérationnel de 940 millions d’euros en 2018, en hausse de 20 %. Bolloré a précisé avoir déduit de ce résultat la contribution de Telecom Italia, soit 108 millions d’euros en 2017, reclassée en mise en équivalence non-opérationnelle.

La branche Transport et Logistique a vu son résultat opérationnel progresser de 4 % en 2018, à 511 millions d’euros, grâce à la bonne marche des terminaux portuaires en Afrique et à la croissance des volumes dans la commission de transport notamment en Asie. La division de Logistique pétrolière a publié un résultat opérationnel de 34 millions d’euros, en baisse de 6 % en raison d’incidences sur stocks négatives. La branche Stockage d’électricité et Solution a accusé une perte opérationnelle de 152 millions, contre 164 millions un an plus tôt.

Le conseil d’administration de Bolloré proposera à l’assemblée générale du 29 mai prochain un dividende de 0,06 euro par action, stable par rapport à 2017. Le chiffre d’affaires 2018 du groupe Bolloré est en hausse de 7 %, à 23,024 milliards d’euros à périmètre et taux de change constants. En données publiées (et donc en incluant 13,924 milliards de Vivendi, consolidé depuis avril 2017), il est en hausse de 26 %. 

Le résultat opérationnel du groupe s’établit à 1,301 milliard d’euros, en progression de 25 % par rapport à l’exercice 2017. Le résultat net part du groupe ressort pour sa part à 235 millions d’euros contre 695 millions d’euros en 2017, compte tenu des éléments favorables de 2017.