Le FPI finance la relance de l’aquaculture dans le lac Kivu

D’AUTRES institutions sont associées à ce projet, dont l’Institut supérieur de développement rural (ISDR-Bukavu), l’Institut supérieur pédagogique de Bukavu (ISP-Bukavu) et le Service national d’aquaculture (SENAQUA). Selon le Fonds de promotion de l’industrie (FPI), ce projet-pilote sera étendu à l’échelle nationale en vue de revitaliser la filière poisson et créer, par ricochet, des emplois pour des jeunes. 

La première tranche de la subvention versée par le FPI devrait servir à l’acquisition des cages d’élevage et de l’unité de fabrication d’aliments pour poissons, l’achat d’une chambre froide et d’une camionnette ainsi que les petits matériels et outillage de production.  

Le budget alloué au ministère de la Pêche et de l’Élevage, pour l’exercice 2019, n’est que de 8 621 909 686 FC, soit 4 933 007 dollars. Pas d’appuis extérieurs attendus et la problématique des rémunérations des agents demeurent un casse-tête depuis que ce maroquin a été créé d’un dé-greffage du traditionnel ministère de l’Agriculture. D’ailleurs, à la Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et des participations (DGRAD), les recettes de deux ministères qui sont des services d’assiette, restent regroupées à ces jours. Elles ont été de 10 642 690 955,33 FC en 2018, soit 100 % des assignations. 

Au ministère de la Pêche et de l’Élevage, l’essentiel de ses crédits devrait être consacré à l’acquisition des vedettes équipées des radars GPS pour la surveillance de la pêche dans 8 provinces, l’organisation d’une conférence nationale sur la pêche, la construction des nouveaux abattoirs, le fonctionnement courant des services, l’organisation des campagnes de vaccination des bovins, ovins, caprins…  

Cependant, il n’est pas acquis que les crédits déjà insignifiants accordés au secteur de la pêche et de l’élevage soient totalement décaissés. Le taux d’exécution du budget de la Pêche et de l’Élevage, depuis sa création, n’a jamais atteint les 50 %. 

Selon un récent rapport de l’organisation de la société civile, Réseau gouvernance économique et démocratie (REGED), le projet de loi de finances 2019 prévoit un budget des dépenses de l’ordre de 346 556 735 080 FC, contre 148 631 026 992 FC en 2018 pour l’agriculture, la pêche et l’élevage. Ces montants représentent 3,35 % en 2019, contre 1,37 % en 2018, soit une augmentation en valeur courante de 133,17 %. 

Protocole de Maputo

Le niveau du budget 2019 de l’agriculture, la pêche et l’élevage (3,35 %) reste encore de loin inférieur à celui exigé dans le Protocole de Maputo (2003) qui demande aux États signataires d’allouer une part d’au moins 10 % du budget national au secteur de l’agriculture. En effet, en 2017 la quote-part réservée au secteur de l’agriculture était de l’ordre 8,1 %. 

Ce taux a brutalement décru en 2018 à 1,37 %. Présentement, il remonte à 3,35 % pour l’exercice 2019. La société civile constate que ce ballottage injustifié empêche un développement cohérent du secteur de l’agriculture.

Pourtant la République démocratique du Congo compte parmi les rares pays au monde disposant d’énormes potentialités halieutiques, bénéficiant, par ailleurs, de conditions topographiques et climatiques favorables, d’un réseau hydrographiques dense marqué par un des fleuves les plus longs du monde, avec plusieurs affluents et des lacs. Hélas, la Société congolaise de pêche (SOCOPE) n’est plus que l’ombre de la gloriole d’antan, Pêcheries maritimes du Zaïre (PERMAZA). À ce jour, il n’est véritablement qu’une entreprise de pêche industrielle, Bosa, tenue par des Chinois. 

La pêche est restée traditionnelle à plus de 95 % selon des experts. Elle est pratiquée dans les villages bordiers du fleuve Congo partant du Bas-Fleuve en passant par le Pool Malebo jusqu’à Kisangani, dans les célèbres villages de Wagenia, de manière on ne peut plus intensive, ou encore à Muanda en mer, où elle est appelée pêche maritime. Quoique des paysans utilisent plutôt des outils rudimentaires comme les filets, les nasses, la ligne et des pirogues. Le secteur de l’élevage loge à la même enseigne. Point de subventions notables de l’État   

Recommandations FAO

Le  Salon mondial de référence pour les fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage (SIMA) et le Salon international de l’élevage, de l’agro-alimentaire et de l’agroéquipement (SIPSA) ont organisé fin 2018, à Alger, le plus grand salon professionnel dédié à l’élevage et l’agroéquipement en Afrique. Hélas, la RDC n’a pas pris part à ces assises. Pourtant, le salon a pour finalité de présenter les dernières innovations en matière agropastorale. 

En RDC, l’État a dit disposer en 2018, sur papier, d’un montant de 1 090 000 000 FC pour réhabiliter des infrastructures d’élevage et les différents abattoirs publics, des fermes des ovins, caprins et porcins, acquérir des vaccins, matériels d’inoculation pour la vaccination, des équipements pour le Service de la quarantaine animale (SQAV). Malheureusement, sur terrain, à un trimestre de la fin de l’exercice 2018, le ministère de la Pêche et de l’Élevage était loin d’atteindre ces objectifs. 

Le décaissement du budget déjà modique pose problème. Et pourtant, selon l’expert de la FAO, Papa Naryn Niang, la RDC a toutes les capacités de développer le business de l’élevage. Cela devrait rapporter non seulement des devises au pays mais aussi permettre de réduire les importations de la viande animale des pays étrangers. 

Coordonnateur régional de la gouvernance vétérinaire pour le COMESA, Joseph Mamon soutient que le potentiel de la RDC en production élevage et agricole permettrait de booster les activités agropastorales de tout le continent africain. 

« Si l’Afrique veut se développer, elle doit se réunir autour de la RDC pour que le travail de développement du secteur de l’élevage commence dans ce continent. La RDC dispose d’environ 610 000 ha des pâturages avec une capacité d’élevage de 40 millions de têtes du gros bétail », a-t-il déclaré. Certes, dans le Kongo-Central, dans les Kivu, des fermes s’alignent par endroits en chapelet, mais avec 35 000 têtes, fin 2015, la société GRELKA réunit le plus important cheptel bovin de RDC. 

En d’autres termes, la RDC est un État lilliputien devant le Rwanda ou le Burundi, par exemple, dans le domaine de l’élevage. Les deux grandes fermes de Grands élevages de Katongola (GRELKA) s’étendent, l’une, sur 350 000 ha près de Kamina, dans le Haut-Lomami, et, l’autre, couvre 100 000 ha sur le plateau des Biano, dans le district de Kolwezi. Deuxième plus gros éleveur de la province après GRELKA, la Pastorale du Haut-Lomami compte, quant à elle, plus de 18 000 têtes et dispose d’une concession de 212 000 ha située à environ 20 km de Kamina.

Fondée dans les années 1930, pendant la colonisation, par le baron et banquier bruxellois Henri Lambert, la société GRELKA a été rachetée en 2006 par George Forrest, qui en est l’actionnaire majoritaire (93 % du capital) et le reste revenant à l’État. Il a voulu redonner à GRELKA son lustre d’antan, celui des années 1970-1980, quand les ranchs de la société approvisionnaient en viande rouge la quasi-totalité de la clientèle du Katanga et de la province voisine du Kasaï-Oriental. GRELKA s’était donné pour mission de faire grossir le cheptel jusqu’à 40 000 têtes à fin 2018. 

« C’est le maximum que nous puissions faire, en élevage extensif, avec la superficie dont nous disposons », explique un responsable de la société. L’État n’espère aucune contribution en termes de dividendes auprès des entreprises du secteur, Pastoral du Haut-Lomami, GRELKA ou SOCOPE pour 2019.