Le nouveau mois boursier débute dans un climat stressant

C’est une prise de contact avec la réalité, ou tout comme. Après la compensation des contrats optionnels le vendredi 18 septembre, les indices actions se trouvent davantage corrélés à la réalité. Ce glissement soudain vers l’aversion au risque prend sa source en partie dans les craintes d’une nouvelle dégradation de la crise sanitaire, font remarquer des analystes économiques.

SUR LE PLAN économique, les signes de ralentissement de la reprise, à l’image des derniers PMI très contrastés, s’ajoutent aux inquiétudes concernant les restrictions potentielles pour les citoyens. Les acteurs du marché, expliquent des analystes économiques, continueront probablement à se concentrer, avec des yeux d’aigle, sur ces thématiques complexes dans les jours à venir. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant de constater que les rendements des obligations souveraines continuent de baisser, confirmant les arbitrages vers les valeurs refuges.

Il va donc falloir des stimuli exogènes pour déclencher une rupture avec cette tendance, mais cela prendra forcément du temps, argument peu recevable par des acteurs de marché qui réagissent davantage à court terme. L’aversion au risque a nettement ressurgi la semaine dernière, avec la recrudescence du nombre de contaminations au Covid-19 en Europe, laissant craindre de nouvelles restrictions sanitaires et un impact marqué sur l’économie. 

Les places financières ont ainsi subi de lourds dégagements, les dernières données macroéconomiques allant par ailleurs dans le sens d’un ralentissement de la reprise. La nervosité reste donc palpable, d’autant plus avec les incertitudes sur le Brexit, sur le plan de relance américain et ce, à l’approche de la saison des résultats et des présidentielles américaines.

La semaine dernière, tous les indices ont perdu du terrain. En Asie, le Nikkei a résisté, avec une perte hebdomadaire de 0.67 %. Le Hang Seng s’est enfoncé de 5 % et le Shanghai composite de 3.7 %. En Europe, le CAC40 a cédé 5.3 % sur la semaine, le DAX 5.2 % et le Footsie 3 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, l’Italie a reculé de 4.3 %, l’Espagne de 4.9 % et le Portugal de 6 %. Aux États-Unis, les valeurs technologiques font toujours preuve de nervosité mais l’indice Nasdaq100 est parvenu à limiter la casse, avec un gain hebdomadaire de 0.3 %. Le Dow Jones a chuté de 3 % et le S&P500 de 2.1 %.

Matières premières

L’attentisme est palpable sur les marchés pétroliers, partagés entre la baisse des stocks américains et les préoccupations entourant la demande. La reprise de la production et des exportations libyennes a aussi pesé sur la tendance la semaine dernière. Les références américaines et européennes se sont traitées ainsi en baisse, à 40 dollars pour le WTI et 41.8 dollars pour le Brent. La vigueur du dollar et le redressement des rendements réels des obligations américaines secouent le compartiment de l’or. Le métal jaune a ainsi enregistré sa pire semaine depuis le mois d’août en reculant de près de 4 % en cinq jours à 1 858 dollars. Ce recul est encore plus violent sur l’argent, dont le cours a lâché 13 % sur la semaine, à 22.7 dollars.

L’heure est à la correction des cours sur le compartiment des métaux de base. Le cuivre s’est consolidé la semaine dernière autour de 6 538 dollars la tonne métrique, le nickel a corrigé à 14 179 dollars, tandis que l’aluminium a plongé à 1 697 dollars.

Marché actions. Voici l’histoire de deux français qui ont réalisé la plus grosse IPO de l’histoire pour une société de logiciel. Si l’aventure commence en 2012, c’est le 16 septembre dernier que Snowflake s’est introduit en Bourse au prix de 120 dollars. Après une semaine de cotation au NYSE, le spécialiste du stockage numérique et du traitement de données pèse 61 milliards de dollars, soit l’équivalent d’un Dassault Systèmes ou un peu moins de trois fois celle de CapGemini.

L’engouement pour la société est tel que Salesforce et Berkshire Hathaway vont chacun investir 250 millions de dollars dans des placements privés au prix de l’IPO. Point significatif puisque la société de Warren Buffett n’est pas réputée pour investir dans des jeunes sociétés cotées qui plus est du secteur de la technologie. Sans doute parce que Snowflake profite d’une croissance à trois chiffres. 

À la lecture du document d’enregistrement auprès de la SEC, son chiffre d’affaires a progressé de 104 millions de dollars au premier semestre 2019 à 242 millions de dollars au premier semestre de 2020 progressant ainsi de 132.6 %. À ce jour, elle compte 3 117 clients avec des marques connues comme Axa, Abode, Logitech ou encore Asics… Néanmoins, la société n’a pas encore enregistré de trimestre avec un résultat net positif, en raison des coûts de développement importants.

Marché obligataire. Un peu d’aversion au risque s’est glissée sur le marché obligataire européen. Suite aux résultats relativement décevants de l’indice IFO et à la baisse persistante des indices boursiers, le rendement du Bund à dix ans est retombé à -0.51 % tandis que celui de l’OAT française se stabilisait à -0.23 %.

Les instruments de dette émis par la périphérie sud de la zone euro ont enregistré des résultats légèrement inférieurs à ceux de leurs homologues du noyau dur… L’Italie conserve néanmoins de bonnes conditions d’emprunt à dix ans, avec un taux de 0.87 %, suite aux élections locales.

Hors zone euro et toujours très recherchée, la dette suisse se traite sur une base de rémunération à -0.53 %. Aux États-Unis, le Tbond s’est raffermi légèrement à 0.66 %, conséquence des hypothèses du CBO (Congressional Budget Office) sur l’évolution négative de la dette américaine.

Marché des changes

Le retour à la prudence profite largement aux monnaies refuges, à l’image du dollar qui a regagné du terrain face à la monnaie unique (+300 points de base) à 11 630 dollars. Le yen fait partie des supports également recherchés par les cambistes, ce qui permet à la devise nippone de se valoriser de 250 points de base face à l’euro (122.75 JPY). Cette dernière s’est envolée aussi face au franc suisse, à 0.875 CHF.

De son côté, la livre sterling reste malmenée. Les nouvelles restrictions attendues pour le Royaume-Uni, la crainte d’un échec des négociations sur le Brexit et la perspective d’un taux d’intérêt directeur négatif pèsent sur la devise. Le couple GBP /JPY perd 400 points de base pour se traiter à 134 JPY. Le câble suit la même tendance pour se négocier à 1.27 dollar, contre 1.30 dollar, une semaine auparavant.

Du côté de l’hémisphère sud, les annonces de la Banque centrale néo-zélandaise n’ont eu aucun impact notoire puisque la devise a continué de décrocher. L’établissement monétaire a laissé sa politique monétaire inchangée, son principal taux directeur restant ainsi fixé à 0.25 %. Le NZD s’est échangé à 0.65 dollar contre le billet vert, soit une perte de 250 points.

Statistiques économiques. Les statistiques américaines étaient contrastées la semaine dernière, à l’image des ventes de logements existants sous les attentes alors que les ventes de logements neufs étaient meilleures que prévu (1011K). Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont remonté à 870K (845K attendu) tandis que les indices PMI manufacturier et services ont légèrement battu le consensus, à respectivement 53.5 et 54.6. En zone euro, l’activité manufacturière a poursuivi son expansion, avec un indice PMI à 53.7 (51.5 attendu et 51.7 le mois dernier). 

En revanche, l’activité dans les services a régressé (47.6 contre 50.5 le mois dernier). Cette semaine sera beaucoup plus chargée, avec notamment la croissance américaine, l’ISM manufacturier, les commandes industrielles et surtout le rapport mensuel sur l’emploi américain.