Le nouveau président du Medef a pour tâche de redorer son image très dégradée dans l’opinion

 Le verdict est tombé: Geoffroy Roux de Bézieux a été élu mardi 3 juillet président du Medef avec 55,8 % des voix. Le scrutin s’annonçait très serré entre les deux finalistes, Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot. 

Les 556 électeurs de l’Assemblée générale se réunissaient à la Maison de la Mutualité à Paris en France. Après avoir entendu le président sortant, Pierre Gattaz, et les deux candidats, ils ont procédé à un vote électronique. « Je saurai me montrer le plus digne possible », a déclaré le nouveau patron des patrons juste après la proclamation des résultats. Soulignant dans un discours avant la tenue du scrutin que les cinq prochaines années seraient « pleines d’incertitudes » aussi bien de « nature politique » que « géostratégique », Geoffroy Roux de Bézieux a jugé qu’il fallait « transformer » le Medef « pour aider à transformer le pays ».

Il a par ailleurs dit vouloir « continuer le combat pour la compétitivité » des entreprises « à la fois sur le coût du travail et les impôts de production », « augmenter » les efforts sur le développement des salariés et « transformer le paritarisme » pour « obtenir une véritable autonomie de décision ou de gestion ». Soulignant que de « nombreux observateurs » se réjouissaient « d’une prétendue fin des corps intermédiaires », il a lancé: « l’État n’a pas le monopole de l’intérêt général ». « Les Français savent que demain ce sont nous, les entrepreneurs, qui allons changer le monde », a-t-il déclaré.

Les chantiers de l’avenir

Partis favoris dès le départ, alors que neuf personnes briguaient le poste, Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot avaient progressivement rallié à eux les autres prétendants. Les électeurs avaient le choix entre deux profils différents. L’un, Geoffroy Roux de Bézieux, est un créateur d’entreprise récidiviste, qui a fait fortune dans le domaine des télécoms. Diplômé de l’Essec, vice-président du Medef chargé de la fiscalité et du numérique, il est aujourd’hui patron de Notus Technologies, un groupe qui investit dans des start up et des PME, et affiche l’ambition d’incarner un patronat « moderne », capable de « renouveler » l’organisation patronale, dont l’image est très dégradée dans l’opinion publique.

L’autre, Alexandre Saubot, a un profil un peu plus traditionnel: polytechnicien, patron du groupe industriel familial Haulotte, il s’est illustré en étant le négociateur social du Medef et promettait, s’il est élu, de « réconcilier la France et l’entreprise ».

À la différence de la précédente élection en 2013, où Pierre Gattaz avait réussi à ranger derrière lui ses principaux adversaires – dont Geoffroy Roux de Bézieux, déjà candidat à l’époque – rien n’était joué d’avance cette fois-ci. « Je pense que ça sera serré », avait lui même admis le patron de Notus Technologies lundi 2 juillet sur Europe 1. Et ce, même s’il avait remporté la première manche, arrivant en tête du vote, purement consultatif, des 45 membres du conseil exécutif du Medef. Les deux rivaux avaient bataillé dur pour gagner des soutiens auprès des fédérations professionnelles et territoriales, qui représentent respectivement 375 voix et 170 voix à l’Assemblée générale. Ils se sont aussi livrés à une lutte médiatique effrénée, chacun affirmant être en avance dans la course, et appelant l’autre à se rallier à lui. À son dernier décompte, Geoffroy Roux de Bézieux, derrière qui se sont rangés cinq anciens candidats, revendiquait le soutien de 22 fédérations professionnelles et de plus d’une cinquantaine de territoires. Fin mai, une centaine de chefs d’entreprise de la French Tech avaient signé une tribune en sa faveur et fin juin, trois grandes figures du patronat, le très libéral Denis Kessler, Maurice Lévy et Gérard Mestrallet, appuyaient sa candidature dans les Échos.

De son côté, Alexandre Saubot avait obtenu le soutien officiel de 18 fédérations professionnelles – dont de grosses disposant de nombreuses voix, telles que l’UIMM (métallurgie), la Fédération bancaire française ou encore la Fédération nationale des travaux publics – et d’une vingtaine de fédérations territoriales, selon un décompte de son équipe de campagne. Une cinquantaine de patrons a aussi signé une tribune le soutenant.

Les deux candidats convenaient tous les deux que le président élu aura pour mission de « rassembler » autour de lui et de rénover le Medef après cinq années de règne de Pierre Gattaz, diversement apprécié dans le mouvement, afin d’être un interlocuteur de poids face à un exécutif enclin à se passer des corps intermédiaires.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, il y a un « sujet de réforme interne » à mener. « Il faut donner un nouveau visage au Medef, plus jeune, plus représentatif des nouveaux secteurs notamment la technologie et plus féminin », a déclaré sur Europe 1 le candidat qui a été rallié pendant la campagne par la seule femme à s’être lancée dans la course, Dominique Carlac’h.

Alexandre Saubot avait promis pour sa part « une méthode nouvelle » et « une équipe renouvelée » – il avait d’ores et déjà annoncé que s’il était élu, son numéro deux serait Christophe Catoir, le président de The Adecco Group en France, un homme issu du secteur des services qui n’a pas encore eu de mandat au Medef. Et il avait l’intention de réduire le mandat du président à trois ans renouvelable, contre cinq ans actuellement.