Le plastique est aujourd’hui « une bête à abattre »

De plus en plus, les pays prennent la mesure de la lutte contre l’usage des sacs et accessoires plastiques. Fini donc l’époque où l’on a considéré le plastique comme un matériau « magique ». La communauté internationale se prépare à faire le point l’année prochaine. 

ON PARLE TROP de plastique, qu’est-ce finalement ? C’est un véritable fléau à l’échelle mondiale, expliquent les experts. Tenez : sur les 8,3 millions de tonnes de plastique qui ont été produites depuis les années 1950, environ 60 % ont été entassés dans des décharges ou dans la nature. Bien des pays comme la France viennent de franchir un pas dans la lutte contre le plastique, en interdisant la consommation des emballages durables car les déchets plastiques sont une source de pollution majeure, et en sanctionnant les récalcitrants. 

Actuellement, une soixantaine de pays tentent, à leur échelle, de réduire l’impact de ce fléau. Par exemple, le gouvernement français a annoncé le 12 août qu’il allait attaquer directement le porte-monnaie des Français pour généraliser le recyclage du plastique. Un système qui fonctionnera sous la forme d’un « bonus-malus ». À partir de 2019, les bouteilles conditionnées dans du plastique non recyclé seront plus chères et les produits à base de plastique pourraient coûter jusqu’à 10 % de plus que les autres.

La guerre des sacs

Mais la France n’est pas le seul pays à prendre des mesures pour lutter contre le « tout plastique », alors que plus de 300 millions de tonnes de ce déchet sont produites chaque année. À l’instar de la France, bien des pays tentent également de réduire leur consommation de sacs et d’accessoires à usages uniques. La Nouvelle-Zélande a annoncé le 10 août dernier l’interdiction progressive des sacs en plastique à usage unique en 2019. « Nous devons être beaucoup plus malins dans la façon dont nous gérons les déchets, et c’est un bon départ », s’est félicité Jacinda Ardern, la 1ER Ministre néo-zélandaise.

Une semaine avant, le 3 août, c’est le Chili qui annonçait l’interdiction des sacs en plastique, devenant ainsi le premier pays d’Amérique du Sud à prendre ce type de mesures. Au Chili, la pollution du littoral est très visible, surtout en hiver où les plages du centre du pays sont jonchées de déchets. Au large des côtes chiliennes et péruviennes flotte notamment une immense nappe de plastique de la taille de l’Allemagne. Une menace dans un pays d’une grande biodiversité, principalement pour les mammifères et des oiseaux marins susceptibles d’ingérer des particules.

En Afrique, le Rwanda et le Kenya sont les champions de la lutte contre le tout plastique. Ils ont la législation la plus sévère, en ce sens que les contrevenants encourent de fortes amendes. En contrepartie, des sacs en coton réutilisables sont distribués aux citoyens et les entreprises qui souhaitent investir dans le recyclage sont subventionnées.

L’Inde a accueilli cette année la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin. Tout un symbole pour ce pays en pleine croissance qui produit chaque année environ 6 millions de tonnes de déchets plastiques non recyclables. Face à ces quantités astronomiques de déchet, le gouvernement indien veut mettre un frein au suremballage. Ainsi, Delhi interdit sacs et emballages en plastique depuis 2009, bien qu’elle soit l’une des villes du monde les plus polluées. Plus récemment, c’est dans l’État du Maharashtra et dans sa capitale Mumbaï que la guerre au plastique a été déclarée. 

Depuis le 25 juin, l’usage des couverts, assiettes, sacs et bouteilles en plastique est prohibé. Les contrevenants encourent une amende, voire une peine de prison. Narendra Modi, le 1ER Ministre indien, a annoncé vouloir bannir tous les plastiques à usage unique d’ici 2022.

En mai dernier, la Commission européenne a indiqué que les pailles en plastique, les couverts jetables, le coton-tige… Autant de petits objets du quotidien vont être remplacés par des « alternatives durables ». Au diapason, plusieurs métropoles nord-américaines ont pris l’initiative d’interdire ces mêmes objets. À Seattle, les restaurateurs ne peuvent plus proposer des pailles ou d’ustensiles en plastique. San Francisco lui a emboîté le pas en compagnie de Malibu, Miami Beach ou encore Berkeley. Hélas, s’inquiètent les spécialistes, tous ces efforts demeurent insuffisants face au désastre qui se profile à l’horizon. Si la production de plastique ne faiblit pas drastiquement, les océans contiendront plus de plastique que de poissons d’ici 2050. Près de la moitié des déchets qui terminent dans les océans sont issus de seulement cinq pays : la Chine, l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam.