Le pont Maréchal mérite toujours une cure de jouvence

Classé au 69ème rang des ponts les plus longs du monde, cette merveille technologique, qui fait la fierté de la RDC,  va totaliser ses 32 ans d’existence.  Invitation patriotique à protéger cet important chainon du système économique du pays.

Le pont Maréchal, à Matadi, constitue un haut lieu touristique.
Le pont Maréchal, à Matadi, constitue un haut lieu touristique.

Il figure parmi les grands souvenirs que le président Joseph Mobutu a légué à la population congolaise.  Le pont Maréchal Mobutu, gigantesque ouvrage long de 722 mètres jeté sur le fleuve Congo, plus précisément à Matadi, dans la province de Kongo Central, à l’Ouest de la République démocratique du Congo(RDC), va accomplir ses 32 ans d’âge. Ce sera le 20 mai prochain.

Dans la perspective de cet événement, le gouvernement japonais, par l’entremise de sa branche chargée de la coopération internationale, a annoncé l’octroi imminent d’un financement évalué à 635 millions de dollars, rapporte le quotidien kinois L’Observateur. Selon la source, ce crédit, non remboursable, est destiné à assurer la maintenance du pont. Ce qui permettra de pousser son endurance jusqu’à 200 ans de vie.

Modero Matondo Nsimba, directeur de l’Organisation pour l’équipement de Banana-Kinshasa (OEBK), structure qui gère ce pont, a exprimé devant un groupe de journalistes de la presse congolaise en visite dans la capitale portuaire son vœu de voir la consolidation de ce projet qui devrait aboutir à la construction d’un port en eau profonde à Banana. Il a fait cette déclaration en présence du troisième secrétaire de l’Ambassade du Japon en RDC, Kuzuya Takahashi.

Plaider en faveur du port en eau profonde de Banana 

C’est pour cette raison que, profitant de l’occasion, le directeur de l’OEBK a lancé un appel aux autorités congolaises.  Selon lui, la délégation congolaise qui prendra part au sommet de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique) au Japon devra plaider en faveur de la réalisation du grand projet du port en eau profonde de Banana et du chemin de fer Banana-Matadi. « Cela va donner un sens à la phrase écrite par Stanley à la sortie de la ville de Matadi : ‘’Par ici  passa le premier chemin de fer qui apporta la civilisation à ce pays’’ », a-t-il indiqué.

Cette belle œuvre technologique et architecturale posée sur la route nationale n°1 a été inaugurée le 20 mai 1983. Elle est le fruit de la coopération entre le Japon et le Zaïre, aujourd’hui RDC.  Sa construction a été rendue possible grâce à un prêt du gouvernement japonais estimé à 345 millions de dollars. L’objectif visé par ses initiateurs était de relier par un pont-route-rail le bief inférieur du fleuve Congo (Boma-Banana) au bief supérieur (Matadi-Kinshasa), en vue de faciliter l’accès à l’océan Atlantique et d’améliorer les conditions de transport import-export de la République démocratique du Congo.

Ainsi depuis plus d’une trentaine d’années, le pont mixte-route-rail favorise les déplacements de la population et les échanges commerciaux entre les deux rives du fleuve Congo. Les véhicules en provenance des ports de Boma et de Banana alimentent les villes de Matadi et de Kinshasa en vivres et d’autres produits par cette voie obligée.

Ce pont génère également des recettes importantes pour le compte du Trésor public depuis l’implantation, en 2009, d’une barrière électronique construite sur fonds propres par des entreprises serbes et Chanimétal pour un coût estimé à 600 mille dollars.

Une attraction touristique

Pour assurer sa sécurité, une vingtaine de caméras de vidéosurveillance ont été installées par une entreprise serbe sur ce pont à Matadi.  Pour l’OEBK, l’installation de ces équipements sur l’ouvrage devrait garantir la sécurité au maximum et contribuer à endiguer la fraude à ses postes d’entrée et de sortie.  « Le coût de l’installation de cette technologie se chiffrait à près de 250 mille Euros », apprend-t-on du journal L’Observateur.

Depuis sa construction en 1983, le pont Maréchal a souffert d’une absence d’entretien.  Des signes de corrosion ont été décelés sur les câbles qui soutiennent ce pont de modèle suspendu.  Les premières inspections n’ont débuté, à vrai dire, qu’en 2004.  Des travaux de maintenance ont ainsi été menés par les ingénieurs japonais de l’Agence de coopération internationale (Jica). En 2013, une enveloppe de 6 millions de dollars avait été allouée par Tokyo pour assurer l’entretien et la maintenance des câbles de soutènement de cette belle œuvre architecturale.

Sa proximité avec la ville portuaire de Matadi a causé, il y a deux ans, un problème très sérieux pouvant porter atteinte à sa vie. En effet, des constructions anarchiques ont été observées tout près de cette magnifique œuvre provoquant de sérieuses inquiétudes dans le chef des dirigeants de l’OEBK.  Pourtant, à son inauguration, les constructions étaient interdites jusqu’à une distance de 200 mètres.

Le pont Maréchal constitue aussi un lieu  touristique pour toute personne de passage à Matadi.  « Les installations sont ouvertes chaque jour au public. Les visites ne coûtent qu’une modique somme de 200 francs pour les adultes et 100 francs pour les petits enfants en âge de scolarité. Les enfants de moins de six ans sont exemptés », affirme un natif du coin. Le « touriste » muni d’un appareil photo paie en plus 1000 francs pour réaliser des photos. Les véhicules, par contre, paient un droit de péage qui oscille entre 20 et 80 dollars, selon le type de véhicule.

« Chaque dimanche, ils sont nombreux, les Matadiens et des personnes de passage dans la ville, qui s’y rendent, certains en famille. Tous tiennent à immortaliser les moments passés sur cet ouvrage, fruit de la coopération nippo-zaïroise », explique un observateur.