Le Premier Ministre salue le soutien de la Banque Mondiale au barrage d’Inga III

Montage d’une ligne haute tension partant d’Inga pour Kinshasa.
Montage d’une ligne haute tension partant d’Inga pour Kinshasa.

La nouvelle était très attendue. La Banque Mondiale a validé, le 20 mars dernier, un don de 73,1 millions de dollars destiné à financer un projet d’assistance technique en vue de la construction du futur barrage hydroélectrique d’Inga III, sur le fleuve Congo. La décision de la Banque Mondiale enchante le Chef du gouvernement de la RDC. « C’est un signal très fort envoyé à l’ensemble de la communauté internationale. Cette décision conforte la RDC dans sa volonté de mener à bien ce projet primordial pour le pays et l’ensemble du continent », a déclaré le Premier ministre Matata Ponyo dans un communiqué de presse parvenu à Business et Finances. Lancé il y a dix ans, indique le communiqué du Cabinet du Premier Ministre, Inga III doit permettre de produire 4 800 MW, soit l’équivalent de trois réacteurs nucléaires de troisième génération, sur le site des chutes d’Inga, dans la province du Bas-Congo. À ce jour, la puissance électrique installée en RD-Congo est de 2 500 MW.

12 milliards de dollars pour la construction d’Inga III

Le coût total du projet est évalué à 12 milliards de dollars. Cela comprend la construction du barrage et de la centrale (11 turbines), les frais financiers et l’édification, en territoire congolais, de la ligne à haute tension reliant Inga III à l’Afrique du Sud, via Kolwezi dans la province du Katanga.
Communiqué de presse Primature

Les deux barrages mis en service dans les années 1970, Inga I et Inga II, en cours de réhabilitation, ont actuellement une production de 1 000 MW pour une capacité de 1 800 MW. Le communiqué de presse parle d’un déficit énergétique qui constitue un frein au développement économique du pays tandis que 9 % seulement de la population congolaise a accès à l’électricité. « Le coût total du projet est évalué à 12 milliards de dollars. Cela comprend la construction du barrage et de la centrale (11 turbines), les frais financiers et l’édification, en territoire congolais, de la ligne à haute tension reliant Inga III à l’Afrique du Sud, via Kolwezi dans la province du Katanga », renseigne le document. Pour ce qui est du début des travaux, il est prévu entre fin 2015 et début 2016. Le communiqué de presse précise que l’exploitation du site sera octroyée, sous forme de concession, à un consortium sélectionné sur appel d’offres. À ce jour, note le document, trois consortiums ont manifesté leur intérêt : China Three Gorges Corporation et Sinohydro (Chine) ; Daewoo et Posco (Corée) et SNC-Lavalin (Canada) ; Actividades de Construccion y Servicios (ACS) et Eurofinsa (Espagne). On rappelle que le 30 octobre 2013, le président Joseph Kabila de la RDC et son homologue sud-africain Jacob Zuma, ont signé un accord de partenariat. L’accord indique que l’Afrique du Sud s’engage à acheter 2 500 MW produits par Inga III. Le reste de la production (2 300 MW) sera réservé au réseau congolais exploité par la Société nationale d’électricité (SNEL), pour les populations (1 000 MW) et les opérateurs miniers (1 300 MW) dont la production est limitée par le manque d’énergie disponible. L’occasion pour le Premier ministre de souligner que « cet accord avec l’Afrique du Sud a sécurisé le projet et son financement. À présent, nous pouvons accélérer les discussions avec l’ensemble des partenaires techniques et financiers, publics et privés. Ce projet est tellement grand qu’il y a de la place pour tout le monde ».

Selon la BM, le projet renforcera les capacités institutionnelles de la RDC grâce à la création d’un organisme autonome et transparent, l’Agence de développement et de promotion du site d’Inga (ADEPI), « qui se conformera aux meilleures pratiques internationales dans le choix du concessionnaire privé et lors des négociations de contrats d’achat d’électricité ». L’institution de Bretton Wood pense, par ailleurs, que le projet financera la réalisation d’études techniques, environnementales et sociales visant à ce que le développement du projet Inga 3 Basse chute (BC) et de plusieurs projets hydroélectriques de taille moyenne se fasse de façon durable.

Un projet potentiellement porteur de transformations

S’appuyant sur les déclarations du premier ministre congolais, Matata Ponyo, la BM note qu’Inga 3 BC reste, sans conteste, le projet le plus à même de transformer l’Afrique en ce 21ème siècle. « Il constitue l’un des piliers stratégiques pour l’émergence du Congo qui a besoin d’énergie pour libérer la croissance dans une optique de réduction durable de la pauvreté », avait déclaré le premier ministre de la RDC.

Pour Matata Ponyo, en effet, cette implication du Groupe de la Banque mondiale dans ce projet conforte sa mission de lutte contre la pauvreté, et son engagement constant au côté du Gouvernement congolais dans son ambition légitime d’inscrire le pays sur l’orbite du développement.

Le plus grand site hydroélectrique du monde

Inga sera, avec sa capacité potentielle de 40 000 MW, le plus grand site hydroélectrique du monde derrière la Chine et la Russie, mais aussi l’une des sources d’énergie les moins coûteuses d’Afrique puisque son coût de production est estimé à 0,03 dollar/kWh. Techniquement, le développement du projet Inga 3 BC prévoit le détournement d’environ le sixième du débit du fleuve Congo dans la vallée de la rivière Bundi, sur laquelle sera construit un barrage qui créera un réservoir de 15,5 km2. Inga 3 BC ne comprend pas la construction d’un barrage sur le fleuve Congo lui-même. Selon une évaluation environnementale et sociale préliminaire, citée par la BM, l’empreinte du projet Inga 3 BC sera limitée en comparaison de projets hydroélectriques de même capacité : la superficie de terres inondées par mégawatt (MW) produit sera en effet l’une des plus faibles au monde.

Grâce au fleuve Congo, le deuxième au monde par son débit (40 000 m3/sec) après l’Amazone, « la RD-Congo dispose d’un potentiel hydroélectrique unique en Afrique. Ses ressources hydroélectriques sont estimées à 100 000 mégawatts (MW), soit plus du tiers du potentiel africain ». Près de la moitié de ces capacités de production énergétique, précise le communiqué de presse, est concentrée sur le seul site d’Inga (40 000 MW), à une trentaine de kilomètres de la ville portuaire de Matadi. Les chutes naturelles d’Inga et leur fort dénivelé permettent à ce site de produire une électricité très compétitive.