« Le projet BYB est une vraie dynamique de mise en valeur de l’immense potentialité agricole de notre pays »

BILANGA Ya Betu (BYB) est un projet agricole communautaire, une coopérative agricole née en 2017, en République démocratique du Congo, de l’initiative des professionnels divers, des citadins et des Congolais de l’étranger, passionnés d’agriculture et visant la promotion de la production, de la transformation et de la consommation agricoles (agroalimentaire et agropastorale) locales. Autrement dit, les catégories des personnes précitées, en étroite collaboration avec des associations rurales, se sont engagées à « créer une dynamique qui mettrait en valeur l’immense potentialité agricole de notre pays (qui continue à tout importer massivement), une dynamique qui valoriserait réellement le travail de nos paysans et des petits producteurs locaux en leur créant des débouchés pour ce qui est de l’écoulement de leur production ». 

D’après son promoteur, Serge Mbay Kabway, BYB sert aujourd’hui de réseau ou plate-forme au sein de laquelle les Congolais peuvent s’associer pour produire et transformer avec leurs ressources, consommer la production agroalimentaire issue de leur propre travail ou de celui de leurs partenaires locaux. « C’est de la solidarité agricole, déclare-t-il. Outre les exploitations collectives, les initiatives personnelles sont très encouragées, accompagnées techniquement. En effet, nombre de Congolais détiennent des grandes étendues cultivables qu’ils n’ont jamais mises en valeur, c’est-à-dire des acquisitions ou possessions essentiellement prestigieuses. » 

Selon Serge Mbay, BYB essaie de répondre à la question de savoir comment assister tous ces compatriotes à  exploiter leurs terres, à produire et à contribuer efficacement à l’autosuffisance alimentaire. « En RDC, les coopératives agricoles font nécessairement penser à des associations paysannes ou rurales défendant leurs intérêts. Le sens d’une coopérative urbano-rurale consiste à mobiliser massivement les citadins, indépendamment de leurs carrières professionnelles, à s’impliquer sans réserve dans le travail de la terre jusqu’ici entièrement réservé aux paysans et perçu comme activité de basse classe », souligne-t-il.

La RDC est un pays à vocation agricole, un grenier alimentaire appelée à nourrir plus de 2 milliards de personnes, selon la FAO. La tâche s’avère ardue pour arriver à la porter au rang de leader agricole mondial. C’est pourquoi, Serge Mbay pense qu’il faut avant tout une « politique agricole nationale claire qui tienne compte des potentialités du pays et de multiples enjeux nationaux comme internationaux, facile à vulgariser ». 

« Hectare cultivable »

Développer « l’esprit ou la mentalité de l’hectare cultivable », issu du rapport de 80 millions d’hectares arables répartis entre 80 millions d’habitants, équivalents à un hectare de terre arable par tête d’habitant, c’est la préoccupation majeure de BYB. « La mentalité de l’hectare arable signifie intégrer l’initiation agricole (pratique et théorique) dans le programme d’enseignement national, du niveau maternel au cycle universitaire ; promouvoir l’apprentissage agricole de la population par le tourisme agro-écologique ; obtenir de tous, sans exception, l’engagement, l’implication dans le développement agricole, indirectement soit-il », explique son promoteur. 

Mais elle signifie aussi : « Investir sérieusement dans les routes de desserte agricole ; réguler les importations débordantes qui tuent la production locale et le petit producteur ; doter la recherche agricole des moyens nécessaires, raviver l’enseignement technique agricole ; financer les entrepreneurs du secteur à des taux d’intérêts raisonnables ; légiférer sur le statut de l’agriculteur ; initier une réforme agraire plus équitable… » Et Serge Mbay ajoute : « À défaut d’une journée entière, dédier une demi-journée de la semaine à la pratique agricole communautaire, investir dans les énergies écologiques qui boosteraient l’agro-industrie… La mentalité de l’hectare arable, c’est être capable de produire en abondance de la nourriture saine et bon marché, maîtriser ce que nous consommons… C’est cette logique qui devrait habiter et guider tout Congolais. » Bref, c’est une « dynamique de développement par la base »