Le Qatar et les Émirats arabes devant la Cour internationale de justice

En raison de « violations des droits de l’Homme » liées, selon lui, à une « discrimination contre le Qatar et ses citoyens », Doha a saisi la CIJ contre les Abou Dhabi. 

Le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont coupé tous leurs liens avec le Qatar en l’accusant notamment de « financer le terrorisme », malgré les fermes démentis de Doha. Les princes du Qatar ont dénoncé « un blocus » aérien, maritime et terrestre, ainsi que l’expulsion de leurs concitoyens par les pays adverses, l’interdiction pour des Qataris d’entrer ou de transiter par les Émirats, la fermeture de l’espace aérien et des ports émiratis au trafic vers et depuis le Qatar, l’interférence dans des biens détenus par des Qataris et une discrimination contre des étudiants aux Émirats.

Dans une déclaration diffusée la semaine dernière par son ministère des Affaires étrangères, le Qatar s’en prend en particulier aux Émirats arabes unis, dont les actions ont eu « un effet dévastateur sur les droits de l’Homme de Qataris et de résidents du Qatar » qui ont fait l’objet de « mesures de discrimination » aux Émirats. 

Forte croissance grâce au pétrole

Jusqu’en 2014, le Qatar avait la croissance économique la plus élevée de la région du Golfe grâce aux renchérissements des cours du pétrole mais aussi depuis quelques années grâce à la mise en place de son programme gazier. Cependant, l’économie de ce pays reste très dépendante du pétrole qui représentait en 2014 plus de 66 % de ses revenus. Le krach sur le cours du baril de pétrole qui est passé de 127 dollars fin 2014 à 30 dollars en janvier 2016 n’est pas sans conséquences sur le budget. En tant que pays producteur de pétrole (OPEP), le Qatar est derrière l’Arabie saoudite et l’Irak, l’Iran et les Émirats.

Diversification économique

C’est la découverte du pétrole dans les années 1940, qui va complètement transformer l’économie du pays. Les ressources principales du Qatar proviennent maintenant des exportations de pétrole et de gaz naturel. Le Qatar détient actuellement les troisièmes réserves de gaz (24 700 milliards de m3, soit 13,3 % des réserves prouvées mondiales à fin 2013) après l’Iran et la Russie. Le Qatar  a accueilli la première Bourse des matières énergétiques du Moyen-Orient, Energy City. Doha abrite les bureaux des sociétés du secteur ainsi qu’une myriade de services : laboratoires, banques, assurances, centres de formations, hôtels…

La dépendance à l’égard du gaz et, dans une moindre mesure, du pétrole, a incité les autorités qataries à s’orienter vers une diversification de l’économie. Elles entendent ainsi développer le tourisme et se confronter à la concurrence de Dubaï, notamment avec la construction de The Pearl, un archipel artificiel dédié au tourisme. Le Qatar est par ailleurs le premier émetteur mondial de CO2 par habitant, avec une émission par habitant trois fois supérieure à celle des États-Unis. 

L’économie du Qatar dépend en grande partie d’une importante main-d’œuvre étrangère travaillant principalement dans le secteur de la construction. Le PIB du Qatar a plus que triplé en cinq ans, atteignant le chiffre de 173 milliards de dollars en 2013. En outre, le pays génère de très confortables excédents financiers, ce qui lui permet de lancer de grands programmes industriels. À côté du pétrole et du gaz, l’agriculture, l’élevage et la pêche, ressources traditionnelles du Qatar, sont également à l’ordre du jour, grâce à l’implantation de fermes expérimentales de l’État. La pêche, quant à elle, satisfait à 90 % la demande locale. 

Défendant cependant le principe de la libre entreprise, il encourage l’investissement privé par certaines incitations fiscales comme la suppression d’impôt sur le revenu des personnes physiques. Quant aux sociétés étrangères, elles sont imposées de 5 % à 35 % sur les bénéfices qu’elles réalisent sur place, encore que nombre d’entre elles fassent exception à la règle, soit parce qu’elles sont des coentreprises, soit parce qu’elles sont sous contrat avec l’État.

L’émir Hamad ben Khalifa Al Thani a fait de cette péninsule l’un des États les plus prospères du monde. Gratte-ciel, centres commerciaux, hôtels, lotissements chics, villas luxueuses, universités, musées… La capitale, Doha qui a triplé en superficie depuis la fin des années 1990, et qui n’en finit pas de grignoter le désert, accueille à elle seule la moitié de la population. Qatar Airways est l’une des quatre compagnies aériennes mondiales classées 5 étoiles. Le premier client du Qatar est le Japon. 

Les fournisseurs sont plus diversifiés : Japon, Royaume-Uni, France, États-Unis et Allemagne. Le taux de chômage du Qatar est presque nul puisqu’il avoisinait le 0,1 % en 2017.