Le retrait américain du projet Inga III compromet ipso-facto les financements attendus de la BM et de la BAD

Les pressions de l’opinion publique américaine, à travers les ONG, ont poussé le Congrès américain à opposer une fin de non-recevoir à tout soutien des Etats-Unis à des projets hydroélectriques d’envergure en Afrique et en Asie. La mesure ne concerne donc pas sélectivement la RDC, on pourrait bien se consoler.

Mais à bien lire les évènements, on aurait bien  tort à ne pas faire le lien direct avec un autre évènement qui s’est passé au conseil d’administration de la banque mondiale le 11 février passé : report de la validation d’un prêt de 73 millions de dollars américains pour la construction de cette centrale hydroélectrique d’une capacité de 4 800 MW.

Quel serait le plus grand bien pour le commun de congolais entre voir une lampe allumée dans sa maison ou contempler un gros ouvrage dont la production ne lui profite pas  , fût-il, le plus grand hydroélectrique au monde ?

 En effet, le Conseil d’administration de la Banque mondiale, qui représente ses 188 Etats-membres, avait, contre toute attente, reporté sine die sa réunion prévue le 11 février 2014 au cours de laquelle il devait valider un prêt de 73 millions de dollars en faveur du projet baptisé Inga III. La Banque mondiale aurait il subit le diktat de Washington ? Très possible lorsqu’on connait l’emprise des Etats Unis sur cette institution qui, selon accord non écrit, n’a été dirigée que sous la mouvance des Usa.

En terme simple, il n’y aurait donc plus d’argent américain dans le projet Inga 3. Ce qui rend par conséquent incertain la participation aussi bien de la BM que de la Bad, deux institutions financières internationales acquises totalement à la cause des Etats-Unis à la fois actionnaire de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, deux institutions financières dont l’appui au projet est décisif. Or, on sait que le RDC n’a pas le moyen d’investir sur ce projet qui coute 10 $ milliards USD. Va-t-elle se retourner vers les chinois dont les financements de 5 chantiers tardent à livrer leurs résultats aujourd’hui plus de 5 ans après ? L’Afrique du Sud à qui va bénéficier la moitié de la production va telle consentir de nouveau sacrifices pour faire avancer les études ? Tout compte fait, les observateurs avertis ne voient que l’impasse  en dehors de l’appui de ces institutions de financement. Mais au-delà de ce que l’on peut déjà considérer comme un échec, n’est-il pas temps de réfléchir sur l’opportunité de la construction d’un ouvrage dont plus de la moitié de la production est destinée à l’exportation, un ouvrage qui va, en plus, re-endetter le pays ? Ne faudrait-il pas plutôt couvrir d’abord les besoins congolais à partir d’installations plus modestes réparties un peu partout sur le territoire, ensuite, les interconnecter pour assurer plus de régularité aux fournitures d’énergie, et enfin, seulement, envisager, si nécessaire, de coiffer le tout d’une méga centrale du genre Inga 3 ? Après tout, quel serait le plus grand bien pour le commun de congolais entre voir une lampe allumée dans sa maison ou contempler un gros ouvrage dont la production ne lui profite pas  , fût-il, le plus grand ouvrage hydroélectrique au monde ?