Le Rwanda élit ses députés, le FPR vainqueur attendu

KIGALI,  (AFP) – Quelque six millions de Rwandais devaient commencer à voter dès 07H00 (05H00 GMT) lundi pour des législatives qui devraient voir sans surprise une victoire écrasante de la coalition menée par le Front patriotique rwandais (FPR), au pouvoir sans partage depuis 1994.

Selon la Commission électorale nationale (NEC), 410 candidats, répartis sur quatre listes hormis une poignée de candidats indépendants, briguent les suffrages des électeurs, à l’issue d’une campagne qui n’a pas suscité d’effervescence particulière.

Seuls incidents notables, les explosions de deux grenades, vendredi et samedi, ont tué deux personnes et fait une vingtaine de blessées devant un marché de Kigali. Une série d’attaques similaires, non revendiquée, avait visé la capitale en 2010 à l’approche de la présidentielle, puis en mars et juillet derniers.

Le gouvernement rwandais a attribué samedi ces attaques à des dissidents du régime en exil en Afrique du Sud, les accusant d’être alliés aux rebelles rwandais des Forces démocratique de libération du Rwanda (FDLR) basés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), frontalier du Rwanda.

Une participation très élevée est attendue lundi, les citoyens étant habituellement fortement incités à voter par les différentes autorités locales. Lors des législatives de 2008, la participation s’était élevée à 98,5% et à 97,5% pour la présidentielle de 2010.

Vingt-sept des 80 membres de la Chambre des députés – 24 femmes, deux représentants des jeunes et un des handicapés – sont élus au suffrage indirect par des collèges et conseils locaux et nationaux.

Lundi, 53 sièges seront attribués au suffrage universel direct, dans un scrutin à la proportionnelle. Un minimum de 5% des voix est exigé pour entrer à la Chambre. Les représentantes des femmes seront élues mardi et ceux des jeunes et handicapés mercredi.

Le FPR emmène une coalition comprenant quatre autres petits partis. En face, le Parti libéral (PL), le Parti social-démocrate (PSD) et le PS-Imberakuri tenteront de grappiller quelques sièges, avec des chances extrêmement limitées de remettre en cause l’hégémonie du parti du président Paul Kagame, estiment les analystes.

Le FPR et ses alliés détenaient 42 des 53 sièges attribués au suffrage direct dans la précédente Chambre basse du Parlement bicaméral, la seule du monde à être majoritairement féminine (56,3%).

Les députés issus du suffrage indirect, même si officiellement non partisans, sont traditionnellement réputés favorables au pouvoir.

La spectaculaire transformation du pays depuis 20 ans, son incontestable réussite économique et la forte éradication de la corruption sont largement attribuées à la politique du président Kagame.

Dévasté et traumatisé lorsque les rebelles du FPR prirent le pouvoir en 1994, mettant fin à un génocide qui venait de faire environ 800.000 morts essentiellement dans la minorité tutsie, le Rwanda enregistre ces dernières années la croissance la plus forte d’Afrique de l’Est.

Mais, détracteurs du régime et observateurs dénoncent un multipartisme en trompe-l’oeil et l’absence de liberté d’expression.

PL, PSD et PS-Imberakuri sont qualifiés par de nombreux analystes d’être des formations-satellites servant de faire-valoir au FPR, présent à tous les échelons administratifs de la société rwandaise.

Le PL et le PSD avaient soutenu Paul Kagame à la présidentielle de 2003 avant de présenter leurs propres candidats sept ans plus tard, ce qui n’avait pas empêché sa réélection triomphale avec 93% des voix.

Quant au PS-Imberakuri, dont l’ex-président est emprisonné depuis 2010 pour atteinte à la sûreté de l’Etat et “divisionnisme”, il est soupçonné d’avoir été phagocyté par des partisans du FPR, ce dont il se défend.

Si 11 partis sont officiellement enregistrés au Rwanda, l’opposition virulente au régime Kagame est en exil ou non homologuée.

Les Forces démocratiques unifiées (FDU), non reconnues légalement et dont la présidente Victoire Ingabire est emprisonnée notamment pour conspiration contre l’Etat, ont qualifié le scrutin de “mascarade”.

Les quelque 15.500 bureaux de vote devaient fermer dès 15H00 locales (13H00 GMT).