Le Rwanda exploite déjà, la RDC se prépare

La question relative à l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu pour la production de l’électricité et les autres usages continue à alimenter des conversations. Parmi les préoccupations exprimées, les Congolais se demandent si le pays est informé de l’exploitation par le Rwanda voisin, de ce gaz du lac qui constitue la frontière entre ces deux pays, à un certain niveau. Ces préoccupations ont été endossées par un député, Ernest Hamuli, qui les avait transformées en question à poser au ministre des Ressources hydrauliques et électricités, Bruno Kapandji, au cours de la session extraordinaire du mois de janvier dernier. Dans ses réponses, le ministre a reconnu les informations sur l’exploitation, par le Rwanda, du gaz méthane du lac Kivu ainsi que des accords entre ce pays et la RDC, sur exploitation commune.

Dans ce domaine, la première initiative du gouvernement congolais porte sur un projet en cours de préparation portant sur la construction d’une centrale électrique à gaz méthane de 20 MW de capacité. Des études financées par la Banque africaine de développement, dans le cadre du Programme d’électrification périurbain (PEPUR) sont en cours.

En plus de ce projet, le gouvernement congolais prépare également un  projet de 100 à 200 MW qui bénéficiera des résultats de la première expérience du projet de 20 MW. La future centrale va alimenter les agglomérations des deux Kivu.

Le Rwanda est déjà aux actes

Bruno Kapandji a, en effet, admis que le Rwanda possède, depuis 1963, une petite unité au cap Rubona, qui fournit du gaz aux chaudières de la Bralima, située à 8 Km de Gisenyi. Pour le ministre congolais, de mars 2007 à novembre 2008, ce pays voisin de la RDC a développé une centrale pilote de 4 MW de Kibuye Power 1 (KP1) dont le productible réel n’est que de 1,2 MW à cause des problèmes de conception et d’autres problèmes techniques liés à ce projet. En plus, le Rwanda compte développer un projet de centrale de 100 MW avec son partenaire américain Contour Global (avec une première phase de 25 MW). Ce projet est soutenu, selon le ministre Bruno Kapandji, par la branche de la Banque mondiale qui fournit des garanties à des entreprises privées, la Multilatéral investment guarantee agency (Miga).

Une gestion concertée des eaux partagées

Pour le ministre, dans le cadre de la gestion concertée des eaux partagées du lac Kivu, la RDC et le Rwanda ont eu à signer les accords successifs visant l’exploitation commune du gaz dudit lac.

Parmi ces ententes il y a la convention du 3 mai 1975, portant création d’une société commune qui devait avoir le monopole de l’exploitation, du transport et de la commercialisation du gaz méthane du lac Kivu. Il y a également la convention signée le 2 avril 1990 qui a donné naissance à la Société commerciale et industrielle du gaz méthane du lac Kivu (Socigaz) dont les statuts et les textes réglementaires régissant le contrôle de l’exploitation industrielle du gaz méthane furent signés le 14 avril 1998.

Il y a eu également des accords spécifiques signés en 2008 et 2009 en vue de l’exploitation commune de ce gaz et le partage de l’électricité à produire par une centrale de 200 MW à raison de 100 MW par pays, sa ns exclure la possibilité pour chaque pays, de développer un projet autonome. Ce dernier projet reste d’actualité mais connaît un retard dans sa mise en œuvre pour des raisons financières et pratiques sur le terrain.