Le talon d’Achille des banques congolaises

Depuis quelques années, le secteur est en pleine expansion. La capitale compte une vingtaine de ces structures financières. Leur extension à travers les provinces ainsi que de détenteurs de comptes sont le plus grand contraste.

En 2013, le nombre de banques opérant légalement en République démocratique du Congo est passé de 16 à 23, selon l’Association congolaise des banques (ACB). Ce foisonnement est notamment lié au retour de la paix et à l’amélioration progressive du climat des affaires. Malgré cette prolifération, l’intérêt Congolais pour ces institutions continue de poser problème : sur environ 70 millions d’habitants que compte la RDC, seuls 4 millions ont des comptes. « C’est très marginal par rapport à la moyenne régionale », indiquait Michel Losembe, président de l’ACB, dans une conférence tenue, en juin dernier, à l’Université de Kinshasa.  Selon lui, le pays a le plus faible taux de bancarisation au niveau de l’Afrique centrale. Le Rwanda, la Tanzanie, le Congo-Brazzaville, la Zambie, la République centrafricaine, l’Angola ont un taux qui tourne autour de 30 à 35 %, alors que la RDC a moins de 10%. Ce chiffre, très faible, n’offre pas la possibilité aux banques de donner un coup de fouet suffisant à l’économie nationale. En 2001, les dépôts d’argent étaient estimés à 90 millions de dollars, alors qu’en 2013, les chiffres indiquaient 3 milliards de dollars, c’est-à-dire, concrètement, moins de 10 % en termes de Produit intérieur brut (PIB).  Si le nombre des banques augmente, celui de clients reste très modeste. Les banques qui se créent n’ont pas, toutes, la capacité d’ouvrir des guichets en provinces, et se limitent pour la plupart d’entre-elles, à Kinshasa. Seule, la Trust Merchant Bank (TMB) essaye de pénétrer l’arrière-pays. Elle vient d’ouvrir une autre succursale à Kolwezi, dans la province du Katanga. Pour justifier cette faible couverture, les banquiers évoquent, notamment, l’absence de culture bancaire ou de l’épargne chez une grande partie de la population et le manque de confiance des potentiels épargnants. En 2001, quand il y avait moins de dix banques, le nombre de guichets s’élevait à 90 sur l’ensemble du pays. En 2013, il est passé à 280. « C’est toujours insignifiant », estime un analyste économique. Un opérateur du secteur s’interroge : « C’est cela notre problème.

Comment espérer donner un coup de pouce à l’économie avec un taux de bancarisation aussi bas ? ».

Plus de banques, moins de croissance    

En dépit de nouveaux bancarisés, à l’instar des agents et fonctionnaires de l’Etat, les banques ne semblent pas connaître une augmentation significative de leurs chiffres d’affaires. « Il faut que ce fonctionnaire arrive à laisser un peu d’argent dans son compte. Cela va graduellement créer un matelas de dépôt plus consistant et c’est ce matelas que nous allons déployer dans l’économie et donner des crédits à d’autres clients.», déclare un autre banquier. Dans l’entre-temps, l’apport des banques à la croissance de l’économie demeure insignifiant. « Nous connaissons des taux de croissance importants. Mais être vraiment efficace et utile à la croissance pérenne de l’économie est une tâche immense. Notre rôle par rapport à cet objectif reste relativement faible », selon Michel Losembe. Ces difficultés des banques ne leur offrent pas une possibilité d’être un des piliers de l’économie du pays. Les banquiers attribuent, en outre, leurs contreperformances au système financier du gouvernement. « Nous sommes très loin de ce que nous serions capables de faire, si nous avions une plus grande visibilité et une plus grande pénétration de ce système financier », d’après Michel Losembe.