Les arbitrages restent éphémères sur les grandes places financières

La rentrée valide de plus en plus la lettre K qui marque un fort différentiel entre le parcours des valeurs de croissance et les autres valeurs dites « value » ou cycliques. Certes, les valorisations stellaires des sociétés technologiques subissent des corrections légitimes vu leurs niveaux mais l’environnement de taux bas devrait limiter cette phase de correction.

LES ARBITRAGES en faveur des cycliques se limitent, à ce jour, à la simple spéculation. Pour valider un changement de stratégie en faveur des dossiers plus exposés aux cycles économiques, il faudrait une réelle reprise, mais à ce stade, seul un rattrapage se dessine, ce qui laisse encore de beaux jours aux valeurs de croissance. Le discours prudent des banquiers centraux face à la persistance de la crise sanitaire et la nécessité de maintenir les stimuli monétaires pour une période indéterminée ont incité les opérateurs à limiter les initiatives la semaine dernière, ces derniers s’inquiétant au sujet du ralentissement de la reprise économique en cours. Les places européennes ont néanmoins bien résisté, mais la fébrilité du compartiment technologique américain pourrait être source de volatilité dans les séances à venir.

Indices. Faisant preuve d’une certaine nervosité, les grands indices ont évolué en ordre dispersé la semaine dernière, même si les performances semblent peu significatives. En Asie, le Nikkei s’est effrité de 0.2 %, le Hang Seng de 0.3 % tandis que le Shanghai Composite a gagné 1.4 %. En Europe, le CAC40 a perdu 0.8 % sur la semaine, le Dax 0.15 %, tout comme le Footsie. Pour les pays périphériques de la zone euro, l’Espagne est stable, le Portugal et l’Italie perdent 1.3 %. Outre-Atlantique, le Nasdaq100 a reculé de 0.4 % alors que le S&P500 a gagné 0.3 % et le Dow Jones 0.8 %.

Matières premières

Malgré le pessimisme de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur l’évolution de la demande, les cours pétroliers ont nettement rebondi la semaine dernière. Dans leur dernière note mensuelle, les deux institutions ont révisé à la baisse leur prévision de demande mondiale, pointant du doigt les dangers d’une recrudescence des cas de coronavirus sur la croissance mondiale. L’Arabie Saoudite a par ailleurs rappelé sa détermination à soutenir les prix, sommant ses alliés, notamment les Émirats Arabes Unis, à respecter leurs quotas de production. Le Brent s’est négocié à 43 dollars tandis que le WTI est repassé au-dessus de 40 dollars.

La consolidation perdure sur le compartiment des métaux précieux. L’argent illustre parfaitement cette séquence de latéralisation puisque les cours de clôture du métal gris se sont tous situés autour de 27.1 dollars la semaine dernière. L’or a fait aussi du surplace à 1 950 dollars. Du côté des métaux de base, le zinc a évolué à la hausse à 2 460 dollars, tandis que le nickel et l’aluminium ont reculé à respectivement 14 900 et 1 740 dollars.

Marché actions. Introduite en Bourse en 2000, Pharmagest Interactive fête ses vingt ans de cotation cette année. La société est leader en France dans l’édition et l’intégration des progiciels destinés aux pharmacies, aux laboratoires et aux maisons de retraite. Mais elle compte bien devenir la première plateforme européenne de santé en créant un écosystème pour connecter les professionnels de santé autour du patient. Et jusqu’à présent, si l’on raisonne en données financières, cela fonctionne plutôt bien.

Son chiffre d’affaires a doublé entre 2009 et 2019 tandis que son résultat net a triplé sur la période. Le business devrait continuer sur cette trajectoire puisque deux tiers des revenus sont récurrents et la société va profiter des opportunités de croissance dans l’e-santé (télémédecine, téléconsultation…). Pharmagest Interactive est détenue majoritairement par la Coopérative Welcoop, une coopérative de pharmaciens, ce qui permet au groupe d’avoir une proximité avec les praticiens et, par conséquent, une bonne compréhension de leur environnement.

Cette réussite et ces résultats sont très bien retournés aux actionnaires, avec un rendement des capitaux propres qui n’a jamais flanché sous les 20 % sur un historique partant de 2009. En Bourse, le prix de l’action est passé de 10€ en 2012 à près de 80€ aujourd’hui. Sur dix ans, on parle d’une variation qui avoisine les 800 %.

Marché obligataire. En l’absence d’événements significatifs, les spreads du Bund avec les titres émis dans la zone euro ont à peine bougé sur la semaine. Le rendement de l’emprunt à 10 ans allemand se maintient à -0.49 %. L’OAT française se stabilise également à 0.22 %. La même trajectoire étale se vérifie sur les références italiennes (0.97 %) et espagnoles (0.27 %).

Toujours en Europe, la dette grecque ne montre pas de stress de la part des investisseurs, le titre hellénique produisant un rendement limité de 1.06 %. Hors zone euro, le 10 ans suisse conserve sa rémunération largement négative à -0.51 % même si le niveau actuel se situe loin du record à -1.1 %. 

Outre Atlantique, les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans restent faibles, bien qu’évoluant en territoire positif (+0.68 %). La Fed aura une influence plus affirmée sur la courbe des taux en plus du contrôle du marché monétaire, ce qui permettra de conserver cette situation de taux bas encore longtemps.

Marché des changes

Après avoir atteint récemment un plus haut à 1.20 dollar, l’euro s’est équilibré autour de 1,1850 sans trouver de nouvelle direction. La monnaie unique reste donc encadrée par des bornes techniques bien définies.

Outre-manche, le rebond de la devise britannique avec plus de 200 points de base depuis les plus bas face au franc suisse (1.18 CHF) et autant contre le billet vert (1.30 dollar) a de quoi surprendre, car cela se produit à un moment où la BOE étudie la possibilité d’introduire des taux négatifs.

En Asie, les monnaies gagnent du terrain. Le yuan continue son ascension face aux devises majeures (6.74 CNY contre un dollar). Le yen suit le même mouvement et se valorise de 150 points de base face à la monnaie unique (124 JPY). La devise nippone imite ce parcours contre le franc suisse à 0.86, tout comme face au billet vert à 104.7 JPY. La lire turque s’enlise un peu plus à 7.55 contre le dollar. En début d’année la parité s’établissait à 5.9 TRY. La devise d’Ankara a chuté à un plus bas historique par rapport au dollar après que la Réserve fédérale américaine ait souligné l’incertitude concernant le rebond économique, entamant de ce fait l’appétit pour le risque sur les marchés émergents. Enfin, du côté de l’Amérique du Sud, l’Argentine impose une retenue à la source de 35 % sur les achats de dollars alors qu’elle s’efforce de soutenir le peso argentin, dont la valeur a presque diminué de moitié au cours des deux dernières années.

Statistiques économiques. Les statistiques chinoises ont dépassé les attentes la semaine dernière, à l’image de la production industrielle qui rebondit de 5.6 % (5.1 % attendu). Les ventes au détail ont, pour leur part, progressé de 0.5 %, leur première progression depuis le début de la pandémie. Quant au chômage, il se stabilise à 5.6 %. L’actualité était peu fournie en zone euro, avec une production industrielle en hausse de 4.1 %, une balance commerciale meilleure que prévu à 20.3B, un indice CPI conforme aux attentes à -0.2 % et le niveau des comptes courants à 16.6B. En Allemagne, l’indice Zew, qui traduit la confiance des investisseurs et des analystes allemands dans les perspectives économiques, est ressorti à 77.4, un plus haut depuis 20 ans.