Les attentes des ménages et des entreprises

 Il faudra une bonne dose de volonté politique pour y parvenir. C’est l’avis unanime à l’issue des assises voulues sans tabous. La volonté, tout court, suffit pour réformer, car, dit-on, qui veut peut. Pour cela, il faut oser pour réformer et commencer quelque part, a confié un participant.  T. N.

 

Un expert de la Banque mondiale, co-organisateur des Assises sur le secteur de l’électricité en République démocratique du Congo, a confié dans les couloirs que la réforme a un coût. C’est le coût du changement, c’est-à-dire le changement de politique et de mentalité. Selon lui, la réforme est avant tout un processus qui ne doit plus s’arrêter quand il est déclenché. Aux Congolais, donc, de transformer les faiblesses de leur secteur d’électricité, méthodiquement identifiées lors de ce forum, en objectifs à atteindre. 

C’est dans ce contexte que le 1ER Ministre, Bruno Tshibala Nzenzhe, a clôturé les travaux, en promettant le suivi des recommandations soumises au gouvernement. Dans tous les cas, le succès dépendra de l’engagement de chaque acteur à assumer sa part de responsabilité. Considérant le déficit et la nécessité d’une politique énergétique « conséquente et volontariste » par rapport à l’objectif 2030, ces assises ont permis de faire un état des lieux.

Ceci, pour identifier les solutions concrètes en vue de la relance du secteur et les opportunités d’investissement ; mettre en relation des partenaires potentiels et élaborer une feuille de route avec des actions précises pour assurer la croissance du taux de desserte en électricité et satisfaire les besoins de tous acteurs sociaux et économiques. Et enfin, pour « jeter les bases solides pour un nouveau départ », selon le ministre de l’Énergie et des Ressources énergétiques, Jean-Marie Ingele Ifoto.

Selon Jean-Christophe Carret de la Banque mondiale, l’institution de Bretton Woods partage avec les autorités du pays l’engagement de répondre aux besoins impératifs et urgents de la population congolaise à accéder à une électricité fiable et abordable. La Banque mondiale accompagne la RDC depuis 10 ans avec un portefeuille de 1,7 milliard de dollars, notamment dans la mise en œuvre des deux projets. Il s’agit d’abord du Projet des marchés de l’électricité en Afrique australe (SAPMP). Il avait été approuvé le 11 novembre 2003, financé par l’IDA (une structure de la Banque mondiale : prêt IDA 177,5 millions de dollars, dons IDA 160,4 millions et 201,5 millions de dollars), la Banque européenne d’investissement (prêt BEI 57 millions de dollars) et la SNEL (11,9 millions de dollars) pour un coût total de 539,4 millions de dollars. 

Le projet qui a démarré le 17 mai 2004 et qui devait en principe se clôturer le 30 septembre 2016, a pour ambition de porter de 280 MW à 560 MW la capacité de transit du corridor d’exportation de l’électricité de la RDC vers les pays de l’Afrique australe. Exécuté par la Coordination des Projets/SNEL, les principaux marchés de ce projet ont consisté en la réhabilitation du système courant continu Inga-Kolwezi, des postes 220 kV du Katanga (100 %), la construction des nouvelles lignes 220 kV, la réhabilitation des lignes THTCC et HTCA du Katanga. 

Ils portent aussi sur la fourniture et l’installation de la fibre optique d’Inga à Kasumbalesa, et l’installation des équipements de télécommunication, la construction des infrastructures communautaires dans 7 villages au Katanga, la commercialisation de la capacité excédentaire de la fibre optique. Le marché est attribué à Airtel pour une paire de fibre. Comme difficultés : le retard dans plusieurs marchés à cause des problèmes d’interface, l’incapacité technique et financière de certains contractants, la mauvaise performance d’autres contractants, le non-respect des obligations contractuelles par certains contractants, l’obtention tardive des licences d’importation…

Il s’agit ensuite du Projet de développement des marchés pour la consommation domestique et à l’exportation (PMEDE). Le PMEDE est aussi financé par l’IDA, la BEI mais également par la BAD pour un montage financier de 681 millions de dollars (dons IDA 269,4 millions et 239,8 millions de dollars, prêt BEI 75,8 millions de dollars, KfW 26,5 millions de dollars, BAD 56,7 millions de dollars et SNEL 12,8 millions de dollars). Le projet a été approuvé en 2007 et mis en route le 2 avril 2008. Date limite prévue : le 30 juin 2018. 

Le PMEDE vise à améliorer l’efficacité opérationnelle du secteur de l’électricité, renforcer la capacité de production de l’électricité, de transport et de distribution, afin de mieux satisfaire la demande intérieure en électricité et favoriser l’intégration du marché régional de l’électricité. C’est la Coordination des Projets/SNEL qui exécute les travaux.

Quid de la libéralisation ?

Les experts de la Banque mondiale estiment que c’est le moment pour les autorités congolaises de « prendre maintenant un autre tournant », en mettant sur pied le Projet d’accès et d’amélioration des services électriques. Ce projet ne concerne pas seulement la production et le transport mais aussi la distribution et le soutien aux réseaux décentralisés. Pour les ménages et les entreprises, ce qu’il faut, c’est mettre en valeur les ressources, leur garantir une électricité fiable, de qualité et sans discrimination, l’équité dans la desserte et/ou l’accès, préserver l’environnement face aux défis du changement climatique…

Cela passe par la libéralisation du secteur pour stimuler la concurrence loyale. Déjà, quatre promoteurs privés ont finalisé leurs projets de construction de centrale hydroélectrique pour la production de 40 MW, principalement dans l’Est du pays. Des obstacles majeurs retardent encore l’entrée d’autres promoteurs privés dans le secteur :  la faible incitation à l’électrification faute d’études et de dossiers bancables dans les zones d’implantation, le manque d’instruments juridiques et financiers d’atténuation des risques et des difficultés d’accès au crédit financier, et l’inaccessibilité des ménages à faible revenu au raccordement au réseau (frais élevés). À cela s’ajoute le manque de financements publics et extérieurs à des taux concessionnels en faveur de la Société nationale d’électricité (SNEL) pour lui permettre de renforcer ses infrastructures dans les zones industrielles.