Les femmes prennent date avec le sommet de Bucarest

Réunis dans la capitale roumaine (1-2 novembre) à l’initiative de la secrétaire générale de l’OIF autour du thème « Création, innovation, entrepreneuriat, croissance et développement : les femmes s’imposent », les participants ont lancé un appel historique.

 

Les délégués à la 2è Conférence des femmes de la Francophonie (présidents, ministres, parlementaires et représentants des États et gouvernements, d’organisations internationales et régionales, opérateurs de la Francophonie, membres d’organisations de la société civile, et femmes entrepreneures, des pays ayant le français en partage) ont appelé de leurs vœux, dans leurs rôles respectifs, « la mobilisation et l’action de toutes et de tous pour la mise en œuvre des engagements pris en matière d’égalité femme-homme, pour les droits et l’autonomisation des femmes et des filles ».

Estimant positives les initiatives prises par les États et les gouvernements membres de la Francophonie et les représentants des associations de la société civile pour accompagner les femmes à renforcer leurs capacités et à développer leur créativité dans le secteur du cinéma et de la mode, ensemble, les participants ont proclamé que « les femmes s’imposent et que, ensemble avec les hommes, s’engagent pour que l’égalité entre les femmes et les hommes devienne réalité ».

L’Appel de Bucarest

Ensemble, ils ont décidé d’unir leurs voix pour que « les femmes constituent un moteur de développement économique, social, culturel et un levier pour la croissance économique, malgré les inégalités structurelles qui constituent un frein au développement de leur potentiel ».

Ensemble, ils ont lancé l’Appel de Bucarest pour « libérer le potentiel économique des femmes », affirmé leur engagement ferme, dans leurs rôles respectifs, à « lever les obstacles qui entravent la participation pleine et effective, ainsi que l’accès, en toute égalité, à la vie économique, politique, sociale et culturelle des femmes dans les pays francophones ». Ensemble, afin d’y parvenir, ils ont formulé des recommandations stratégiques. En faveur de la promotion des droits des femmes et de leur accès au marché du travail, ils ont demandé de « renforcer la prise en compte dans les politiques publiques globalement et de façon systémique, de la problématique de l’égalité femme-homme », afin d’impliquer davantage les hommes sur les enjeux domestiques. Le partenariat public-privé devra être renforcé afin d’assurer une réelle transformation en vue d’en faire un véritable moteur de changement. Ils ont recommandé de « promouvoir et médiatiser les réussites de femmes entrepreneures, et en faire des modèles plus accessibles » ; mettre en place des services et les systèmes de garde professionnalisés pour « permettre aux femmes de suivre des formations d’entrepreneures » ; de travailler concrètement à approfondir la mise en œuvre des législations en matière d’égalité femme-homme, de salaire et d’héritage, y compris pour la protection des femmes au travail ; de soutenir et encourager les femmes à participer aux syndicats et organisations professionnelles, notamment aux postes de décision ; d’encourager les quotas de femmes dans les entreprises et dédier des lignes budgétaires spéciales pour l’égalité femme-homme.

L’Appel de Bucarest encourage également le partage égal des responsabilités et des tâches entre les parents, ainsi que l’articulation des temps de vie, dont notamment la garde d’enfants et le congé parental, tout en prenant en compte les situations spécifiques des veuves et des femmes cheffes de famille, ainsi que la liberté de choix et leur accès à la santé de la reproduction. Il recommande de soutenir les femmes à occuper des postes stratégiques et de responsabilités au travail en impliquant plus les hommes dans la lutte pour l’élimination de la discrimination et des violences faites aux femmes au travail ; d’accompagner les victimes de violences dans leur réhabilitation, leur réintégration sociale et professionnelle, et la garantie de leur accès à des recours adéquats, effectifs, prompts et appropriés, y compris des réparations justes et efficaces, ainsi que les mesures en faveur de la lutte contre toutes les formes de violences à leur égard, y compris les violences sexuelles.

Autres recommandations : mettre en place ou réformer les stratégies nationales d’éducation et de formation technique et professionnelle afin d’assurer la promotion de l’égalité des chances en intégrant explicitement le principe d’équité entre les sexes dès le plus jeune âge, le maintien des filles à l’école et leur accès à l’enseignement supérieur ; favoriser dès le plus jeune âge des politiques éducatives sensibles au genre et axées sur le développement local, l’estime de soi et le leadership et éliminer les stéréotypes sexistes, dans les contenus et dans les pratiques, qui entravent l’accès des femmes et des filles aux filières techniques et scientifiques (STEAM) et aux métiers jugés traditionnellement masculins .

Entrepreneuriat et innovation

En faveur de la promotion de l’entrepreneuriat des femmes et de l’innovation : valoriser le potentiel d’autoformation offert aux femmes par les technologies numériques, notamment à travers le réseau des femmes francophones ; promouvoir des partenariats entre les entreprises du numérique et les universités/lycées pour faciliter la participation et les initiatives des femmes dans ce secteur ; appuyer la création d’espaces de type « village/ville intelligent.e » pour le développement du numérique et faciliter l’accès aux femmes qui veulent y développer des entreprises ; promouvoir l’utilisation des TIC par les femmes pour qu’elles puissent saisir les opportunités de développement économique qui en résultent ; développer la formation fondée sur les bonnes pratiques des femmes entrepreneures (notamment les femmes rurales) dans le secteur agricole et énergétique, en utilisant les facilités offertes par le secteur numérique ; inclure les femmes dans l’élaboration des politiques nationales ou locales dans toute décision notamment la décentralisation de l’activité économique. Il s’agit aussi de recenser les opportunités publiques et privées de financement de l’entrepreneuriat féminin, identifier les solutions adaptées à chaque pays et accompagner les femmes dans l’élaboration de projets bancables afin de capter des financements innovants ; faire une cartographie des filières porteuses dans le secteur agricole et énergétique et accompagner les femmes dans le développement de ces filières dans une perspective de développement durable ;  investir dans le réseautage, la co-création d’entreprises, le renforcement des capacités et le transfert technologique pour certains secteurs de l’économie verte ; sensibiliser les jeunes sur la nécessité de suivre une formation complète avant de se lancer dans la vie professionnelle, notamment dans l’entrepreneuriat ; sensibiliser à l’éducation non sexiste dès la petite enfance, et dans la formation tout au long de la vie, afin de lutter contre les stéréotypes fondés sur le genre ; appuyer la mise en place et pérenniser un « Parlement des écrivaines francophones » qui rassemblera et fera rayonner la diversité des talents des femmes dans la littérature. En faveur du leadership des femmes dans la gouvernance économique : adopter des politiques publiques et des mesures appropriées pour accroître les opportunités des femmes d’accéder aux postes de direction et de décision, dans la gouvernance économique, politique, ainsi que pour accélérer la parité dans les instances dirigeantes ; inciter les entreprises à mettre en œuvre des plans d’action qui intègrent une approche à chaque niveau du recrutement jusqu’à l’accès aux postes de décision ; renforcer les réseaux professionnels des femmes, appuyer leur accès aux réseaux d’influence, regrouper les synergies de différentes associations et favoriser le mentorat et l’accompagnement dans la progression de carrière ; impliquer les jeunes, femmes et hommes, dans la lutte contre les inégalités entre les sexes dans une approche inclusive et intergénérationnelle ; rendre visible, notamment dans les médias, les modèles de réussites des femmes dans tous les domaines de la vie économique et politique, de la production et de la création ; encourager les organisations financières et bancaires, nationales et internationales, à produire des outils et produits transformatifs et innovants, favorables à l’égalité femme-homme, pour appuyer l’entreprenariat et le leadership féminins ; renforcer la formation et le développement du leadership des femmes, par l’autonomisation des femmes de manière individuelle et collective ; accorder une attention particulière aux femmes migrantes et issues de l’immigration. Appuyer la Francophonie dans la mise en place d’une entité dédiée à l’égalité femme-homme, aux droits et à l’autonomisation des femmes et des filles, en faveur de la consolidation du statut des femmes francophones.