Les infrastructures défaillantes restent un frein à l’investissement et à la croissance

Au cours des quinze dernières années, la croissance de la RDC est tirée essentiellement vers le haut par les mines et les services. La vétusté des équipements économiques et techniques et l’absence de nouvelles réalisations modernes freinent l’économie.

La maquette du pont qui sera jeté sur le fleuve Congo pour relier Kinshasa à Brazzaville.

Après une période de relatif dynamisme économique, la République démocratique du Congo a subi une sévère dépression entre 1980 et 2000. Une situation liée surtout aux guerres civiles qui ont ravagé le pays. Avec une croissance économique de 8,2 % en 2008, la RDC est l’un des pays d’Afrique les plus touchés par la crise financière de 2015-2016, suite à la chute des cours mondiaux des matières premières. Le pays a commencé son cycle de problèmes économiques, mais aussi géopolitiques, entre 1960 et 1970. Si la colonisation a légué au nouvel État une économie productive et équipée, la croissance ne suit plus. Elle s’était arrêtée dès la fin de 1957, provoquée surtout par des récessions conjoncturelles, une baisse des investissements privés et la fuite massive des capitaux. L’économie a résisté malgré tout grâce au dualisme économique et à la prédominance du secteur étranger.

Dans un tel contexte, les infrastructures défaillantes, un cadre légal incertain, la corruption, un manque d’ouverture économique et financière sont des handicaps majeurs à l’investissement et à la croissance économique. Par exemple, la part des infrastructures dans la croissance annuelle par habitant de la RDC a été presque nulle (0,5 point), beaucoup moins que la moyenne régionale (0,99 point), au cours de ces quinze dernières années. Selon plusieurs experts, la grande partie de l’apport potentiel à la croissance devrait provenir des réformes dans le secteur de l’énergie, notamment d’une augmentation de la capacité de production.

Situation

Des enquêtes in situ ont montré que l’énergie est de loin la contrainte d’infrastructures la plus importante pour les entreprises congolaises. La réhabilitation et la modernisation des routes sont aussi importantes. Par exemple, si les liaisons intermodales sont utilisées, la production, notamment agricole, et les importations augmenteront. Par ailleurs, le développement des routes de desserte dans les provinces, dont le potentiel agricole est élevé, présente une rentabilité d’environ 50 % – 70 %.

Autre contrainte, l’interconnexion du réseau d’infrastructures avec les réseaux des pays voisins. Le réseau électrique est en voie d’être relié à celui de la Zambie, du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud. Dans le secteur des transports, un corridor routier est opérationnel à l’Est jusqu’au port kenyan de Mombassa, mais dans un état général médiocre. Avec le projet de pont route-rail jeté sur le fleuve Congo, un corridor reliera Kinshasa à Pointe-Noire via Brazzaville et s’étendra jusqu’aux frontières du Gabon à l’Ouest, le Cameroun. Au Sud, un corridor relie la RDC à l’Afrique du Sud via la Zambie et le Zimbabwe et au Sud-Est à l’Angola.

L’état des infrastructures en RDC

En 2012, le gouvernement Matata s’est fixé comme programme sectoriel de poursuivre la construction et la modernisation des infrastructures de base. L’aménagement et/ou la construction des infrastructures de base fiables et de bonne qualité (routes, voies ferrées, fluviales et lacustres, oléoducs…) est vital pour le développement de l’activité économique, précisait-on dans le programme quinquennal 2012-2016. En 2011, le secteur des infrastructures et bâtiment a représenté environ 8 % du PIB. Les investissements dans ce domaine exercent un effet de levier sur les autres secteurs économiques (agriculture, mines…). La stratégie retenue dans ce programme s’appuyait principalement sur les investissements importants et ciblés dans les différents sous-secteurs d’infrastructure et sur une réforme d’ensemble du système de gestion des infrastructures et des entreprises de transport.

L’objectif ultime est de développer un système de transport intégré et intermodal capable de relier tous les pôles économiques du pays (provinces) en vue de favoriser l’émergence d’un vaste marché intérieur et assurer, à des prix compétitifs, l’interconnexion de ces pôles avec les marchés extérieurs. La première priorité était portée sur la modernisation de grands corridors de transport multimodaux interprovinciaux (route-chemin de fer-voies fluviales et lacustres), ainsi que les corridors d’importation et d’exportation. Des investissements spécifiques pour certains réseaux prioritaires intra-provinciaux et les voiries urbaines devraient aussi être réalisés. Un accent particulier a été également mis sur la construction des autres infrastructures d’appui, dont celles de fourniture de l’énergie électrique pour les lignes de chemin de fer.

La deuxième priorité était accordée à la construction des infrastructures aéroportuaires et portuaires modernes à la dimension du pays. Une réforme du système de gestion des infrastructures et des entreprises de transport devrait être mise en œuvre fin 2013. En effet, pour favoriser la mobilisation de financement, de nouvelles dispositions légales ou réglementaires devaient être prises afin d’encourager les partenariats public-privé, les contrats de concession et le Built-Operate-Transfert (BOT), pour la construction et la gestion des infrastructures (ports, aéroports, autoroutes, oléoducs).