Les NTIC, un soutien au secteur agricole

L’implantation des parcs agro-industriels et le déploiement de la fibre optique donnent des ailes aux congolais. Confortés par l’annonce d’un financement de la Banque mondiale pour relier Kinshasa à l’Est du pays, ils sont presque convaincus que les ‘’outputs’’ de nouvelles technologies de l’information et de la communication sont à leur portée réelle. Même dans le domaine de l’agriculture.

Les NTIC seront d’une grande utilité dans la relance du secteur agricole en RDC. (Photo BEF)
Les NTIC seront d’une grande utilité dans la relance du secteur agricole en RDC. (Photo BEF)

Le 15 juillet, les congolais ont assisté au lancement du projet-pilote du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, dans la province du Bandundu. Le gouvernement compte développer, à terme, plusieurs initiatives de ce genre sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo. A l’heure où l’agriculture est confrontée à un certain nombre de problèmes, liés plus à la sécurité alimentaire et à la croissance économique, il paraît impératif de stimuler davantage l’intérêt des jeunes pour ce secteur. En Afrique, près de 60% de la population vivent de l’activité agricole. L’important aujourd’hui est de cesser avec le sous investissement dans le domaine et renforcer davantage le volet industrialisation. Des moyens innovants sont nécessaires pour exploiter les potentialités agricoles en saisissant notamment les nouvelles opportunités qu’offre l’utilisation des TIC. Ces technologies peuvent s’intégrer dans tous les milieux socio-économiques, y compris dans les régions rurales isolées. En RDC, cette option parait confortée par le financement de près de 92 millions de dollars de la Banque mondiale, destiné au déploiement de la fibre optique pour relier Kinshasa à l’Est du pays.

Agriculture sur multimédia

Les téléphones mobiles figurent parmi les outils permettant un accès facile au partage de l’information. Dans un séminaire réunissant les jeunes des pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique), un spécialiste kenyan en technologies de l’information a vanté les performances d’un jeune homme vivant en milieu rural qui a réussi à diversifier ses activités agricoles grâce aux informations recueillies dans un bulletin électronique via son outil portable.

Il est impératif d›encourager le déploiement de réseaux large bande haut débit, en les rendant accessibles à tous. C’est un moyen indispensable pour garantir une utilisation efficace des NTIC au service de la santé, de l›éducation, de la gouvernance, et du commerce afin de parvenir à une croissance socio-économique durable

Hamadoun Touré

En outre, ce téléphone a permis à des vendeurs, habitant des lieux éloignés des points de négoce, d’actualiser les prix de leurs produits et d’accéder aux nouveaux marchés. Des exemples tirés de plusieurs pays africains montrent que l’utilisation des TIC peut dépasser le simple fait d’accéder et de partager l’information agricole. Elle peut mener à la création d’un observatoire des produits et du marché agricole dans une région donnée, comme l’a démontré un étudiant burkinabé. Cela pourrait également servir en une banque des données centralisée fournissant une image complète du marché. L’avantage serait que des agriculteurs désireux de vendre leurs produits peuvent le faire directement en ligne aux intermédiaires et aux négociants. Cela provoque un grand intérêt en matière de partage de l’information et de création d’entreprise. Ces nouvelles perspectives peuvent ainsi stimuler l’imagination des jeunes pour contribuer à la transformation de l’agriculture et du développement rural en un secteur à la fois attractif et lucratif. «Il est impératif d›encourager le déploiement de réseaux large bande haut débit, en les rendant accessibles à tous. C’est un moyen indispensable pour garantir une utilisation efficace des NTIC au service de la santé, de l›éducation, de la gouvernance, et du commerce afin de parvenir à une croissance socio-économique durable», a déclaré le Secrétaire générale de l’Union africaine des télécommunications (UAT), Dr Hamadoun Touré, lors d’une conférence mondiale tenue à Yaounde en mai 2014. Dans la foulée de cette déclaration, ce sont des petits paysans, des transporteurs ou des entreprises agricoles de zones rurales qui sont les plus concernés car constituant près de 60% d’actifs en Afrique subsaharienne. Sachant que la population à nourrir devra atteindre 2 milliards de personnes en 2050, les TIC pourraient soutenir des plateformes Internet « pour les fermiers et communautés rurales dans le but de soutenir le développement durable de leurs activités agricoles. Plusieurs informations sur les techniques agricoles vont leur permettre d’améliorer leur rendement notamment par des méthodes de contrôle des nuisibles et des mauvaises herbes, ou même de prix des produits agricoles. » Au Kenya, la plate-forme INFONET-Bio Vision diffuse des informations utiles pour des solutions et stratégies innovatrices à travers une revue imprimée et une émission radiophonique. A Beni, dans le Nord-Kivu, la radio Muungano diffuse des émissions sur les nouvelles techniques des semences améliorées. Des laboratoires équipés en multimédia ont permis d’éviter la famine et d’accroître la production agricole.

A ce sujet, le professeur suisse Hans Rudolf Herren de la fondation Biovision, prix lauréat de l’alimentation, avait réussi, grâce à un moyen biologique non chimique, à contrôler la cochenille farineuse, qui menaçait à l’époque la production du manioc dans toute l’Afrique. D’autres projets de recherche plus vaste ont permis de lutter contre des parasites au moyen des remèdes scientifiques notamment la protection de la plante alimentaire aussi essentielle comme la pomme de terre. Ceci confirme la réalité de l’Internet et la disponibilité des TIC en général dans les campagnes d’Afrique. Cela exige la mise en place d’une structure de gestion des connaissances et des sites web comme piliers. Loin d’atteindre le stade requis en RDC, des projets TIC devraient cependant être encouragés, particulièrement ceux destinés aux entrepreneurs agribusiness, à l’implantation et à l’équipement des parcs agro-industriels, à l’organisation des meetings agribusiness. Pour le ministère congolais de l’agriculture, cela serait un bon départ. Il devrait, en outre, ouvrir un grand nombre de jeunes à ces projets.