Les projets de transport multimodal en RDC

Le gouvernement s’emploie à mettre en œuvre les recommandations africaines en matière d’intégration régionale à travers l’interconnexion des infrastructures de transport. 

Le Projet Pro Routes est un projet important du gouvernement. Il marche bien en dépit de quelques faiblesses. L’objectif global est de rouvrir et d’entretenir quelque 3 000 km des routes en terre sur les 15 800 km du réseau ultra-prioritaire du pays ; de lutter contre la pauvreté grâce au rétablissement et à la préservation durable des infrastructures de transport pour garantir l’accès aux marchés ainsi qu’aux services sociaux et administratifs nécessaires à la relance socio-économique et à l’intégration régionale du pays. Ces routes sont restées impraticables durant des décennies. En les réhabilitant durablement, elles contribuent à la relance socio-économique et à la réintégration du pays, laisse entendre Théophile Ntela, coordonnateur du projet exécuté par la Cellule Infrastructures du ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction.

Grâce aux travaux déjà réalisés, la population a retrouvé le rythme normal de vie et est encouragée à développer des activités socio-économiques : agriculture, commerce, santé, éducation… Partout où il est passé, le projet Pro Routes a développé des programmes de gestion environnementale (lutte contre le braconnage et la déforestation) et sociale. Les préoccupations enregistrées lors de cette campagne d’information publique ont tourné autour des mesures à prendre pour garantir la durabilité des infrastructures réhabilitées. Selon Saidou Diop de la Banque mondiale qui appuie ce projet, la pérennisation des ouvrages est l’affaire du gouvernement à travers ses services.

Outre le Pro Routes, la RDC réalise un projet de transport multimodal (PTM). Ce projet poursuit plusieurs objectifs : améliorer la connexion des modes de transport en République démocratique du Congo, rétablir la viabilité financière et opérationnelle de la Société nationale des chemins de fer (SNCC), renforcer les performances opérationnelles et améliorer la gouvernance des entreprises publiques de transport, simplifier les procédures du commerce international de la RDC. Financé à hauteur de 435 millions de dollars (dont 375,85 millions pour le redressement de la SNCC et 40,450 millions pour le renforcement des performances des entreprises publiques) par la Banque mondiale, le PTM a été approuvé en juin 2010 et est entré en exécution en avril 2011. Date de clôture : 30 juin 2018.

Le projet est exécuté par la Cellule d’exécution du PTM (CEPTM). Plus de 1 400 km de voie ferrée sur 3 000 km sont déjà réhabilités. La SNCC a acquis des locomotives, des voitures et des wagons qui ont permis de rendre le trafic viable. Le Projet d’amélioration de la sécurité à l’aéroport de Goma (PRASAG) a pour objectif d’améliorer la sécurité, la sûreté et les opérations de cet aéroport endommagé par l’éruption volcanique de janvier 2002. La CEPTM y réalise des travaux d’aménagement en vue de la certification comme aéroport international. Coût du projet : 52 millions de dollars, dont 40,450 millions comme investissement dans l’infrastructure. Approuvé en mars 2015, le PR ASAG est entré en exécution en avril 215 et prendra fin en décembre 2020.

Partenariat public-privé

Pour le coordonnateur du PTM et du PRASAG, Lazare Dakahudyno, ancien ministre des Transports et des Communications, les opérateurs économiques sont les plus intéressés par les infrastructures car elles sont à la fois des « préalables et des opportunités pour l’épanouissement des activités du secteur privé ».

À ce titre, elles sont un critère d’appréciation du climat des affaires par les investisseurs. D’après lui, les projets financés par la Banque mondiale sont des jalons posés pour le développement durable du pays. Dakahudyno lance un appel au secteur privé pour s’impliquer davantage dans le partenariat public-privé et dans la création des activités génératrices d’emplois dans les zones où les routes, les aéroports, le chemin de fer, les voies fluviales, l’eau, l’électricité et le développement urbain ont amélioré les conditions d’exploitation des activités rentables. Il demande constamment aux miniers du Katanga de ramener leur trafic vers le chemin de fer de la SNCC en réhabilitation.

Luanda s’en félicite, particulièrement dans le cadre de l’accord de coopération tripartite Angola-RDC-RSA. L’amélioration des réseaux routier et ferroviaire dans la région, surtout dans ces trois pays stimulerait le transport des marchandises et des matières premières, faciliterait les transactions et les négociations, accélérait le développement. Aujourd’hui, par exemple, la Chine est reliée à l’Europe par le chemin de fer. Le train transporte des marchandises plus rapidement que le bateau et coûte moins cher. En RDC, le PTM vise à attirer le trafic minier vers les rails à destination du port en eau profonde de Lobito, qui donne l’accès sur la côte Atlantique à la RDC, la Zambie et au Zimbabwe.

La jonction avec ce port de Lobito, véritable terminal des minerais et des conteneurs réfrigérés, se fera à travers le chemin de fer de Benguela (Caminho de ferro de Benguela), qui est le trait d’union entre l’Océan Atlantique et l’Océan Indien. Le chemin de fer de Benguela a été ré-ouvert en 2014 après des années de guerre civile grâce à des investissements chinois (2 milliards de dollars). À la frontière angolaise, il est le lien avec le chemin de fer du Katanga. Luanda pousse pour que la réhabilitation du tronçon Kolwezi-Dilolo se fasse rapidement. Le chemin de fer de Benguela est l’objet d’un projet de modernisation, dont les travaux consistent à améliorer les conditions d’écoulement des marchandises. Tout comme le port de Lobito.

Lobito est le second plus grand port (après le port de Luanda) de marchandises d’Angola, situé dans une zone géographique privilégiée et dotée d’un énorme potentiel. Le port de Lobito est considéré dans le cadre de l’intégration économique régionale comme un patrimoine à la fois de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté de développement des États de l’Afrique australe. Et il fait partie de l’Accord tripartite COMESA-EAC-SADC.