Les tensions entre les États-Unis et la Chine sonnent-elles le glas pour les produits agricoles ?

La « guerre commerciale » entre les deux puissances atteint des sommets. Conséquence : les cours des matières premières agricoles dégringolent. 

Plongeon des matières premières agricoles. La bataille commerciale entre les États-Unis et la Chine ne cesse de s’amplifier. Parmi les derniers épisodes en date : Pékin a annoncé la taxation des produits agricoles américains, et en réponse, Trump a menacé de taxer 200 milliards de produits chinois supplémentaires. Dans ce contexte de tensions, les cours des matières premières agricoles chutent inlassablement. 

Les agriculteurs américains menacés

En trois semaines, on a pu observer une baisse de 13,5 % des cours du blé à Chicago. Du côté du maïs, les prix ont plongé de 14 %. Quant à l’indice Bloomberg, qui inclut une large part des produits agricoles cotés, il a atteint un plus bas historique. Le soja, avec une baisse de ses cours de près de 16 %, est l’une des matières premières agricoles les plus affectées par la confrontation entre les deux puissances mondiales. 

Ceci, car les droits de douane sur les produits agricoles américains annoncés par la Chine, à hauteur de 25 %, pèseront vraisemblablement lourdement sur les exportations de soja des États-Unis vers l’Empire du Milieu. Face à la situation actuelle, expliquent des observateurs, les grands perdants risquent d’être les agriculteurs américains. Selon eux, ils pourraient subir d’importantes pertes de revenus. Pour les experts, l’escalade des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis affectera la croissance économique du secteur agricole, mais aussi les créations d’emploi. 

La querelle commerciale entre les États-Unis et la Chine menace de prendre une ampleur inédite après les nouvelles menaces émises mardi par Donald Trump sur 200 milliards de dollars de produits chinois. Après ces annonces, les cours des principales matières premières ont subi de vifs dégagements, qui ont notamment frappé le soja, principale exportation agricole des États-Unis vers la Chine, mais aussi les métaux et le pétrole. Le président américain a déclaré qu’après les taxes sur 50 milliards de dollars d’importations chinoises déjà annoncées, les États-Unis préparaient une liste de 200 milliards de dollars supplémentaires à taxer. La Chine a immédiatement annoncé qu’elle répliquerait à ce qu’elle considère comme un « chantage » par des mesures du même ordre sur des produits américains.

L’indice Reuters/Jefferies CRB a chuté de 1,2 % mardi 25 juin, ce qui porte son recul à plus de 6 % depuis le 25 mai dernier. Parmi les métaux, le cuivre, le nickel et le zinc ont abandonné plus de 2 %, tandis que le cours du pétrole léger américain WTI cédait 1,6 % à 64,84 dollars le baril. Les cours de l’acier et du minerai de fer étaient également en berne, entraînant le cours de Bourse des entreprises du secteur sidérurgique : -3,8 % pour Arcelor Mittal à Amsterdam, -2,2 % pour Thyssenkrupp à Francfort, -2,3 % pour Glencore à Londres et -2,8 % pour l’ADR de BHP Billiton à New York. Le groupe américain US Steel abandonnait aussi 2,9 % en séance à Wall Street.

Constance

Jusqu’à la fin mai, les cours des matières premières évoluaient encore près de leurs plus hauts niveaux depuis 3 ans, soutenus par de bonnes perspectives de croissance mondiale… Cependant, les craintes d’une levée massive de barrières douanières commencent à faire craindre que la croissance mondiale ne ralentisse dans les prochains mois.

Mises en garde de l’OMC et du FMI

Le 11 juin, après l’échec du sommet du G7 au Canada, le Fonds monétaire international (FMI) et l’OMC (Organisation mondiale du commerce), avaient mis en garde contre les effets négatifs d’une guerre commerciale. Roberto Azevêdo, le directeur général de l’OMC, avait appelé à la fin de « l’escalade des tensions ». Pour lui, ce processus  « œil pour œil » n’est pas utile (…) « De nouveaux secteurs vont être entraînés dans (la crise) ce qui va faire du mal à tout le monde », avait-il prévenu lors d’une réunion à Berlin. De son coté, Christine Lagarde, la patronne du FMI avait aussi dénoncé le protectionnisme, en évoquant des « nuages (…) gros et sombres (qui) sont ceux de la détérioration de la confiance ». Pour l’instant, le FMI continue d’anticiper une croissance économique mondiale de 3,9 % en 2018 et en 2019, mais pour Christine Lagarde, « les nuages que nous avons signalés il y a environ six mois sont chaque jour de plus en plus sombres »…