Les Zones économiques spéciales menacées

Dans une lettre adressée au directeur des opérations de la Banque mondiale (BM) sur le Projet de développement des pôles de croissance à l’ouest (PDPC), les architectes congolais ont exprimé leur surprise concernant l’intervention du responsable dudit projet, Pape Demba Thiam, qui propose la création des technopoles à Maluku et au Katanga, en lieu et place des Zones économiques spéciales (ZES).

La Société des architectes du Congo (SAC) dénonce une violation flagrante de la loi relative aux marchés publics et ses textes d’application, qui consacrent la libre concurrence comme principe élémentaire de passation des marchés publics. Cette structure voudrait, en effet, être fixée sur la modalité d’engagement des cabinets Atepa et Atelier 3, nonobstant le préfinancement consenti, qui ont présenté les projets d’architecture « KinTech 2020 » et « Kin Mic City », pour lesquels le gouvernement de la RDC, à travers la BM, aurait mobilisé les fonds de développement. Et, des questions sont soulevées. L’estimation établie à un milliard de dollars de réalisation est-elle tirée de quelle étude de faisabilité préalable ? La mise en place des technopoles s’accroche-t-elle à quelle réalité socio-économique de la RDC, en général, et de la ville-province de Kinshasa et de la ville de Lubumbashi, au Katanga, en particulier ? S’accorde-t-elle à un schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme mis à jour ?

Revirement de la Banque mondiale ?

Pour les architectes congolais, en soutenant de tels projets et dans cette façon de faire, la BM veut une chose et son contraire, à la fois. Ils ont clairement vu en l’attitude de la BM, un détournement de sa vision en la matière, qui est d’encourager l’émergence d’un secteur privé en Afrique à travers des procédures claires et transparentes. Il faut aussi noter que le projet des ZES a déjà dépassé le niveau des études pour celui de la réalisation ou de la mise en œuvre. Concernant, par exemple, la ZES de Maluku, elle détiendrait déjà un titre de propriété. « Les experts soutiennent que les technopoles sont un pari trop risqué pour l’avenir. En cherchant à mettre en place le projet des technopoles, le gouvernement et la Banque mondiale tiennent-ils compte des efforts, des énergies et des moyens tant financiers que matériels consentis notamment pendant les quatre années qu’ont duré les études de faisabilité du projet des ZES ? », se demande-t-on.

La promotion de la jeunesse congolaise

Relevant les potentialités que l’on trouve en RDC en matière d’architecture, notamment ses institutions de formation, la SAC a rappelé que la RDC est un pays dont la population est très jeune, regorgeant des talents et une diversité culturelle et que la création de la richesse passerait par l’émergence d’une classe moyenne à travers des opportunités. Pour ces architectes, loin d’être rassurés, les explications qui soutiennent ce projet des technopoles réconfortent leur idée selon laquelle, la BM fait fi de ses propres recommandations quand certains intérêts ou les intérêts de certains sont en jeu.

Dans leur plaidoyer, les architectes congolais ont noté que leur profession, à l’instar de toutes les autres, est également soumise à des règles.