L’Est de la RDC en proie à une myriade de groupes armés

PHIL MOORE  [AFP]
PHIL MOORE [AFP]
KINSHASA, Depuis un an, le mouvement rebelle congolais M23 monopolise les gros titres, mais l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), riche en minerais, déchiré par des conflits ethniques et historiques, abrite une myriade d’autres groupes armés.

Ces groupes combattent l’armée congolaise ou d’autres milices, dans des alliances mouvantes, et terrorisent en permanence les populations civiles avec le soutien ou la bienveillance, accusent certains, de pays voisins, voire de Kinshasa. Près d’un million de personnes sont déplacées dans les deux provinces du Kivu, selon l’ONU.

Sélection des principaux mouvements actifs dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu:

Le Mouvement du M23: essentiellement composé de tutsi congolais, parlant la langue nationale rwandaise, le kinyarwanda. Rebelles intégrés à l’armée congolaise (FARDC) à la faveur d’un accord de paix en 2009, ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que cet accord n’avait jamais été pleinement respecté. Le groupe, que Kinshasa et l’ONU accusent le Rwanda et l’Ouganda de soutenir en dépit des dénégations des deux pays, destabilise le Nord-Kivu depuis des mois. En novembre dernier, ils ont brièvement pris sa capitale Goma. Des combats ont récemment repris avec les FARDC. Le nombre de ses combattants est incertain depuis des luttes internes qui ont fait de nombreux morts et ont conduit à la défection de toute une faction.

Les Forces démocratiques alliées (ADF): initialement groupe armé d’opposition au président ougandais Yoweri Museveni, ils ont dès le début trouvé abri au pied des monts Ruwenzori, dans l’est d’une RDC longtemps bienveillante à leur égard, près de la frontière ougandaise. Ce groupe, aujourd’hui uniquement composé de combattants musulmans, affronte épisodiquement depuis près d’une décennie les FARDC à quelques centaines de km au nord de Goma. Leur nombre est estimé à entre quelques centaines et environ 1.300. Dans un rapport publié il y a six mois, l’International Crisis Group notait leur capacité de résilience, mais qu’ils n’avaient toutefois pas la force déstabilisatrice du M23.

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR): rebelles hutu rwandais refugiés en RDC après le génocide perpétré en 1994 au Rwanda contre les Tutsi. Même s’ils sont aujourd’hui surtout une menace pour les civils congolais, leur objectif proclamé reste de renverser le régime de Kigali. Leur commandement a été décimé, mais le Rwanda accuse Kinshasa de les soutenir. Ils seraient entre 1.500 et 2.000.

Les milices Maï-Maï: elles regroupent une vingtaine de sous-groupes, dont la taille varie de quelques dizaines à environ 1.500. Formées à l’origine pour contrer les diverses interventions armées du Rwanda dans l’est de la RDC depuis le génocide de 1994. L’armée de RDC a ces derniers mois été accusée de s’appuyer sur certains d’entre eux pour combattre le M23. L’ONU en a à l’inverse accusé d’autres de soutenir les mutins.

Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS): l’un de ces sous-groupes Maï-Maï, basé dans le Masisi, dans le Nord-Kivu. Il a aidé les FARDC à chasser les M23 de Sake, une ville-clé proche de Goma en novembre.

Les Nyatura: autre émanation Maï-Maï, qui a également aidé l’armée congolaise à reprendre Goma au M23 l’an dernier.

Le Front national de libération (FNL) : groupe rebelle burundais qui a repris les armes contre les autorités de Bujumbura après des élections boycottées par l’opposition en 2010. Une partie des FNL utilisent le Sud-Kivu comme base de repli et font de temps en temps l’objet de campagnes de répression conjointes des armées congolaise et burundaise.

Les Forces oecuméniques pour la libération du Congo (FOLC): soutenues par un ancien chef rebelle devenu un temps ministre de l’Intérieur de RDC, Antipas Mbusa Nyamwisi. Elles sont, comme les ADF, actives près de la frontière ougandaise et ont été accusées de coopération avec le M23. Le groupe aurait cependant accepté de déposer les armes.

Face à toutes ces milices, se sont constitués des groupes dits de défense des populations, comme les Raia Mutomboki ou les forces de défense congolaises (FDC). Ces groupes s’en prennent pourtant aussi régulièrement aux civils. Certains d’entre eux ont été accusés par l’ONU d’alliance avec le M23.

D’autres milices opèrent encore ailleurs dans le pays, notamment en Ituri, district de la province Orientale situé au nord du Nord-Kivu, ou encore dans la riche province minière du Katanga (sud).