L’ICA déplore la baisse des investissements publics et privés en Afrique

Le continent africain doit au moins doubler ses efforts dans ce secteur pour se développer, selon un rapport du Consortium pour les infrastructures en Afrique.

En 2016, les investissements publics et privés dans les infrastructures de transports, d’énergie, d’eau et d’assainissement, et des technologies de l’information et de la communication (TIC) se sont élevés à 62,5 milliards de dollars sur l’ensemble du continent africain, contre 78,9 milliards en 2015 (-20 %), selon le rapport annuel « Tendances du financement des infrastructures en Afrique 2016 » publié lundi 16 octobre. Ce rapport recense les investissements publics et privés ainsi que les financements des institutions internationales.

Or, « il faudrait des dépenses annuelles comprises entre 120 et 140 milliards de dollars à court terme » pour répondre aux besoins de développement du continent, selon le rapport. La baisse constatée en 2016 s’explique principalement par la brusque décrue des investissements chinois, à 6,4 milliards de dollars, contre 20,9 milliards en 2015. Mais le niveau de 2015 était exceptionnel, et s’expliquait par de gros investissements chinois dans des chemins de fer, note le rapport. En moyenne, les investissements chinois se sont élevés à 12 milliards par an sur la période 2011-2016, ce qui fait de la Chine le premier investisseur international en Afrique. En revanche, les États africains ont davantage investi en 2016 (26,3 milliards, contre 24 milliards en 2015). Le secteur des transports vient en tête des investissements, avec 24,5 milliards de dollars (39,2 % du total) ; suivi par le secteur de l’énergie (20 milliards, 31,9 %), de l’eau et assainissement (10,5 milliards, 16,9 %) et des TIC (1,6 milliard, 2,6 %). Pour rappel, l’ICA a été lancé en 2005 pour promouvoir le développement des investissements dans les infrastructures en Afrique. Il compte parmi ses membres les pays du G8, l’Afrique du Sud, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Commission européenne, la Banque européenne d’Investissement et la Banque de Développement d’Afrique australe.

Un retard considérable

Les effets d’une amélioration supplémentaire des infrastructures africaines sur la croissance pourraient être encore plus importants. En effet, des simulations suggèrent que si tous les pays africains rattrapaient l’Île Maurice (le leader régional en matière d’infrastructures), la croissance par habitant dans la région pourrait augmenter de 2,2 points de pourcentage. Rattraper la République de Corée l’augmenterait de 2,6 points de pourcentage par an. En Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo et au Sénégal, les effets seraient encore plus importants.

Dans la plupart des pays africains, en particulier les pays à faible revenu, les infrastructures apparaissent comme la principale contrainte imposée aux affaires, faisant baisser la productivité des entreprises d’environ 40 %. Très souvent, les effets négatifs de l’insuffisance des infrastructures sont au moins aussi pénalisants que ceux de la criminalité, la bureaucratie, la corruption et les contraintes des marchés financiers.