L’insécurité dans l’Est handicape l’interconnexion avec Kampala

Après la liaison Kinshasa-Lubumbashi, il est prévu que le projet CAB5 se poursuive dans l’Est du pays, selon les experts de la SOCOF SA. Mais l’insécurité autour de la ville de Beni, au Nord de Goma, n’est guère pour faciliter leur travail. 

 

La Société congolaise de fibre optique (SOCOF) lance dans les prochains jours les travaux de construction du réseau de la fibre optique Lubumbashi-Goma en vue de la connexion avec Kampala, la capitale de l’Ouganda, grâce à un financement (don) de la Banque mondiale de l’ordre de 92 millions de dollars. La pose de la fibre optique empruntera la voie de chemin de fer de la Société nationale des chemins de fer (SNCC), sur quelque 1 322 km, entre le chef-lieu du Haut-Katanga et Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, en passant par les localités de Tenke et Kabalo. Puis, elle longera les routes nationales n°2 et 5 sur 761 km, de Kalemie à Goma en passant par les villes d’Uvira et de Bukavu, principales agglomérations de la province du Sud-Kivu.

Les travaux de la pose de la fibre optique rentrent dans le cadre du projet Cable African Backbone (CAB5), qui a été retiré à la Société congolaise des postes et des télécommunications (SCPT) au profit de la SOCOF. Le plan global du réseau CAB5 repose, en pratique, sur trois pôles. Le présent projet de la SOCOF se trouve au niveau du pôle Est qui est, en fait, le prolongement du pôle Ouest (Kinshasa-Muanda en redondance à la SCPT jusqu’à Muanda dans le Kongo-Central avec une interconnexion avec la République du Congo et l’Angola) et du pôle Sud (Kinshasa-Lubumbashi, longeant la route nationale n°33 pour réaliser une interconnexion avec la Zambie et l’Angola sur 1 026 km). Le pôle Est remonte vers le Nord-Est du pays en faisant une liaison sur la ville de Beni pour aboutir à une interconnexion avec l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi sur quelque 990 km.

Le succès de ce projet est largement tributaire du climat sécuritaire dans la région. Ce n’est un secret pour personne, les zones que doivent traverser la fibre optique sont en proie à une insécurité permanente. Les conflagrations interethniques (Luba-bantou vs Twa-Pygmées) dans la région de Kalemie couvent toujours, en dépit du renforcement du dispositif de la police nationale dans la région. Le projet de la pose de la fibre optique consiste essentiellement à creuser un canal de plus de 1 m de profondeur le long de la voie ferrée de la SNCC par une main-d’œuvre locale, en traversant des villages pas toujours hospitaliers.

D’ailleurs, depuis mi-février 2018, le commandement de la garnison des Forces armées de la RDC (FARDC) à Kalemie, le général James Kasereka, a interdit aux motos et aux véhicules d’entrer ou de sortir de la ville de Kalemie après 18 heures. La mesure s’étend également aux bateaux et autres pirogues marchandes.

Plus loin, au Nord de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, l’activisme des groupuscules armés qui se réclament de l’obédience Maï-Maï est un défi majeur pour le déploiement de la fibre. L’insécurité va crescendo et atteint des degrés paroxystiques dans la région de Beni en proie à des actes terroristes attribués aux rebelles ougandais d’ADF.

Cependant, le CAB 5 a le mérite d’apporter plusieurs avantages, notamment une meilleure fluidité dans les communications, la transmission des messages par téléphone, l’Internet, la radio et la télévision.