L’OMS, l’UNESCO et l’UNICEF exhortent les gouvernements à rouvrir les écoles

Neuf mois après le début de l’épidémie de coronavirus en Chine, les trois agences onusiennes déplorent que la moitié des enfants ne peut toujours pas retourner en classe. Au plus fort de la crise sanitaire, les écoles ont fermé leurs portes dans 192 pays, y compris la RDC, renvoyant ainsi 1,6 milliard d’élèves chez eux.

EN RÉPUBLIQUE démocratique du Congo, on connaît la date de la rentrée des classes : le 12 octobre. Par ailleurs, 872 millions d’élèves dans 51 pays dans le monde ne peuvent toujours pas retourner dans leurs classes, a récemment déclaré Henrietta Fore, la directrice exécutive de l’UNICEF, lors d’une conférence de presse conjointe avec les directeurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNESCO. Même si des millions d’enfants ont pu continuer à apprendre à distance, par le biais de l’Internet, de la télévision ou de la radio, au moins 463 millions sont privés d’éducation parce qu’il n’existe pas d’option à distance, regrettent les trois agences onusiennes.

Nouvelles directives

L’OMS, l’UNESCO et l’UNICEF exhortent donc les gouvernements à donner priorité à la réouverture des écoles. À cet effet, ils ont publié de nouvelles directives pour y arriver en toute sérénité.  « Avant la pandémie, le monde était déjà confronté à une crise de l’apprentissage – tant en termes d’accès à l’éducation que de qualité de celle-ci pour chaque enfant », explique Stefania Giannini, la sous-directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation. « Si nous n’agissons pas maintenant, nous sommes confrontés à un vrai risque d’une catastrophe générationnelle », ajoute-t-elle, citant Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.

Comprendre comment le Covid-19 affecte les enfants est l’une question prioritaire depuis le début de la pandémie. « De nombreuses questions restent en suspens, mais nous commençons à avoir une image plus claire », a affirmé Dr Tedros, le directeur général de l’OMS, lors de cette conférence de presse conjointe avec l’UNICEF et l’UNESCO. Les enfants et les adolescents peuvent être infectés et en infecter d’autres personnes ; le virus peut les tuer mais ils ont toutefois une tendance à avoir une infection plus légère. Les données citées par les trois agences onusiennes montrent que moins de 10 % des cas signalés et moins de 0,2 % des décès concernent des personnes de moins de 20 ans.

Cependant, il est nécessaire d’approfondir les recherches sur les facteurs qui augmentent le risque de maladie grave et de décès dus au Covid-19 chez les enfants et les adolescents.  Et les effets potentiels à long terme sur la santé de ceux qui ont été infectés restent inconnus. « Bien que les enfants aient été largement épargnés par les effets les plus graves du virus sur la santé, ils ont souffert d’autres façons », a déclaré le directeur général de l’OMS.

Selon les trois agences de l’ONU, la fermeture des écoles pendant de longues périodes peut avoir des conséquences dévastatrices pour les enfants. « Ils deviennent plus exposés à la violence physique et émotionnelle. Leur santé mentale est affectée. 

Ils sont plus vulnérables au travail des enfants et aux abus sexuels, et ont moins de chances de sortir du cycle de la pauvreté », explique la directrice exécutive de l’UNICEF. Elle rappelle que pour les plus marginalisés, le fait de ne pas aller à l’école « même si ce n’est que pour quelques semaines » peut entraîner des conséquences négatives qui durent toute la vie.

Conseils actualisés

« Nous savons qu’au-delà de l’apprentissage, les écoles offrent aux enfants des services vitaux de santé, de vaccination et de nutrition, ainsi qu’un environnement sûr et favorable », précise Henrietta Fore, ajoutant que « ces services sont mis en suspens lorsque les écoles sont fermées ». Plus les enfants restent longtemps en dehors de l’école, moins ils ont de chances d’y retourner, souligne également l’ONU, signalant qu’au moins 24 millions d’enfants abandonneront l’école à cause du Covid-19.« C’est pourquoi nous demandons instamment aux gouvernements de donner la priorité à la réouverture des écoles, lorsque les restrictions sont levées », a renchérit Henrietta Fore. L’ONU exhorte ainsi les gouvernements à prendre en compte tous les besoins des enfants qu’accueillent les établissements scolaires – apprentissage, protection, santé physique, santé mentale – et à veiller à ce que l’intérêt supérieur de chaque enfant passe avant tout. « Dans cette crise nous avons compris l’importance d’avoir l’école comme centre pour l’apprentissage mais c’est aussi le centre pour la nutrition, pour la santé, c’est le centre pour le bien-être des enfants »,   explique Stefania Giannini.

L’OMS, l’UNESCO et l’UNICEF ont publié des conseils actualisés sur la manière de gérer les écoles de la façon la plus sûre possible pendant la pandémie de Covid-19. Ces conseils, à l’intention des décideurs politiques et des éducateurs, ont été élaborés en examinant les diverses approches qui permettent le fonctionnement des établissements scolaires tout en réduisant les facteurs de risque. Ils tiennent compte du niveau et de l’intensité des taux de transmission aux niveaux de scolarité primaire, des considérations appropriées à l’âge pour des mesures telles que la distanciation physique et le port du masque dans les écoles et d’autres mesures pour atténuer les effets du Covid-19 dans les écoles.

Selon les trois agences onusiennes, la continuité de l’éducation des enfants pour leur bien-être général, leur santé et leur sécurité doit figurer au premier plan de toutes les considérations et décisions au moment d’organiser la scolarisation des enfant de moins de 18 ans. Les directives proposent aussi des recommandations clés qui peuvent être adaptés non seulement aux écoles, mais aussi à des contextes scolaires spécifiques, comme les activités extrascolaires.

Les mesures spécifiques recommandées dans cette mise à jour comprennent l’échelonnement des horaires d’ouverture et de fermeture des écoles, des heures de repas et des pauses, des installations pour le lavage des mains, le nettoyage des surfaces et des objets partagés, et la mise en place de mécanismes pour partager les informations avec les parents, les élèves et les enseignants.