L’Union européenne à la rescousse

Dotée de millions d’hectares de terres fertiles, la République démocratique du Congo n’a pas encore trouvé la clé qui ouvre la porte de la sécurité alimentaire. Cela pour de multiples raisons. Pour y remédier, elle lance des projets, tout en comptant sur l’appui de partenaires extérieurs. 

Les légumes constituent une base importante dans l’alimentation des Congolais.
Les légumes constituent une base importante dans l’alimentation des Congolais.

L’ambassadeur de l’Union européenne (UE), Jean-Michel Dumond, a rencontré, le 29 décembre dernier,  le nouveau ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage, Isidore Kabwe Mwehu, pour passer en revue les grands axes d’intervention de son institution dans le domaine de l’agriculture en RDC. Ces programmes  s’articulent  autour de la sécurité alimentaire ; de l’agro-forestière, ou conservation de la nature, et du développement d’une agriculture durable dans les environs des aires à protéger. Il s’agit, notamment, des parcs  nationaux de Garamba (Province-Orientale), Virunga (Nord-Kivu), Salonga (Équateur, Bandundu, Kasaï- Occidental)  Yangambi et Upemba (Katanga).  Ces projets contribueront au développement de l’agriculture et à la protection de l’environnement,  précisément la forêt qui fait de la RDC un des «  poumons verts de la planète. »

« Je suis venu faire l’évaluation avec le ministre de tous ces programmes relatifs à l’agriculture  pour  voir ce qui marche le mieux afin de multiplier les expériences réussies », a déclaré le diplomate européen. Tout en signalant que son l’UE a lancé une dizaine de programmes de ce genre en RDC. D’autres sont à venir.  Pour Jean-Michel Dumond,  « la RDC ne peut développer son secteur agricole que si elle remplit les conditions de base,  entre autres, la libéralisation des énergies ; l’assurance de la stabilité foncière ; la suppression des taxes illégales qui poussent les paysans à observer la grève. » Prenant un exemple, il a souligné que les grandes villes comme Kinshasa  sont approvisionnées en charbon de bois par les parcs agro-forestiers sans prélèvement sur les forêts existantes. Ce programme marche aussi bien pour les paysans que pour les habitants des zones urbaines.

Selon lui, l’agriculture est une grande chance pour la RDC, qui possède 800.000 km2 de terres fertiles qui sont,  à l’heure actuelle non exploitées. C’est dans cette optique qu’il a mis un accent particulier sur le Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, dans le Bandundu, « modèle d’agriculture industrielle ». Le représentant de l’UE pense que la grande réussite de ce parc sera,  non seulement de peser sur les prix à Kinshasa, mais aussi  d’empêcher la spéculation. L’UE a contribué à l’installation, sur la rive gauche de la rivière Kwango [sur la route de Bukanga-Lonzo, NDLR] une centaine de familles qui cultivent du maïs, du manioc, du niébé, des arbres fruitiers pour la consommation et la vente.

Parmi les axes d’intervention  de l’UE, la sécurité alimentaire occupe une place de choix. Le but est de promouvoir  la relance agricole de base et la lutte contre la malnutrition tant dans les zones urbaines que les  campagnes, avec une attention soutenue  apportée à l’état nutritionnel des populations rurales. Dans son programme de  sécurité alimentaire en RDC, l’UE cherche à répondre aux problèmes résultant de la hausse des prix des denrées alimentaires dans les pays en développement. Pour ce faire,  elle avait,  en juillet 2013, débloqué  un fonds de 26 millions d’euros destiné à stimuler les producteurs de denrées alimentaires pour augmenter l’approvisionnement ; agir sur les répercussions de la fluctuation des prix sur les populations locales; maximiser la capacité de production alimentaire et  améliorer les méthodes de gestion de l’agriculture sur le long terme.

En ce qui concerne la conservation de la nature, l’UE contribue à l’amélioration de la bonne gouvernance des ressources naturelles ; la gestion durable des aires protégées et la préservation de la biodiversité de la RDC. L’autre aspect c’est l’amélioration du pouvoir de gestion des écosystèmes, tout en mettant en place des actions conservatoires au bénéfice des quatre aires protégées représentatives de la biodiversité du pays, en venant en aide à des instituts ou des université qui ont  des enseignements sur la forêt, la conservation de la nature, les ressources naturelles, comme  l’université de Kisangani. Pour toutes ces actions, les résultats attendus sont à deux niveaux. Un : être assuré que les quatre aires protégées le sont réellement. Deux : améliorer les capacités humaines en matière de gestion durable des forêts et de la biodiversité. La RDC, avec 145 millions d’hectares, est l’un des poumons de la planète. Si ses forêts sont bien gérées, elles peuvent être le moteur inégalable de développement, tout en veillant à la valeur biologique, environnementale et à la régulation du climat.

Les Européens se sont engagés à contribuer à la mise en place d’une masse critique, en termes d’investissement matériel, pour soutenir la gestion durable de l’ensemble du paysage naturel  et varié en biodiversité des parcs nationaux, en vue de la réduction de la dépendance et des pressions agricoles sur les forêts. Tout cela aura un impact positif sur la RDC, mais aussi sur le bassin du fleuve Congo, à travers une très bonne contribution du secteur forestier et environnemental, en vue de réduire  les émissions de gaz et  d’augmenter les stocks de carbone grâce à une bonne gestion. Ceci  va se traduire par la mise en œuvre de projets et de formations à plusieurs échelons,  dans le domaine de l’adaptation au changement climatique, ainsi que la restauration et la gestion des plantations agro-forestières et des écosystèmes forestiers dégradés dans l’Est du pays.

Pour l’UE, l’agriculture est le secteur économique qui présente, à court terme, le plus grand potentiel de relance et une répercussion immédiate sur le niveau de vie des populations congolaises, aussi bien de la part des producteurs  qui vivent dans les milieux ruraux que des consommateurs qui sont dans les grandes zones urbaines. En outre, l’agriculture vivrière représente l’essentiel de la production à travers les petites exploitations, tant dans les zones rurales que dans les  grandes villes, alors que les cultures d’exportation, la pêche et l’élevage occupent une place bien moins importante.  En principe, la RDC devrait être l’un des plus importants exportateurs de produits vivriers du continent.