Malgré les opportunités de la mondialisation, la RDC ne sait pas tirer son épingle du jeu

La situation semble favorable à une reprise soutenue de la croissance agricole, tant sur le marché national que sur les marchés régionaux et internationaux. Les prix sur les marchés mondiaux créent une opportunité importante tant pour les produits d’exportation que pour les produits de substitution aux importations. 

 

Du point de vue théorique, si la demande intérieure est très porteuse pour les cultures vivrières et pour les produits de l’élevage, les marchés régionaux, quant à eux, représentent un gisement de croissance considérable pour les producteurs locaux. Par ailleurs, malgré la crise financière internationale, les marchés mondiaux représentent un débouché pratiquement illimité pour un pays dont les exportations actuelles sont négligeables.

Dans la pratique, étant donné l’importance déterminante des cultures vivrières dans la production agricole nationale, le marché local est un débouché incontournable de croissance du secteur agricole. Selon des explications fournies par des spécialistes, en raison du déclin des revenus, la demande intérieure a été au mieux stagnante au cours des trois dernières décennies. Cependant, la reprise de la croissance économique devrait permettre aux revenus, en particulier urbains, de progresser et donc de soutenir une demande croissante en produits alimentaires. De l’effet combiné de l’accroissement de la population (qui croit au rythme très élevé de 3 % par an), de la hausse des revenus et de la consommation de produits de plus haute valeur pourrait donc résulter une demande intérieure en produits alimentaires d’au moins 6 % par an sur le long terme.

De plus, la substitution de produits locaux aux importations alimentaires représente un gisement non-négligeable de croissance du secteur. L’augmentation des prix des produits agricoles sur les marchés internationaux a créé une opportunité importante pour l’agriculture nationale, et l’amélioration des infrastructures de transport entre les principaux centres urbains. Leurs bassins de production devraient permettre aux productions locales d’être pleinement compétitives avec les produits importés. Cela semble très possible pour le riz, le maïs, l’huile de palme, les produits carnés et peut-être pour le sucre. Il est en effet démontré que la croissance des revenus agricole a non seulement des effets multiplicateurs importants sur l’économie non-agricole locale mais contribue aussi à l’atténuation de la pauvreté dans les autres secteurs de l’économie et en zones urbaines.

Marchés régionaux et internationaux 

La RDC est membre de la SADC et du COMESA. Dans ce cadre, la RDC ne peut profiter des opportunités du marché régional qu’en appliquant les accords régionaux et en participant pleinement du processus de l’intégration régionale. À ce titre, les marchés des pays de la sous-région présentent une source de croissance non-négligeable pour les producteurs congolais situés dans les provinces limitrophes.

Le débouché principal pour les producteurs du Kongo-Central, de provinces issues du démembrement de l’ex-Bandundu et de l’ex-Équateur est Kinshasa, mais aussi les marchés de la République du Congo, du Gabon, du Cameroun et de la République Centrafricaine. Le marché principal pour les producteurs situés dans le Sud du pays est le bassin minier du Katanga, mais aussi la Zambie, l’Angola, le Zimbabwe, et même l’Afrique du Sud. Les débouchés extérieurs principaux des producteurs des deux Kivu, des provinces issues du démembrement de la province Orientale et du Maniema sont les pays de la région des Grands lacs (Ouganda, Burundi, Rwanda), et les régions ouest de la Tanzanie et du Kenya.

Des circuits commerciaux transfrontaliers, largement informels, sont déjà actifs et permettront aux producteurs nationaux de produits vivriers (maïs et coton) de tirer parti de la croissance relativement soutenue des pays de la sous-région (haricots, bétail, thé pour le Kivu ; maïs et bétail pour le Katanga ; manioc, huile de palme, le café robusta pour l’Équateur et le Kongo-Central). Les pays limitrophes constituent aussi des plateformes d’exportation, ayant une meilleure logistique. Une bonne partie des exportations de café du Rwanda est ainsi originaire des Kivu, transitant par le corridor nord (Goma-Kigali-Kampala-Nairobi-Mombasa).

Du fait d’une forte demande des marchés développés et émergeants, les prix pour presque l’ensemble des produits de base, y compris agricoles, ont très fortement augmenté après 2005 et ont connu un pic vers la mi-2008.

Les produits à promouvoir

Selon les prévisions, la demande globale pour l’huile de palme a considérablement augmentée ces dernières années (10 % par an) et devrait se maintenir. Moins chère que les huiles végétales classiques, l’huile de palme est devenue l’huile la plus consommée au monde. Elle rentre aussi dans la composition de nombreux produits industriels, pharmaceutiques et cosmétiques. Son faible coût de production en fait un candidat idéal pour la fabrication de biocarburants (biodiesel), une industrie en pleine expansion (35 % par an) et qui offre des débouchés importants pour la filière, d’autant plus que les exigences de qualité sont moins fortes que dans l’industrie agro-alimentaire. Le prix de l’huile de palme devrait osciller autour de 800 dollars/tonne.

Le caoutchouc sert en majorité à l’industrie automobile et en particulier à la fabrication de pneumatiques. Le caoutchouc naturel couvre 40 % des besoins globaux, le reste étant couvert par le caoutchouc synthétique fabriqué à partir du pétrole. Avec la crise financière et la crise de l’industrie automobile dans les pays développés, la demande en pneumatique et en caoutchouc s’est contractée et les prix ont fortement chuté avant de remonter autour de 2.60 dollars/kg.

La consommation mondiale du café (arabica et robusta) augmente au rythme annuel de 2 %. Et les prix internationaux ne devraient pas enregistrer de baisse significative. Une production mondiale plus faible de robusta pourrait même pousser son prix à la hausse. Cependant la grande volatilité des prix du fait de récoltes aléatoires rend les opportunités de croissance pour ce secteur plus aléatoires. La production pour des marchés de niches (bio, commerce équitable), ou pour des marchés exigeants (Union européenne et États-Unis) à des prix supérieurs offre des perspectives de croissance plus prometteuses. Pourvu que les producteurs disposent des capacités suffisantes pour mettre en place les canaux de distribution nécessaires et faire face aux exigences de traçabilité et de qualité de ces marchés.

Quant au thé, la demande internationale n’a cessé d’augmenter, au rythme annuel soutenu de 3 %. Environ 75 % de la production est assurée par quatre pays : la Chine (30 %), l’Inde (28 %), le Kenya (10 %) et le Sri Lanka (8 %). Les grands pays producteurs étant également des pays consommateurs, seule 40 % de la production mondiale est exportée.

Ainsi, bien qu’étant des relativement petits producteurs, les pays africains représentent 30 % des exportations mondiales de thé. Sur le marché international le thé est en majorité vendu aux enchères. Les prix sont très volatiles en raison de la qualité et de la quantité des récoltes annuelles.