Moellons, caillasses, sables désormais sous la gestion d’une direction des Mines

La direction des carrières compte parmi les trois nouvelles directions qui devront être opérationnelles au ministère des Mines en 2019. Mais le financement fait défaut pour leur fonctionnement.

CETTE DIRECTION s’occupera essentiellement des matériaux de construction à usage courant, donc toutes substances minérales non métalliques de faible valeur, classées en carrières et utilisées dans l’industrie du bâtiment comme matériaux ordinaires non décoratifs, exploitées extensivement à petite échelle. Mais le ministère des Mines a déjà exprimé un souci : celui des moyens financiers. Il accuse un gap de 1 360 561 850 FC pour la création de trois nouvelles directions à savoir la direction administrative et financière, la direction des archives et nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que la direction des carrières. 

Par ailleurs, l’opérationnalisation de ces directions va nécessiter 3 000 000 000 FC. Toutefois, de l’avis des experts du ministère des Mines, le secteur des carrières peut se rentabiliser à court terme au regard du boom immobilier qui n’a guère pali, voilà pratiquement 20 ans.

La carrière, selon le code minier révisé, porte sur tout gisement de substances minérales classées en carrières exploitable à ciel ouvert et/ou toute usine de traitement des produits de cette exploitation se trouvant dans le périmètre de carrière pour réaliser leur transformation en produits marchands, y compris les installations et les matériels mobiliers et immobiliers affectés à l’exploitation. 

Les matériaux de construction à usage courant : les substances minérales classées en carrières et utilisées dans l’industrie du bâtiment comme matériaux ordinaires non décoratifs. Il s’agit notamment des argiles à brique, sables, grès, calcaire à moellon, marne, quartzite, craie, gravier alluvionnaire, latérites et basaltes. 

Les minéraux industriels désignent, en pratique, les substances minérales classées en carrières et utilisées comme intrants dans l’industrie légère ou lourde. Les experts du ministère des Mines citent notamment le gypse, le kaolin, la dolomie, le calcaire à ciment, les sables de verrerie, la fluorine, les diatomites, la montmorillonite et la barytine. 

De tous ces matériaux, caillasses, moellons et sables sont sans doute les plus exploités, et le calcaire à ciment, le plus onéreux. 

À Kinshasa, dix tonnes de sable se négocient à 150 dollars, celles de caillasses à 380 dollars et celles de moellons à 250 dollars. La taxe d’extraction de sable dans le lit mineur d’une voie navigable et ses abords qui relevait du ministère des Transports et des Voies de communication, devrait revenir au ministère des Mines. 

Le secteur de la construction est, en réalité, porté par les privés. L’État a réduit considérablement ses dépenses dans les bâtiments et travaux publics pour 2018. Le budget public du secteur des IBPT se chiffre à 865,5 milliards de francs, soit moins de 480 millions de dollars. Ces prévisions des dépenses représentent un taux de régression de 51,3 % par rapport à la prévision de 2017 chiffrée à 1.777,4 milliards de francs mais dont le taux d’exécution est resté à moins de 10 %. Le budget 2018 du secteur des bâtiments et travaux publics équivaut tout de même à 9,7 % des dépenses du budget général pour l’exercice 2018 qui se chiffrent à 10.313,3 milliards de francs. Les dépenses programmées par l’État couvrent, en effet, la construction, la réfection, la réhabilitation, l’addition d’ouvrage et d’édifice ainsi que l’acquisition immobilière.

0,1 point de pourcentage 

Le gouvernement n’a prévu que 4 424 840 000 FC pour l’acquisition des terrains et 800 000 000 FC pour celle des bâtiments. Les prévisions des dépenses inhérentes aux constructions d’ouvrages et d’édifices se chiffrent à 598 296 645 927 FC. Par ailleurs, le coût programmé de la réhabilitation, la réfection et l’addition d’ouvrages et d’édifices se chiffre à 261 904 115 561 FC. Le coût de la construction d’un bâtiment public par m² qui revenait officiellement en 2017 à 500 000 FC, se négocierait plutôt à 100 000 FC courant 2018, selon le ministère du Budget. 

Le gouvernement n’espère pas non plus gagner grand-chose dans le domaine du génie civil courant 2018. Selon la loi de finances publiques en cours, les contributions des branches « Bâtiments et Travaux publics » seraient de 0,1 point de pourcentage. Pourtant, après une décote de -0,7 point sur la croissance en RDC en 2016, le secteur de BTP s’est repris et le nombre d’entreprises de construction a été en nette augmentation en 2017.

Selon les estimations de la Commission des études statistiques et des comptes nationaux (CESCN), le secteur secondaire aurait connu une performance croissante en 2017, basée essentiellement sur la bonne tenue attendue de la branche BTP. L’entrée en production de deux nouvelles cimenteries aura été déterminante pour le secteur du génie civil, selon la CESCN. Ces cimenteries devraient produire à terme 2,2 millions de tonnes de ciment par an, à raison de 1,0 million pour le PPC Barnet et 1,2 million pour la Cimenterie Kongo (CIMKO). Comme par effet domino, les demandes d’agrément des entreprises de construction ont explosé ces derniers mois. Selon les données statistiques fournies par le ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, la taxe inhérente à l’agrément des entreprises de construction a rapporté plus de deux fois (270 %) les prévisions escomptées au premier trimestre 2017, soit près de 14 millions de francs (13 627 722 FC), contre des projections de 5,055 millions. 

Constructeurs unipersonnels

Le gouvernement a encore engrangé près de 125 millions de francs à fin décembre 2017. En 2016, le taux de réalisation était de 405 %, soit des prévisions de plus de 20 millions (20 222 509 FC), contre des recettes de plus de 81 millions (81 901 998 FC). 

Par ailleurs, le ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction enregistre aussi un nombre croissant de constructeurs unipersonnels (indépendants) dans le secteur de la construction et de l’aménagement intérieur depuis 2016. Si en 2015, la taxe d’enregistrement des indépendants avait juste rapporté 370 100 FC, contre des assignations de 468 250 FC, en 2016 les recettes ont frôlé le million de francs, soit un taux de réalisation de 142,44 % pour près de 950 000 FC (949 256 FC) sur des prévisions de 666 423 FC. 

Fort de ces résultats, les assignations du premier trimestre 2017 seront projetées à 166 606 FC. Et une fois encore, les réalisations avaient explosé à près de 270 %, soit des recettes de près de 450 000 FC (449 095 FC). À fin décembre 2017, le ministère des ITPR devrait avoir gagné plus de 1.2 million de francs grâce à la taxe sur l’enregistrement des opérateurs indépendants dans le secteur des constructions. 

L’on note, par ailleurs, une ruée des jeunes diplômés et des étudiants en classes terminales de l’Institut national des bâtiments et des travaux publics (INBTP), principale école supérieure de génie civil, sur différents chantiers tant dans la capitale que dans les grandes agglomérations de l’arrière-pays.