Orange lorgne quatre filiales d’Airtel sur le continent

Les chiffres d’affaires en hausse des entreprises de téléphonie cellulaire opérant en Afrique les poussent à investir davantage. Outre les communications classiques et les SMS, l’échange de données est une autre source de bénéfices.

Dans un communiqué publié le 20 juillet, le français Orange et l’indien Bharti Airtel sont en pleines négociations en vue du rachat, par le premier, de quatre filiales du second en Afrique subsaharienne. Cela concernerait quatre succursales de Bharti Airtel international au Burkina Faso, au Congo-Brazzaville, en Sierra Leone et au Tchad. Les deux opérateurs, bien implantés en Afrique, ont tenu à préciser que « ces discussions n’aboutiront pas nécessairement à un accord ferme ». Fin 2014, Orange comptait 97,5 millions d’abonnés dans la zone Afrique et Moyen-Orient. La firme française est présente dans treize pays d’Afrique subsaharienne, dont la RDC y compris.

Interconnexion du Mobile Money  

N’étant pas dans tous les pays du continent, Orange et Airtel travaillent en partenariat en Afrique subsaharienne. En mars dernier, les deux entreprises ont établi  une interconnexion de leurs offres Mobile Money en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso.  En Afrique, le marché des services financiers sur mobile se développe vite. Selon les estimations, il pourrait, jusqu’en 2019, concerner environ 250 millions de personnes.  Grâce à cet accord, les clients de ces deux pays utilisant  Orange et Airtel ont la possibilité de s’envoyer et de recevoir de l’argent via leurs téléphones. L’avantage pour les deux opérateurs, c’est qu’ils proposent des services de transfert et de réception d’argent dans des pays où ils n’opèrent pas. Par exemple, Orange est en Côte d’Ivoire mais il n’est pas au Burkina Faso. Airtel aussi est au Burkina Faso mais n’est pas en Côte d’Ivoire.  Thierry Millet, directeur des services financiers mobiles et NFC d’Orange indique : « Nous souhaitions développer la possibilité pour nos clients d’envoyer et recevoir de l’argent vers et depuis d’autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Nous sommes ravis de le faire aujourd’hui entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, pour répondre à une des attentes majeures de la région ».

Intenses activités financières 

De plus en plus d’accords sont signés entre les banques et les sociétés de téléphonie cellulaire. En 2014, par exemple,  Orange a signé des accords de partenariat avec les groupes BNP Paribas, Bank of Africa et Ecobank. La même année, les usagers du service Orange Money de treize pays, estimés à plus de 12 millions, ont effectué des opérations financières d’une valeur  de 4,5 milliards d’euros. En ce qui concerne l’entreprise Airtel, elle s’est alliée à Visa pour offrir ses services  Mobile Money dans sept pays africains. En 2014, l’opérateur indien avait conclu un accord avec MTN pour proposer un service de transfert d’argent entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

Tirer profit de la croissance interne

Ce qui intéresse les entreprises des télécommunications c’est la croissance interne. En Afrique, le chiffre d’affaires d’Orange est évalué à 5,5 milliards d’euros. « Notre priorité, c’est la croissance interne. Dans des pays comme la RD Congo, avec plus de 70 millions d’habitants et où le taux de pénétration est relativement faible, on a largement de quoi développer internet, mais aussi la voix et de nouveaux services comme le paiement par mobile », soulignait en octobre 2014 Marc Rennard, responsable depuis huit ans du pilotage du développement d’Orange en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.

Outre la communication classique et les SMS qui constituent l’essentiel des bénéfices d’argent, les opérateurs des télécommunications misent maintenant sur l’explosion des échanges de données. « Orange connaît une période heureuse en Afrique. La croissance de notre chiffre d’affaires est de l’ordre de 7 % depuis début 2014. Nous avons une stratégie claire. Orange veut être numéro un ou numéro deux sur tous ses marchés », selon Marc Rennard.    L’augmentation des ventes de smartphones est le facteur qui encourage l’échange de données.