Plus de 11 mille milliards de dollars ont déjà été dépensés pour répondre à l’impact financier de la pandémie

La crise sanitaire continue de faire payer un tribut sans précédent aux économies, notamment dans les pays et les communautés qui n’ont pas les moyens d’y répondre, constate l’ONU. Le secrétaire général de l’organisation regrette le manque de solidarité suffisante pour leur apporter le soutien nécessaire et urgent dont ils ont besoin.

EN MARGE du débat général de l’Assemblée générale de l’ONU, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a organisé une réunion de haut niveau sur le thème « Le financement du développement durable à l’horizon 2030 à l’ère du Convid-19 ». Une quarantaine de chefs de gouvernement et d’organisations internationales ont participé à cette réunion virtuelle pour discuter des meilleures mesures qui peuvent être prises pour aider les pays à faible revenu à faire face aux effets socio-économiques dévastateurs de la pandémie de Covid-19. Selon l’ONU, sur les 11 000 milliards de dollars qui ont été dépensés à ce jour à travers le monde pour répondre à l’impact financier de la pandémie de Covid-19, 88 % ont été dépensés par les pays à revenu élevé et seulement 2,5 % ont été dépensés dans les économies émergentes et en développement. 

« En l’espace de quatre mois seulement, depuis que le 1ER Ministre (canadien) Justin Trudeau, le 1ER Ministre (jamaïcain) Andrew Holness et moi-même avons réuni les dirigeants mondiaux en mai, 25 millions de personnes supplémentaires ont contracté le Covid-19 et 600 000 autres sont mortes. Il y a plus de 33 millions de cas confirmés dans le monde et le nombre de vies perdues a déjà dépassé le million », a indiqué Antonio Guterres.

Des politiques « audacieuses »

Le secrétaire général de l’ONU demande à mettre en œuvre une série de politiques de soutien économique pour les pays dans le besoin. Il a notamment appelé à accroître les ressources mises à la disposition du Fonds monétaire international (FMI), à alléger la dette et étendre la suspension du service de la dette ainsi que son champ d’application à tous les pays en développement et à revenu intermédiaire qui en ont besoin. Antonio Guterres estime également que le secteur privé, y compris les agences de notation de crédit, doivent participer aux efforts d’allègement. « Je suis encouragé de voir plus de 40 chefs d’État et de gouvernement et les dirigeants du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de l’OCDE et de l’Union africaine se rassembler autour de ces politiques audacieuses », s’est-il félicité lors d’une conférence de presse. Antonio Guterres invite la communauté internationale à prendre une mesure collective pour fournir 35 milliards de dollars à l’accélérateur ACT afin de garantir un accès équitable aux diagnostics, aux traitements et aux vaccins. Enfin, il encourage vivement la fourniture des ressources à l’échelle des économies en développement, notamment par l’intermédiaire de la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales de développement, que ce soit par le biais de mécanismes existants, ou de mécanismes innovants de financement à des conditions préférentielles pour les pays qui en ont le plus besoin.   

« Les gouvernements doivent disposer des ressources nécessaires pour investir dans la création et le maintien d’emplois, remettre l’éducation et les entreprises sur les rails et aligner leurs budgets sur les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Accord de Paris sur le climat, afin de construire plus loin, plus fort, plus vert et meilleur », précise Antonio Guterres.

Pour le secrétaire général de l’ONU, la pandémie de Covid-19 est « une crise aiguë qui a mis en évidence des crises chroniques préexistantes » et « ignorer ces signes avant-coureurs est un acte d’autodestruction planétaire ». Le 1ER Ministre jamaïcain s’est félicité de l’initiative sur « Le financement du développement durable à l’horizon 2030 à l’ère du Covid-19 » qui « crée la voie pour que les pays développés alignent leurs perspectives mondiales sur celles des pays en développement ». 

Il a affirmé que la pandémie était « l’occasion de repenser le système financier mondial afin qu’il puisse promouvoir un développement plus équitable à l’échelle mondiale ». Pour sa part le 1ER Ministre canadien a réitéré son appel à œuvrer ensemble. « Nous savons tous qu’en temps de crise, il est naturel pour l’homme de vouloir se replier sur lui-même, de se protéger et de penser ensuite à ses voisins et aux autres pays du monde », a déclaré Justin Trudeau, précisant que « cette crise particulière nous oblige à travailler ensemble en tant que communauté mondiale ».

« Aucun pays ne peut éliminer le virus Covid-19 tant que tous les pays n’ont pas éliminé le virus Covid-19.  Aucun pays ne peut sortir et rétablir la prospérité économique si nous n’avons pas également un rétablissement global de la prospérité économique », a poursuivi le dirigeant canadien, ajoutant que son pays contribuait ainsi des centaines de millions de dollars au mécanisme COVAX d’accès mondial au vaccin contre la Covid-19, au financement et à l’allègement de la dette entre autres. 

« Nous devons stopper le virus, réagir, nous rétablir et renforcer nos systèmes pour l’avenir », a conclu Antonio Guterres. À l’ouverture de la 75è session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le secrétaire général de l’ONU a plaidé pour un rassemblement de la communauté internationale pour vaincre la pandémie « incontrôlable » de Covid-19. Plus de huit mois après la découverte du nouveau coronavirus, le constat sur la situation du coronavirus est amer. 

Une menace mondiale

Face à une crise sans précédent avec la barre d’un million de morts franchie, « la session de l’Assemblée générale de cette année ne ressemblera donc à aucune autre », a déclaré Antonio Guterres. L’ONU a publié le 16 septembre dernier un rapport documentant ce qu’elle a fait depuis le début de la crise du Covid-19. Mais aussi ce « que le monde doit encore faire » : une réponse sanitaire à grande échelle complète et coordonnée ; des politiques qui répondent à l’impact dévastateur de la pandémie sur le plan socio-économique, humanitaire et des droits de l’homme ; et un plan de reconstruction durable.

« Le virus est aujourd’hui la principale menace mondiale pour la sécurité dans notre monde », souligne le secrétaire général de l’ONU, qui avait déjà appelé fin mars à un cessez-le-feu mondial afin de combattre plus efficacement la pandémie. À l’ouverture du débat général de l’Assemblée générale, Antonio Guterres a appelé à la mobilisation de la communauté internationale « pour que le cessez-le-feu mondial devienne une réalité d’ici la fin de l’année ». « Nous devons saisir chaque ouverture dans les semaines à venir et faire un nouvel effort collectif pour la paix », a-t-il dit.