Pourquoi la mainmise de la Chine sur la filière voitures électriques est dangereus

 Les ventes de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont augmenté de 111 % sur le premier semestre en Chine à 412 000 unités. Pékin veut s’assurer une maîtrise mondiale de la filière électrique, des matières premières aux moteurs électriques et aux batteries, mais également aux véhicules eux-mêmes.

Les voitures « vertes » cartonnent en Chine. Les ventes de modèles à énergie nouvelle (« NEV »), segment qui englobe électriques et hybrides rechargeables, ont augmenté de 43 % en juin 2018 et carrément de 111 % sur le premier semestre à 412 000 unités, selon les chiffres publiés le mercredi 11 juillet par l’Association des constructeurs CAAM. Les livraisons devraient dépasser le million d’unités cette année, en hausse de 30 % par rapport à l’an passé, prévoit la CAAM. La Chine génère d’ores et déjà plus de la moitié des ventes mondiales de modèles zéro émission.

Des quotas pour les véhicules électriques

Ces ventes sont-elles le résultat d’un soudain engouement des automobilistes ? Pas sûr. Car le premier marché du monde est encore fortement administré, ou du moins régulé par les pouvoirs publics. Pékin a en fait annoncé fin septembre 2017 des quotas de véhicules électriques en Chine. Les véhicules électrifiés devront représenter 10 % des ventes de voitures neuves dès l’an prochain, 12 % en 2020, selon le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information. Le gouvernement chinois a renoncé certes au quota de 8 % pour 2018, envisagé initialement. Mais il veut que les véhicules électrifiés représentent à l’horizon 2025 un cinquième des ventes totales en Chine. La montée en puissance des véhicules électrifiés s’inscrit dans ce cadre. Des quotas qui arrangent… les constructeurs nationaux, partis très tôt sous l’injonction des pouvoirs publics, mais pas les étrangers, lesquels jurent que les quotas imposés seront « impossibles » à atteindre pour eux!

Cellules de batteries

L’installation d’une usine chinoise de cellules électriques à Thuringe en Allemagne relance la question de la dépendance du secteur automobile envers des technologies développées hors du pays. Révolue, l’époque où l’industrie européenne externalisait la production de ses pièces détachées en Asie ? C’est en tout cas directement en Allemagne qu’une entreprise chinoise envisage de construire une usine de cellules de batterie. Un projet qui devrait résonner comme un signal d’alarme pour l’industrie automobile locale, dont le manque de capacités de production propres risque de freiner le développement de la mobilité électrique.

En effet, BMW a accordé un contrat d’un peu plus d’un milliard d’euros au chinois Contemporary Amperex Technology (CATL), qui doit bâtir son site en Thuringe, pour fabriquer des cellules de batteries. Volkswagen a également choisi CATL ainsi que les sud-coréens Samsung Electronics et LG Chem pour des achats de batteries qui pourraient représenter plus de 21 milliards d’euros. Elon Musk, le fondateur du constructeur de voitures électriques Tesla, a évoqué de son côté la possibilité de bâtir une « méga-usine » non loin de la frontière franco-allemande, près de sa filiale Grohman Engineering.