Province minière, le Haut Katanga se découvre une autre vocation, le tourisme

Les mines rapportent encore beaucoup mais ce sont des ressources épuisables et dont les recettes sont vulnérables à divers aléas. Voilà pourquoi, le nouvel exécutif provincial veut développer le secteur touristique.

LE HAUT-KATANGA, ce n’est pas que les carrières et les mines, le cuivre ou le cobalt. La nouvelle gouvernance de la province veut aussi relancer son secteur touristique. Quelque 279 sites touristiques, dont 114 naturels, ont été répertoriés. 

D’après Claude Sylvie Mitonga, la commissaire principale au tourisme du Haut Katanga, la vision du gouvernement provincial est de faire de ce secteur une véritable industrie pour le développement de la province.  Il y a encore quelques années, Moïse Katumbi, l’ex-Gouv’ de l’ancien Katanga, et Jean-Claude Muyambo avaient compris qu’il y avait de gros lucres à gagner dans ce secteur laissé à l’abandon. Chacun s’était doté d’un parc animalier au sortir de la ville de Lubumbashi. L’engouement de la population et les recettes réalisées dépassaient des prévisions. Par la suite, la société civile locale fera sienne la 23è des 28 mesures urgentes du gouvernement prises en janvier 2016, selon laquelle l’État devrait s’appliquer à la relance des activités touristiques, notamment par la réaffectation du Fonds de promotion du tourisme (FPT) à sa vocation et la sécurisation des sites touristiques. 

Il semble que nombre de sites touristiques relevant du patrimoine de l’État ont été spoliés et/ou saucissonnés par des particuliers, des galonnés de l’armée, des acteurs politiques ou encore d’influentes personnalités dans la province. Pour sa part, Jean Pierre Kiwakana, le président du Conseil économique et social (CES), a, récemment, suggéré l’organisation d’un forum national sur la conservation de la nature qui devra être placé sous le haut patronage  du président de la République, en vue d’adopter de nouvelles orientation pour une gestion harmonieuse de cette biodiversité. 

Il a également indiqué que la RDC jouait un grand rôle dans le maintien des équilibres écologiques mondiaux grâce à ses forêts et ses riches faune et flore endémiques. Celles-ci font de la RDC un des 10 pays au monde avec la plus haute diversité et couvrent environ 11 % du pays sur les 15 % planifiées. C’est dans ce cadre qu’il a recommandé la sécurisation des aires protégées, notamment celles dans l’Est de la RDC, en vue de promouvoir l’éco-tourisme, créateur d’emplois et des richesses. Les prévisions des dépenses du tourisme, pour l’exercice 2019 se chiffrent à 28 979 250 777 FC, selon le cadre budgétaire à moyen terme, 2018-2020. La politique du gouvernement dans le secteur du tourisme repose sur le renforcement des capacités institutionnelles et la promotion du tourisme à travers notamment l’amélioration de la gouvernance administrative et technique, le renforcement des cadres légaux et réglementaires, le renforcement de la collaboration inter sectorielle, la promotion et le développement du tourisme, le renforcement des capacités du secteur du tourisme et la construction des infrastructures d’accueil et l’aménagement des sites touristiques. Que ces projets soient repris une fois encore dans le cadre budgétaire de trois prochaines années laisse, en effet, à penser qu’aucun n’a connu un début de commencement à ce jour. En 2018, le secteur touristique n’a atteint que 10 % de ses projections financières.

Le Cadillac de Tshombe

Cinq ans après que le tourisme a été érigé en ministère autonome, le résultat escompté se fait encore attendre : promouvoir ce secteur et le rendre davantage contributif au budget de l’État et au développement du pays comme au Kenya. Au ministère du Tourisme, l’on déplore plutôt la suppression de la redevance sur les nuitées, repas et boissons pour les catégories 0 à 1 étoile ainsi que de 0 à 1 fourchette à travers l’ordonnance-loi n°18/003 du 13 mars 2018. Ladite ordonnance a également supprimé l’acte générateur de recettes sur l’homologation des sites touristiques. 

Par ailleurs, le Fonds de promotion du tourisme a réalisé 3 129 005 dollars en 2018, contre 451 778,31 dollars en 2017. Les recettes du fonds représentent, en effet, 593 % des assignations 2018. Le FPT se félicite de la mise en application de la nouvelle loi portant principes fondamentaux relatifs au tourisme, de la mise en place du nouveau cadre organique de l’administration du tourisme et de l’Office national du tourisme. Mais à Lubumbashi, le chef-lieu du Haut-Katanga, certains privés ont de grandes idées novatrices. D’aucuns mûriraient l’ambitieux projet de ramener les restes du leader provincial et ancien sécessionniste, Moïse Tchombe d’Algérie et lui construire un somptueux mausolée. Même le retour du célèbre Cadillac du 1ER Ministre à l’ex-Elisabethville est en projet. Il paraît que ce véhicule se retrouverait encore dans les locaux secondaires des Travaux publics (TP) vers la 1ère Rue/Limete-Funa. Celui de Patrice Emery Lumumba est resté sur la rive gauche de la rivière Sankuru, dans le village de Lodi, depuis le 2 décembre 1960, quand le tout premier 1ER Ministre de la RDC a été arrêté dans son escapade ratée pour Kisangani (Stanleyville). 

À Lubumbashi, l’on compte également réhabiliter la villa où Lumumba a subi des supplices auprès de ses tortionnaires belges à Shilatembo, un village situé à près de 50 km de Lubumbashi, dans le territoire de Kambove. Déjà, la Société nationale d’électricité (SNEL) s’est engagée à réhabiliter la centrale photovoltaïque de Shilatembo. Fin septembre 2017, à la faveur des assises des maires des villes d’Afrique subsaharienne et à la convention des maires pour le climat et l’énergie (COM-SSA 2030) qui se sont tenues à Lubumbashi avec l’appui de l’Union européenne (UE), la SNEL SA a, en effet, convié les minings de la région à financer les travaux de la centrale photovoltaïque de Shilatembo.