Quel rôle pour les médias dans la lutte contre l’exploitation illégale ?

 Les journalistes qui ont pris part à l’atelier sur l’implication des médias dans la promotion de la paix et dans la lutte contre l’exploitation illégale des minerais en RDC et dans les Grands lacs, ont répondu positivement à l’appel du MNC-CIRGL à se constituer en un réseau efficace d’accompagnement de l’IRRN.

 

Une soixantaine de participants dont la plupart des journalistes représentant des médias audiovisuels et en ligne ainsi que de la presse écrite venus du pays ont pris part, du 1er au 3 mars, à un atelier de renforcement des capacités des membres du Réseau de journalistes affiliés au Mécanisme national de coordination de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) en République démocratique du Congo. Dans sa présentation des objectifs de cette rencontre des trois jours dont le thème a été : « L’implication des médias dans la promotion de la paix et dans lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC et dans la région des Grands lacs », le coordonnateur national de la CIRGL, Aimé Kakese Vinalu, a fait d’abord un rappel de l’historique de la création de cette conférence qui veut une plateforme permanente d’échanges et de prévention entre chefs d’État et de gouvernement de la région, des enjeux et des perspectives dans la mise en œuvre du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands lacs et de l’Initiative régionale sur les ressources naturelles (IRRN) ainsi que des six outils de sa mise en œuvre.

Implication des réseaux mafieux

Malgré les efforts menés pour endiguer les « crises cycliques et multiformes » dans cette région, a-t-il souligné, il est prouvé que leur persistance jusqu’à ce jour, est plus liée à « l’implication des réseaux nationaux et transnationaux, armés et non armés dans l’exploitation illégale des ressources naturelles ». Comme il l’a dit, « ces réseaux sont ainsi actifs dans les activités de fraude et de contrebande minière avec les pays voisins ». C’est ainsi que, a-t-il poursuivi, le Mécanisme national de coordination de la (MNC-CIRGL) en RDC a senti la nécessité de s’impliquer dans la lutte contre l’exploitation illégale et le commerce illicite des ressources naturelles, l’intégration du genre dans le secteur minier, le respect des droits de l’homme et de l’environnement en relation directe ou indirecte avec l’exploitation des ressources naturelles.

Pour ce faire, le MNC- CIRGL/RDC mène des actions visant la traçabilité et la certification des ressources naturelles en se basant sur les six outils de l’IRRN adoptés par les chefs d’État et de gouvernement de la CIRGL à Lusaka en Zambie le 15 décembre 2010. D’après lui, puisque la mise en œuvre de ces outils de l’IRRN exige à la fois la mobilisation des énergies, la sensibilisation des communautés et la vulgarisation des textes légaux y afférents, les médias s’imposent donc comme des « partenaires incontournables » dans la résolution des conflits, la promotion de la paix et dans la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, la fraude et la contrebande minière dans la région des Grands lacs en général et en RDC en particulier.

C’est pourquoi, le MNC-CIRGL/RDC appuyé par ses partenaires traditionnels (Union européenne et GIZ) organise depuis 2014 des activités visant l’implication effective des médias nationaux dans la mise en œuvre des protocoles du Pacte de la CIRGL sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands lacs, notamment ceux relatifs à la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles et à la gestion de l’information et de la communication en RDC.

Le Réseau de médias sur l’IRRN

D’où, d’ailleurs, l’initiative de la mise en place d’un réseau local de professionnels des médias sur l’IRRN afin d’accompagner efficacement le MNC-CIRGL/RDC dans la mise en œuvre de ce Pacte régional. En février 2015, par exemple, cette structure avait organisé un atelier en vue de la mise en place de ce réseau. Et il s’en est suivi une série d’activités, notamment l’élaboration des statuts et du règlement intérieur du réseau ainsi que la production d’un magazine sur l’IRRN. Cependant, le réseau limité aux médias de Kinshasa n’a pas permis au MNC-CIRGL/RDC d’informer l’opinion sur ses activités à travers tout le pays.

C’est pourquoi, a déclaré Aimé Kakese, il était impérieux d’étendre le réseau dans les provinces, surtout celles qui sont concernées par les 3 T et l’or pour une « implication active ». C’est la justification de l’atelier national du Réseau de journalistes sur la promotion de la paix et la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles que le MNC-CIRGL/RDC a organisé à Kinshasa du 21au 23 février avec l’appui financier de l’UE à travers la COFED. En tout cas, a indiqué son délégué, l’Union européenne se félicite de la coopération des États membres de la CIRGL et de son secrétariat dans la mise en œuvre du protocole sur l’exploitation illégale des ressources naturelles. L’UE est engagée à « faire avancer la transparence » en matière d’exploitation des ressources naturelles.

Les objectifs de cet atelier 

La rencontre du Cercle Elaïs a été organisée dans le but de permettre aux journalistes de constituer en un réseau national pour relayer l’information à travers le pays. Pour cela, il faut renforcer les capacités des professionnels des médias affiliés au MNC-CIRGL/ RDC pour une meilleure participation à la lutte contre la fraude et la contrebande minière dans les provinces et contre l’exploitation illégale et le commerce illicite de 3 T et de l’or qui demeurent un fléau.

Il va de soi que le réseau est appelé à promouvoir la mise en œuvre du Pacte de la CIRGL et son protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles. C’est ainsi que le Réseau de journalistes spécialisés en IRRN s’étend désormais aux provinces de Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Tshopo, Ituri, Haut-Uele, Bas-Uele, Kongo-Central et Tanganyika, lesquels sont directement concernées par les 3T et l’or.

Des relais ou points focaux dans les provinces ont été désignés. Les professionnels des médias, membres du réseau, ont donc désormais pour rôle de vulgariser et d’informer l’opinion sur la mise en œuvre de l’IRRN et de ses six outils en vue de leur appropriation effective par la population.

Au cours des débats, on s’est interrogé sur le rôle que les médias ou les journalistes doivent-ils jouer dans la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles. Si l’on veut que le journaliste qui est souvent considéré comme un « témoin gênant », un « empêcheur qui tourne en rond », joue pleinement le rôle de « lanceur d’alerte » selon le coordonnateur national de la CIRGL, contribue positivement à la lutte contre l’exploitation illégale et le commerce illicite, il faut commencer par le protéger, physiquement et juridique, pense Tshivis Tshivuadi de Journaliste en danger JED, car son travail est un métier à risque dans ce contexte, a expliqué le président de l’Union de la presse du Congo (UNPC), Kasonga Tshilunde.