RDC : des faibles progrès dans la lutte contre la sous-alimentation

En 2013, 38 pays ont atteint les performances du premier OMD (Objectif du millénaire pour le développement) pour réduire de moitié la proportion de personnes sous-alimentées. En dépit de la croissance macro-économique accélérée, la République démocratique du Congo ne figure pas sur la liste allongée en 2014. 

Un champs agricole en RDC. (Photo BEF)
Un champs agricole en RDC. (Photo BEF)

De 1990 à 2015, les gouvernements de différents pays honorent leur engagement d’éradiquer la faim au niveau mondial. Les efforts de la Chine et du Maroc sont salués par le Fons mondial pour l’alimentation et l’agriculture lors de la conférence tenue le 16 juin dernier. La Chine a réussi à réduire la prévalence de la sous-alimentation de 22,9% en 1992 à 11,4% en 2013. Soit de 272,1 millions de personnes en 1992 à 158 millions en 2013 pour les personnes souffrant de la faim de manière chronique. Quant au Maroc, pays africain, les tendances sont passées de 6,7% en 1992 à moins de 5% en 2013 soit de 1,7 millions d’individus (1992) à 1,6 millions (2013). 

En République démocratique du Congo par contre, près de 63% de la population vivent en deçà du seuil de la pauvreté. Le porte-parole de l’équipe-pays des Nations unies en RDC, Geneviève Delonois, l’a de nouveau révélé le mercredi 9 juillet dernier lors de l’évaluation de la deuxième revue annuelle du Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté de deuxième génération (DSCRP II). D’après ce document, le taux de mortalité maternelle et infantile reste très élevé, le climat des affaires décourage les investisseurs du secteur privé. Ces paramètres montrent que les fruits de la croissance ne sont pas encore perçus par les populations congolaises, en dépit des résultats encourageants en 2013 dans le secteur de l’éducation.

La malnutrition pointée du doigt

C’est un véritable fléau qui touche plus de 5,8 millions d’enfants en Rdc. Selon les statistiques livrées ces dernières années par les organismes internationaux et nationaux (Ocha, Unicef, Fao, Pam et Pronanut), le diagnostic de la situation nutritionnelle reste critique et caractérisée par la prévalence élevée des états de sous-nutrition et l’émergence des maladies chroniques liées à la surnutrition et aux modes de vie déplorables. En malnutrition aiguë et chronique, plus de 4 millions d’enfants sont affectés en 2001 contre 7 millions en 2010. Selon un rapport de Pam, le quart d’enfants en RDC sont trop maigres et plus de 70% souffrent de carence en fer. D’où l’excès de la mortalité, la faible performance scolaire et la baisse de la productivité dans le pays. Difficile avec ces paramètres d’atteindre certains objectifs du millénaire (Omd 2015 et Ams 2012) sans le renforcement de la prise en compte de la nutrition au niveau multisectorielle (santé, éducation, genre, secteur privé et société civile…) suivi d’un plan stratégique budgétisé.

Investir dans la nutrition

Le gouvernement a toujours pris l’engagement de faire de la nutrition une priorité pour accélérer le développement socio-économique. Résultat toujours invisible sur terrain. Or, investir dans la nutrition garantit un capital humain productif pour le développement du pays. C’est dans cette optique que le ministère congolais de la Santé à travers son programme national de nutrition (Pronanut) a lancé le plan nutrition 2011 – 2015 avec but d’améliorer la santé de la population congolaise dans le contexte de lutte contre la pauvreté. Il s’agit plus d’assurer des soins de santé primaire de qualité en particulier aux enfants, aux femmes, y compris les personnes vivant avec le VIH. Aussi de réguler des domaines stratégiques autour des objectifs 2015 à atteindre notamment l’allaitement maternel (57% en 2015), la réduction à moins de 5% de la malnutrition aigue chez les enfants de moins de cinq ans, à moins de 10% chez les femmes, à moins de 20% la prévalence de la carence en vitamine A et des anémies nutritionnelles, ainsi qu’à moins de 95% la consommation du sel iodé dans le ménages.

Le plan dénote l’inadéquation entre la qualité de la consommation alimentaire et le niveau de malnutrition. En dépit de l’inexistence des données quantifiables dans le pays, le rapport indique que dans la plupart des ménages, la population consomme souvent les aliments de faible valeur nutritionnelle. Même s’ils disposent des aliments de haute valeur nutritionnelle comme la viande ou le poisson, ils les vendent pour obtenir de l’argent afin d’acquérir les biens non alimentaires. L’étude à ce sujet note que 77% des ménages de Kinshasa consomment moins de 1800 Kcal par personne et par jour au détriment de la moyenne de 2300 Kcal recommandée pour un homme adulte exerçant une activité modérée. Les ménages sont confrontés à la crise financière, leur sécurité alimentaire reste très précaire. De nombreuses personnes vivent au jour le jour, sans réserves alimentaires. Selon les experts en nutrition, les actions essentielles en nutrition sont exécutées avec l’appui des partenaires dans les domaines de la prévention, du traitement et de la promotion pour lutter contre les problèmes nutritionnels majeurs en RDC.

Pour une meilleure alimentation

La réunion technique tenue en septembre 2013 pour préparer la 2ème Conférence internationale sur la nutrition (CIN-2) prévue en 2014 au siège de la FAO, à Rome a plutôt misé sur la contribution du secteur privé et de la société civile à une meilleure nutrition. Améliorer le régime alimentaire et la nutrition, en particulier dans les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables, reste un défi mondial. Produire assez d’aliments sur le plan de la quantité et de la qualité en termes de variété, de diversité, de sûreté et de contenu en nutriments, pour une population qui dépassera les 9 milliards de personnes en 2050, est l’objectif principal à atteindre.