RDC : septième expérience du virus Ebola

Cette épidémie, la plus importante et la plus sévère depuis sa découverte, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a encore été signalée au pays, cette fois-ci à Djera, à Boende, dans la province de l’Equateur. Pour la contenir, le gouvernement devra mettre en place des stratégies efficaces et disponibiliser des moyens financiers conséquents. 

Le virus d’Ebola a été découverte en RDC, pour la première fois, en 1976.
Le virus d’Ebola a été découverte en RDC, pour la première fois, en 1976.

Les analyses faites par l’Institut national de recherches biomédicales (INRB) attestent deux cas d’Ebola, sur les huit prélèvements ramenés de l’aire de santé de Djera, à Boende, dans la province de l’Equateur, où une « fièvre hémorragique d’origine indéterminée » a déjà fait treize morts. Cette zone se trouve à 25 kilomètres de Boende-centre, soit à plus de 600 Km de Mbandaka, la capitale provinciale, et à plus de 1200 Km de Kinshasa. Le ministre de la Santé publique, Félix Kabange, a confirmé cette découverte, dimanche 24 août à Kinshasa, à l’issue d’une réunion de crise tenue par le gouvernement congolais. « Le constat sur le terrain indique que la maladie a déjà tué treize personnes, dont cinq agents de santé. Onze personnes malades sont en isolement et plus de quatre-vingt contacts ont été identifiés et suivis par une équipe spécialisée », a-t-il déclaré.

Il a, toutefois, déclaré que cette épidémie, découverte pour la première fois en 1976, en RDC, à Yambuku, dans la même province de l’Equateur, n’a aucun lien avec celle qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest. Le virus serait parti de la femme d’un chasseur de viande de brousse décédée le 11 août, après que le mari est parti chasser du singe. Elle aurait, ensuite, contaminé son médecin, puis son époux, dont les prélèvements ont permis d’identifier le virus, selon le ministre.  Avec ce nouveau cas, la RDC vient d’être frappée, pour la septième fois, par ce virus. Selon Félix Kabange, l’expérience acquise lors des six précédentes épidémies, sera capitalisée pour contenir la maladie. Parmi les mesures préventives prises arrêtées pour arrêter la propagation de l’épidémie, il y a : la mise en quarantaine du secteur de Djera, l’installation d’un centre de traitement et d’un laboratoire mobile à Lokolia, épicentre de l’épidémie, la dotation de tous les ports et aéroports de l’Equateur en thermomètres laser, l’interdiction des activités de chasse sur toute l’étendue du district de la Tshwapa, la mise en place d’une zone de quarantaine très vaste, d’un rayon de 100 km2. « La zone d’Ebola est limitée. Il n’y a pas d’Ebola à Kinshasa ni à Mbandaka », rassure le ministre. Pour contenir cette épidémie, le gouvernement devra mettre en place des stratégies sanitaires efficaces et rendre disponibles des moyens financiers conséquents.

Le virus le plus meurtrier de  l’humanité

L’expérience acquise lors des six précédentes épidémies, sera mise à contribution pour contenir la maladie 

Félix Kabange

Repéré pour la première fois en 1976, Ebola a l’habitude d’apparaître puis de disparaître à intervalles irréguliers. Pourtant, cette fois-ci, ce virus particulièrement agressif, a gagné du terrain en Afrique de l’Ouest et suscite des inquiétudes à travers le monde. Il est sorti des villages pour gagner les grandes villes et a fait déjà plus de 1 350 morts, depuis le mois de janvier, au Libéria, en Serra Léone et en Guinée. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « il s’agit de l’épidémie la plus importante et la plus sévère depuis sa découverte ». Ebola appartient à la famille des filovirus.
Depuis sa découverte, cinq souches différentes ont été identifiées : Zaïre, Soudan, Bundibugyo, Reston, Forêt de Taï. Avec un taux de mortalité avoisinant les 90%, les trois premières souches font des ravages. Les symptômes sont saisissants : forte fièvre, fatigue, hémorragies internes et externes, vomissements et diarrhées souvent accompagnés de sang. « Alors que la grippe se transmet par voie respiratoire, le virus Ebola se transmet par contact avec les fluides biologiques d’un malade. Il peut s’agir soit d’un contact direct avec le sang, les vomissures et diarrhées, -mais aussi la salive, le sperme et même la sueur d’un malade-, soit d’un contact indirect, avec par exemple une seringue mal stérilisée, de la salive projetée sur une surface après avoir éternué, postillonné,… », indique un microbiologiste.

Voies de contaminationn

Selon ce spécialiste, toutes les muqueuses et les petites blessures sont des voies d’entrée privilégiées du virus. Il faut donc se laver et se désinfecter fréquemment les mains, car après avoir touché un environnement contaminé, il est facile de porter la main à la bouche ou aux yeux. Pour l’instant, il n’existe pas de traitement contre la fièvre hémorragique à virus Ebola. L’accent est mis, d’abord, et avant tout, sur les mesures de prévention, sur l’isolement des personnes éventuellement concernées par la maladie et sur la protection des personnels soignants.

Des morts plus dangereux que des vivants

En Afrique, des familles échappent parfois aux consignes sanitaires ou ne les suivent pas. Certaines cachent des malades ou elles se méfient du personnel soignant. Récemment, au Nigeria, une infirmière infectée a bravé les interdictions en vigueur et retournait dans son village d’origine. Les proches des malades ont beaucoup de mal à comprendre que, l’un des moments les plus délicats concerne l’accompagnement des morts.
« Si un malade devient contagieux seulement à l’apparition des symptômes (entre 3 et 21 jours après l’infection), c’est au moment du décès que la charge virale est la plus forte. Toutes les sécrétions sont alors extrêmement contagieuses et il faut redoubler de vigilance. En d’autres termes, ne toucher le défunt sous aucun prétexte et laisser les spécialistes s’occuper de sa sépulture », indique un médecin. Il poursuit qu’en plus de la transmission interhumaine, il faut éviter absolument de toucher les animaux de brousse qui peuvent être des vecteurs de la maladie.

 

INFO BOX

  • Le nom « Ebola » fait référence à une rivière située à 100 km au nord de Yambuku, le point de départ de l’épidémie.
  • En 1976 à, sur les 318 personnes diagnostiquées comme étant porteuses du virus, 90 % sont morts.